Les agences de voyages prises d’assaut par les vacanciers: Oubliée, la crise…

Les agences de voyages prises d’assaut par les vacanciers: Oubliée, la crise…

Les vacances ne semblent pas être touchées par la crise, puisque les agences de voyages pour les billets d’avion concernant les destinations les plus prisées par les Algériens, affichent déjà complet… Petit tour d’horizon.

Les vacances sont là! Après un Ramadhan difficile pour les corps et les esprits, les Algériens s’apprêtent à aller en congé. D’ailleurs, les destinations privilégiées des vacanciers, à savoir, Tunisie, Turquie, Espagne, France, Maroc et Egypte… affichent déjà presque toutes complet pour le mois de juillet. C’est ce que nous révèle Nacera Moumen, directrice de l’agence Voyage du Coeur à Télemly (Alger-Centre). Cette ancienne cadre de l’Office national du tourisme assure que depuis la dernière semaine du Ramadhan un rush a été constaté au niveau des agences de voyages du pays. «Il s’est poursuivi au lendemain de l’Aïd», a-t-elle noté. «On n’arrive pas à satisfaire les nombreuses demandes de nos clients», témoigne-t-elle, en faisant surtout référence aux billets d’avion.

Avant de poursuivre que «les retardataires n’ont pas trouvé de place, car beaucoup de vacanciers ont été prudents et ont réservé à l’avance». Pour ce qui est des destinations phares du moment, Nacéra assure que l’on retrouve les mêmes que chaque année: Tunisie, Turquie, Espagne, France, Maroc et Egypte… «C’est la Tunisie qui se taille la part du lion des destinations des touristes algériens», révèle-t-elle. «Elle est de loin la destination la plus demandée à cause de ses prix attractifs et surtout son accessibilité par voie terrestre», rappelle-t-elle en précisant que les prix sont des plus attractifs avec des séjours qui débutent à partir de 20.000 DA la semaine en demi-pension. «Les voyagistes proposent même des séjours de 10 jours en All-inclusive à 45.000 DA», poursuit-elle.

Un autre voyagiste nous confie que la destination Tunisie est revenue en force cette année, grâce à un nouveau produit qui est proposé, en l’occurrence l’Ile de Djerba. «C’est une destination qui n’est pas très connue par les Algériens, cela change de Hammamet et Sousse et les hôteliers de Djerba ont cassé les prix. Donc beaucoup ont choisi cette île paradisiaque qui peut être accessible, tenez-vous bien à partir de 30.000 DA la semaine!», assure ce propriétaire d’agence qui a requis l’anonymat.

Djerba donne un nouveau souffle à la Tunisie

Tout comme Nacéra, ce spécialiste du voyage met en avant le fait que la Turquie reste une destination privilégiée malgré les prix qui sont plus ou moins élevés. «Il est vrai que la Turquie est un pays magnifique, ses infrastructures le sont tout autant. Ce n’est toutefois, pas la seule raison», assure-t-il. «Les films turcs et notamment la série Harim El Soltane ont une incidence directe sur les destinations touristiques. Avant, c’était les films égyptiens, maintenant ce sont les films turcs. Les familles, particulièrement les femmes, veulent voir si ce qu’elles voient dans les films, reflète la réalité», certifie-t-il en mettant aussi en avant l’offensive des voyagistes turcs, qui travaillent en collaboration avec la compagnie aérienne nationale, la Turkey Airlines. «Cette année, ils ont proposé un vol direct vers la station balnéaire de Antalaya, en plus des vols combinés Istanbul-Antalya qui existaient déjà», indique-t-il.

Le prix du rêve turc ne refroidit donc pas les Algériens Selon les deux spécialistes du tourisme, une autre destination est en train de faire son nid, il s’agit de l’Espagne. «Ses prix sont très attractifs et attirent de plus en plus de clients», font-ils savoir. Seul bémol, il faut disposer d’un visa Schengen pour pouvoir y aller. «Sans le visa, elle concurrencerait largement la Turquie car étant beaucoup moins chère», avouent les deux responsables «Le prix de l’hébergement en Espagne est comparable à celui de la Tunisie. Cela sans parler des prix de la nourriture qui est très abordable.

