Les Algériennes pendant le Ramadhan : entre galère et zenitude !

Les Algériennes pendant le Ramadhan : entre galère et zenitude !

Qu’elle soit active ou sans emploi, la femme algérienne est toute l’année engagée dans une véritable course contre la montre. Pendant le Ramadhan, le rythme est encore plus soutenu.

Compétentes et performantes dans leur milieu professionnel, les Algériennes sont également de bonnes femmes d’intérieur. Qu’elles soient instruites ou qu’elles aient un niveau tout juste moyen, elles restent des fées du logis, ne négligeant ni maison, ni enfants, ni…cuisine, surtout durant le mois sacré du Ramadhan où elles redoublent d’ingéniosité pour garnir la meïda de divers petits plats alléchants.

Nombreuses sont celles qui appréhendent de ce fait l’arrivée du mois sacré sachant les longues et dures journées en perspective. Cependant, cette crainte s’atténue voire s’estompe au bout de quelques jours, lorsque chacune parvient à mettre en place son propre rythme et son mode de fonctionnement.

Tout est question d’organisation

L’organisation est, en effet, le maître mot durant le mois sacré. Chacune a sa façon de planifier son emploi du temps car il est inconcevable de se réveiller le matin -d’un mois de jeûne- sans avoir en tête les grandes lignes des tâches que l’on doit se répartir pour tout le long de la journée.

Pour Nadéra, secrétaire dans une boîte privée, plus que tous les autres jours, elle a l’impression de vivre deux journées en une en ce mois sacré. « Dès le matin, je suis au taquet. Vu que je travaille et que je ne suis pas en congé, je me réveille le matin et dans ma tête, c’est une interminable journée qui m’attend ». Même son de cloche chez Sabrina, ingénieur dans une société nationale. « Je ne suis pas mariée mais je vis avec ma mère qui est âgée et malade donc je m’occupe de tout à la maison : le ménage, les courses, le repas, ma mère bien-sûr, et mes deux frères, adultes, célibataires et fainéants. Des fois, tout arrive simplement, c’est le bonheur. Je suis en forme et tout roule.

D’autres fois, lorsque j’ai un souci au travail, que je galère dans les embouteillages, ou que ma mère est malade -elle est hypertendue et diabétique-, alors là, je stresse et je sors de mon assiette. Mais dans la plupart des cas, je fais tout pour rester zen et pour cela, je m’organise au mieux. Comme je veille jusqu’à 1h du matin au moins, je fais généralement mon ménage avant de dormir. Comme ça, quand je rentre du travail, je m’occupe uniquement du ftour. Là aussi, j’essaye de faire dans le pratique, en préparant une chorba pour deux voire trois jours et je réchauffe à chaque fois juste la quantité nécessaire. Je fais des boureks en quantité que je congèle dans des boîtes et d’autres petites choses comme ça. Cela me fait gagner un temps précieux ».

Karima, de son côté, jongle entre la nourrice où elle laisse les enfants avant d’aller au travail, le marché, le ftour, le ménage et les longues soirées car elle aime sortir durant les veillées ramadhanesques. Ce petit de bout de femme dynamique avoue cependant qu’elle prend toujours son congé durant la dernière semaine du Ramadhan pour préparer ses gâteaux, nettoyer la maison et souffler enfin « le rythme du Ramadhan m’achève (rires) ».

Souad, elle, ne travaille pas mais elle s’occupe d’une famille nombreuse : les beaux parents, le mari, les enfants. « Pas évident, je n’ai personne pour m’aider, je fais tout toute seule. Le matin, je me lève tôt, je range la maison, je me rends ensuite au marché pour faire mes emplettes. De retour à la maison, je poursuis mon ménage, en lavant le linge, en faisant le parterre, etc. Vers les coups de 15h, je me lance dans la préparation du repas. Je préfère m’y prendre tôt, et cuisiner à l’aise plutôt que de me retrouver bousculée par le temps. Comme en plus je dois faire mon pain à la maison (galette et matlou3), je suis obligée de m’organiser en fonction de cela. Disons, qu’étant à la maison, j’ai pu me préparer pour ce mois sacré bien à l’avance, en congelant des petits pois, des fonds d’artichaut, des poivrons, des tomates,… J’ai aussi fait pas mal de conserves, cela m’aide dans la préparation du repas ».

Lynda, elle, met à contribution ses enfants. « Ils sont en vacances, je ne vois pas pourquoi, je ne les solliciterais pas. Chez moi, tout le monde travaille. Durant le Ramadhan, je ne pose ni ne débarrasse jamais la table, je ne fais pas la vaisselle, ce sont les enfants qui s’en occupent, y compris les garçons. Même mon mari met des fois les mains à la pâte, en préparant des salades, en épluchant des légumes,… Et le soir, c’est lui qui prépare le thé à la menthe. Honnêtement, il le fait comme personne ».

Karima B.