Les travailleurs communaux reviennent à la charge. Après une accalmie qui a duré un mois, le Conseil national du secteur des communes (CNSC), affilié au Snapap, compte déclencher une grève de cinq jours, et ce, à partir de demain.
Cette énième action de protestation sera appuyée par un rassemblement des travailleurs communaux devant la chefferie du gouvernement. Le sit-in aura lieu le 14 avril, soit le dernier jour du débrayage.
Les 500 000 fonctionnaires qui exercent dans les communes restent mobilisés autour de leur plate-forme de revendications. Après la grève du mois de février dernier, ces derniers attendent que leurs revendications soient prises en charge. Contacté, le président de cette entité syndicale, Ali Yahia, affirme qu’aucun appel au dialogue n’a été lancé par le ministre de l’Intérieur aux travailleurs. «Aucune suite n’a été donnée à nos revendications», déplore-t-il. La décision de la grève a été prise il y a 15 jours, lors d’une réunion tenue à la maison des syndicats à Alger. «Nous dénonçons le silence incompréhensible des pouvoirs publics. Le mépris affiché par eux nous pousse à radicaliser notre mouvement de protestation», ajoute notre interlocuteur, qui souligne q’une «grève illimitée n’est pas à écarter». «La situation socioprofessionnelle des communaux est insupportable. Beaucoup d’entre eux touchent des salaires de misère et n’arrivent pas à arrondir leurs fins de mois», ajoute-t-il. Ils déplorent le fait que «depuis 2008, aucun projet de statut particulier propre aux travailleurs communaux n’a été mis en place par les responsables concernés, et ce, en dépit des multiples promesses formulées par la tutelle».
Et Ali Yahia de regretter : «Le ministère de l’Intérieur nous a déjà promis de promulguer le statut particulier en septembre 2010, puis à la fin du 1er semestre de l’année en cours.» Le responsable ajoute : «Tous les secteurs associent les syndicats dans les négociations autour des valorisations salariales et sur le statut particulier.
Notre syndicat n’a jamais été consulté ou invité à négocier un quelconque projet.» D’après lui, «les travailleurs communaux ne peuvent plus continuer à travailler dans des conditions déplorables et avec des salaires aussi bas». Cherté de la vie, précarité de l’emploi, dégradation des conditions de travail sont, entre autres, les véritables raisons justifiant le ras-le-bol des travailleurs communaux. Considérant que leurs revendications sont ignorées par les pouvoirs publics, ils se sentent tout bonnement «marginalisés», voire «exclus», de toutes les augmentations salariales qui ont touché le secteur des collectivités locales. Le dernier corps relevant du même secteur à avoir bénéficié d’une revalorisation des salaires est celui des gardes communaux. Ces derniers ont eu gain de cause, après avoir observé plusieurs protestations et rassemblements à travers le pays. Une situation que dénonce ce syndicat avec force. Les travailleurs communaux ont fait avancer, à travers leur mouvement, toute une série de revendications. Ils réclament, entre autres : la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne, l’intégration des contractuels en poste, la promulgation du projet du statut particulier des travailleurs communaux et le régime indemnitaire, ainsi que la révision de la classification catégorielle des travailleurs communaux.
Il convient de noter, dans cette optique, que sur les 500 000 travailleurs communaux – qu’ils soient éboueurs, préposés au guichet, employés dans les bureaux – des 1 541 communes du pays, plus de 20% des effectifs sont contractuels. Ces derniers sont recrutés dans le cadre du filet social avec un salaire de 3 000 DA par mois, alors qu’ils bouclent leurs huit heures de travail ! Le syndicat revendique également l’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90/11 qui empêche l’augmentation du SNMG et le maintien du régime de la retraite sans condition d’âge.
Par Hocine Larabi