Tout comme les billets d’avion qui commencent à partir de 23.000 DA pour diverses villes du pays de Juan Carlos», explique Nacara en donnant pour exemple un séjour d’une semaine avec billet d’avion compris à Alicante au prix de 70.000 DA. «En plus, c’est l’Espagne, un pays européen avec toute sa beauté et ses endroits où se promener, se reposer ou aller faire la fête», rétorque-t-elle en profitant pour taper sur les responsables consulaires du pays, qui selon elle «refusent de recevoir les voyagistes pour fixer des rendez-vous pour des demandes de visas». «Pourtant, c’est leur pays qui est en train de perdre des touristes potentiels…», dénonce-t-elle.

Turcs et Egyptiens à l’offensive…

L’Egypte revient également à la mode, notamment Charm el Cheikh. «Il faut dire que l’offensive menée par les Egyptiens pour récupérer les touristes algériens, perdue depuis la fameuse crise de 2010, y est pour beaucoup. Une véritable opération de charme a été menée en cassant les prix en deux», témoigne Farid, un autre agent de voyages de la capitale. Il rappelle que des packs de 10 jours pour Charm el Cheikh, billets d’avions-hôtels en demi-pension, sont proposés à partir de 80.000 DA, avec en prime une journée à Alexandrie pour visiter les Pyramides «alors que le même voyage ne pouvait être accessible à moins de 100.000 DA», soutient-il.

Le Maroc, pour sa part reste une valeur sûre, «mais la fermeture des frontières, les prix excessifs des séjours et des billets d’avion et le peu de vols qui desservent cette destination font qu’elle soit vite saturée», expliquent-ils. Ce qui fait que le Maroc reste une destination de privilégiés. Les atouts du Maroc sont une qualité de service irréprochable, en plus du luxe de ses hôtels. La proximité et la langue sont des atouts qui font la force de cette destination ajoutée au doux soleil. Les jeunes eux sont en train de prendre d’assaut le nouvel Ibiza de l’Europe…la Croatie. Aujourd’hui, la nouvelle destination branchée des fêtards et des noctambules du monde entier est la Croatie.

«Les jeunes noctambules algériens ne sont pas en reste…», fait savoir Chahinez, la gérante d’une agence de voyages à l’est d’Alger. «L’une des principales raisons de ce déferlement est que le séjour dans ce pays d’Europe du Sud, membre de l’Union européenne depuis juillet dernier, est moins cher que Ibiza ou Saint-Tropez. Alors les fêtards qui ont un visa Schengen ne se font pas prier…», fait- elle savoir.

Il y a aussi des destinations exotiques qui sont proposées à la carte telles que la Thaïlande et la Malaisie. Un voyage en Thaïlande ou en Malaisie, c’est à partir de 130.000 DA, hôtel et billet d’avion compris. «Les prix baissent d’année en année pour ces deux destinations au vu du nombre d’Algériens qui sont de plus en plus nombreux à y aller. En plus, le séjour est certes onéreux, mais les activités sont des plus abordables», témoigne t-elle. Avec toutes ces destinations, reste-t-il une place pour l’Algérie? «Non, non et non», pestent tous les voyagistes rencontrés. «Les touristes nationaux boudent la destination Algérie. Que leur offrons-nous? Qu’offrons-nous aux touristes? La saleté et le manque flagrant d’infrastructures à des prix exorbitants?», s’interrogent -ils. «Un exemple, on propose un appartement en bord de mer en Algérie à partir, dans les meilleurs des cas, de 7000 DA. En Tunisie, c’est à partir de 2000 DA…», compare Chahinez. «Les autorités ont beau lancer leurs beaux discours, la réalité est là. On continue d’ «envoyer» nos devises vers l’étranger…», conclut-elle avec amertume…