Les agences de notation s’invitent à la présidentielle française La perte du triple A, une grosse tuile pour la France et Sarkozy

Les agences de notation s’invitent à la présidentielle française La perte du triple A, une grosse tuile pour la France et Sarkozy

Devant une telle situation, la France se tournera-t-elle du côté de ses anciennes colonies, comme elle l’a souvent fait en période de crise ? Tout semble indiquer que oui, si l’on considère que la dégradation de la note française était attendue et si l’on remarque les efforts récents de sa diplomatie pour réchauffer ses relations avec ses anciennes colonies.

L’agence de notation Standard and Poor’s a abaissé vendredi la note de neuf pays européens, dont celle de la France qui a ainsi perdu son triple A, épargnant toutefois l’Allemagne qui garde sa note d’excellence.

À côté de la France, l’Autriche perd aussi son triple A tandis que l’agence a abaissé de deux crans les notes déjà dégradées de l’Espagne, de l’Italie, de Chypre et du Portugal. Les notes de Malte, de la Slovaquie et de la Slovénie ont aussi été dégradées d’un cran.

La notation de tous les autres pays de la zone euro a été maintenue, mais placée sous “perspective négative”, à l’exception de l’Allemagne et de la Slovaquie. C’est donc toute la zone euro qui plonge un peu plus dans la crise, même si la Banque centrale européenne a été épargnée. Mais c’est en France que la dégradation est la plus ressentie.

D’abord parce les efforts entrepris pour réduire le déficit budgétaire devront être plus importants et plus pénibles. Ensuite parce que le pays se trouve encore plus affaibli devant l’Allemagne qui s’installe encore plus dans le rôle de leader omnipotent capable de dicter à l’Europe les directions à prendre. Enfin, parce qu’elle intervient dans un moment politique fort, à moins de 100 jours de l’élection présidentielle. Nicolas Sarkozy, président sortant et candidat à coup sûr même s’il ne l’a pas encore annoncé officiellement, pourrait en payer les frais au premier chef. La décision de l’agence de notation Standard and Poor’s n’a fait qu’aggraver une situation déjà difficile avec, à la clé, un gouffre qui s’installe entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud et le risque désormais réel de voir la zone euro voler en éclats. Devant une telle situation, la France se tournera-t-elle du côté de ses anciennes colonies, comme elle l’a souvent fait en période de crise ? Tout semble indiquer que oui, si l’on considère que la dégradation de la note française était attendue et si l’on remarque les efforts récents de sa diplomatie pour réchauffer ses relations avec ses anciennes colonies.

Alors qu’il commençait à reprendre des couleurs dans les sondages, n’étant plus distancé que de deux points par son principal adversaire, le socialiste François Hollande, la décision de Standard and Poor’s pourrait freiner net son ascension annoncée. Il faut dire que le président français a lui-même refermé le piège puisqu’il a fait de la préservation du triple A français son objectif principal, accusant ses adversaires socialistes de mettre en péril la notation d’excellence s’ils venaient à accéder au pouvoir.

Le ministre des Finances et du Budget d’abord, le Premier ministre ensuite ont tenté de relativiser la portée de la perte du triple A, mais sans convaincre, eux qui ont contribué à présenter sa préservation comme une question de vie ou de mort pour la France.

Le locataire de Matignon, François Fillon, a ainsi déclaré que la décision était attendue, mais qu’elle intervenait à contretemps. Elle ne devrait pas “être dramatisée, pas plus que sous-estimée”, a-t-il dit. S’il en est un qui veut tirer profit de la situation, c’est le candidat socialiste François Hollande.

S’exprimant depuis son tout nouveau QG de campagne, il a estimé que “c’est une politique qui a été dégradée, pas la France”. Et d’enfoncer le clou en rappelant que Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation de son gouvernement. C’est ainsi qu’avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. “Cette bataille, et je la regrette, a été perdue”, a-t-il ajouté. Dans tous les cas, la dégradation de la note française pèsera lourd sur la présidentielle, estiment tous les observateurs avertis. Si le “coup est rude”, au premier chef pour Nicolas Sarkozy, le “séisme” ébranle tous les prétendants à l’Élysée. “Nicolas Sarkozy, à peine convalescent dans les sondages, se retrouve à nouveau affaibli” mais “François Hollande doit lui aussi réviser son programme s’il veut rester crédible”, a ainsi averti un éditorialiste du Midi Libre. Avec une dette qui avoisine les 85% du PIB, un déficit budgétaire encore important et l’inéluctable entrée en récession économique, la France fait face à l’une des plus importantes crises depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

M. A. B