Les affrontements entre des manifestants et une milice armée vendredi à Tripoli, ayant fait une quarantaine de morts et plus de 400 blessés, ont repris de plus belle hier après l’arrivée de miliciens venus de Misrata pour venger leurs camarades suite à l’incendie de leur QG, la veille.
Des heurts opposaient encore, hier, des habitants de la capitale libyenne à des membres de milices armées, renforcées par des miliciens venus de Misrata pour venger leurs camarades suite à l’incendie de leur QG, la veille, selon des témoins et le gouvernement. Ces nouveaux heurts interviennent moins de 24 heures après des violences meurtrières ayant fait, selon le gouvernement, au moins 43 morts et plus de 450 blessés.
En début d’après-midi, une colonne de véhicules armés venus de Misrata, à environ 200 km à l’est de Tripoli, tentait d’avancer vers la capitale, donnant lieu à des affrontements dans la banlieue-est de la ville. D’autres colonnes avaient déjà pu entrer, tôt hier, dans la capitale par le sud de la ville, et des groupes lourdement armés de Misrata ont repris leur position dans le quartier résidentiel de Gharghour, dans le sud de la capitale, d’où leurs camarades avaient été délogés la veille au terme de violents combats. Selon un photographe de l’AFP, la route longeant la mer vers l’Est depuis le centre-ville a été fermée à la circulation, tandis que des hommes armés de Tripoli juchés sur des pick-up munis de canons anti-aériens se rassemblaient à l’entrée-est de la capitale.
Le Premier ministre, Ali Zeidan, a confirmé ces affrontements et a appelé “à la retenue et à l’arrêt des combats”. Selon lui, “la situation se compliquera davantage si d’autres groupes armés entrent dans la capitale”. “Les prochaines heures et jours seront décisifs dans l’histoire de la Libye et dans la réussite de sa révolution”, a-t-il insisté.
Le gouvernement avait appelé la veille à un cessez-le-feu entre ces groupes armés créés lors de la révolution contre Mouammar Kadhafi en 2011 et que les autorités peinent à contrôler, faute de police et d’armée professionnelles. Dans un communiqué, le Premier ministre a affirmé que “la manifestation était pacifique et a essuyé des tirs quand elle est entrée à Gharghour”, revenant sur des propos tenus plus tôt dans lesquels il expliquait que ces heurts avaient opposé “des manifestants armés à des hommes armés”.
Le président du Conseil local de Tripoli, l’équivalent de la mairie, Sadat al-Badri, soulignant que les manifestants étaient pacifiques, a affirmé que les tirs provenaient du QG de la milice. “Nous allons annoncer une grève générale et entrer dans la désobéissance civile jusqu’au départ de ces milices”, a averti M. Badri. Les imams de la ville avaient appelé dans leur prêche du vendredi les Tripolitains à manifester contre les milices, relayant des appels en ce sens du mufti, la plus haute autorité religieuse du pays, ainsi que du Conseil local.
Peu avant de défiler devant le QG de la milice, les manifestants s’étaient rassemblés sur une place du centre-ville, brandissant le drapeau national et des fanions blancs pour souligner le caractère pacifique de leur manifestation, a constaté l’AFP. “Non aux milices” ; “Oui à la police et à l’armée”, pouvait-on lire sur leurs pancartes, exprimant l’exaspération des habitants de la capitale qui ne supportent plus les exactions et l’impunité des milices. Le mufti, Sadok al-Ghariani, a appelé les manifestants à rentrer chez eux après les heurts, tandis que le ministère de la Santé a lancé un appel aux dons de sang, selon la chaîne Al-Naba.
Les Tripolitains protestent régulièrement contre la présence de factions armées. Venues d’autres localités, elles avaient participé à la libération de Tripoli du régime Kadhafi en août 2011, mais n’ont pas quitté la capitale, alors que le gouvernement peine à mettre sur pied une armée et une police. Ils accusent ces milices de s’adonner à tous les trafics, et de torturer, kidnapper et tenir des centres de détention secrets.
M. T./Agences