Les Algériennes entre traditions et modernité

Les Algériennes entre traditions et modernité

rve_400_265.jpgL’Algérie a bien changé depuis l’Indépendance. 50 ans déjà et tellement de bouleversements dans nos mœurs et nos mentalités!

Les Algériennes ont su conquérir grâce à leur travail et à leur courage des droits et une place centrale dans la société d’aujourd’hui.

Elles sont toujours plus nombreuses à étudier, à travailler, à conduire, à voyager, à écrire, à découvrir…

Pourtant notre société reste très traditionnaliste : la famille, à sa tête les parents, reste la référence, le point d’ancrage incontournable pour l’individu. Certains y voient une attache indispensable, d’autres y voient parfois un frein.

En effet les familles ont parfois du mal à laisser leurs filles étudier, aller à la fac, et encore plus si elles ont la chance de pouvoir aller terminer leur cursus à l’étranger. La peur de ce que vont dire la famille, les voisins les empêche de les laisser s’accomplir complètement dans leurs études.

Celles qui ont la chance de réussir professionnellement se heurtent aux tabous, aux non- dits d’une société qui est encore par de trop nombreux aspects archaïque.

Saida, 36 ans, Ingénieure, nous raconte : « Quand j’ai fini mes études, j’ai mis presque un an à trouver un travail. Mes parents commençaient à se demander s’ils n’avaient pas eu tort de me laisser finir mes études au lieu de me marier. J’avais alors déjà 25 ans. Heureusement j’ai fini par trouver un poste au sein d’un bureau d’études et ils ont repris confiance ; je gagnais bien ma vie. Mais côté mariage, c’était toujours au point mort, et j’approchais allègrement de la trentaine. Mes parents craignaient pour mon avenir alors que je gagnais presque 70 000 DA par mois, un comble ! Je les aidai pour toutes les dépenses du foyer, mais même ainsi j’étais considérée comme un fardeau, parce que je n’étais pas encore « à l’abri », je n’étais pas mariée. Je souffrais beaucoup de cette situation. Les voisins disaient à mon père : « tu n’aurais pas du la laisser étudier aussi longtemps, elle est vieille maintenant ». Vieille à trente ans, vous vous rendez compte !

La vie a suivi son cours et je suis mariée depuis deux ans ; mes parents sont enfin satisfaits mais je garde un goût amer de ces années où malgré l’amour et l’aide que je leur apportais, j’étais toujours « la pauvre fille », la « vieille fille ». J’entends encore le soupir de soulagement de mes tantes quand la famille de mon mari est venue demander ma main, et ce souvenir me fait toujours autant de peine ».

Le cas de Saida est symptomatique de ce que de très nombreuses femmes vivent actuellement dans notre pays. Un mépris social malgré la réussite professionnelle, le mariage comme seul mode de promotion pour les femmes.

Dans l’Algérie d’aujourd’hui, mieux vaut être analphabète et mariée à 17 ans que cadre et toujours célibataire à trente ans.

C’est un choix de société, qui nous incombe, que nous avons fait au regard de nos traditions et de nos valeurs qui glorifient la famille. Mais ne peut- il y avoir une autre voie, d’autre façon d’imaginer, de rêver la réussite pour une femme ?

Sonya