hardaïa sombre dans le chaos, après les 18 personnes assassinées hier à Guerrara, à 120 km au nord-est du chef-lieu de wilaya, portant le bilan macabre des deux jours d’affrontements à 23 morts.
La localité de Guerrara, a été hier, dès l’aube, le théâtre d’affrontements intercommunautaires d’une violence inouïe. Selon des sources locales, tout a commencé juste après l’Imsak (l’heure du début de l’observation du jeûne) lorsque des chaâmbis voulant venger leurs deux morts de la veille, ont ouvert les hostilités avec des mozabites.
Il n’aura pas fallu longtemps pour que les scènes d’affrontements ne se transforment en un bain de sang. À 6h du matin, quatre personnes avaient déjà rendu l’âme. “C’était carrément la guerre civile. La police et la gendarmerie qui n’ont pas quitté leur caserne, ont préféré pour un premier temps ne pas intervenir.
Ils ont eu beaucoup de blessés la veille et ils désespéraient de pouvoir faire cesser les hostilités. Les deux antagonistes ont usé d’armes à feu, notamment des fusils de chasse. Un jeune citoyen a été kidnappé et brûlé vif”, affirment nos sources qui n’excluaient pas, hier, l’instauration d’un couvre-feu. À 9h30, les affrontements ont redoublé de férocité et le sinistre bilan des victimes est passé à 12 morts. “Une peur générale s’est emparée de la population, à mesure qu’on nous annonçait des victimes. Les esprits étaient totalement figés. Beaucoup de familles ont fermé leur maison et quittent la région en attendant que les choses se calment. Certains juraient même de ne plus revenir”, témoignent nos sources. Après plusieurs heures de combats atroces, la situation était encore loin de se calmer. Aucun des deux antagonistes n’a voulu céder.
Drame humain
À 11h, la liste des victimes s’est douloureusement prolongée à 18 morts. Pendant ce temps nos sources indiquaient que d’importants renforts de la Gendarmerie nationale venaient de faire leur entrée à Guerrara, alors qu’un hélicoptère survolait la ville où la fumée de bombes lacrymogènes était visible de loin.
Une délégation composée des ministres de l’Intérieur, Mohamed Bedoui, de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, et du Travail, Mohamed El-Ghazi, venait aussi d’arriver à Ghardaïa pour s’enquérir de la situation.
Pour rappel, les violences ont repris samedi à Ghardaïa, au lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur à la tête d’une importante délégation composée du DG de la Sûreté nationale, un représentant du commandement de la Gendarmerie nationale, et des secrétaires généraux de plusieurs départements ministériels.
Les violences ont connu une escalade dans la nuit de lundi à mardi, occasionnant la mort d’un jeune de
17 ans et une personne âgée asphyxiée par le gaz lacrymogène à Guerrara. Dans la matinée de mardi, les affrontements se sont propagés à Berriane où deux autres citoyens, âgés respectivement de 30 et 40 ans, ont perdu la vie.
Une autre victime a été également déplorée dans la ville de Ghardaïa où les affrontements cessaient et reprenaient instantanément, jusqu’à hier, entre les chaâmbis du quartier Sidi Abaz et les mozabites du Ksar Mlika. En 48h, la région de Ghardaïa a enregistré 23 morts et les blessés se comptent par centaines depuis hier matin.
Nos sources assurent que l’hôpital de Ghardaïa n’arrivait plus à les contenir et que beaucoup de blessés sont dans un état grave. Certains risquent de rendre l’âme d’un moment à l’autre. Le bilan risque aussi de s’alourdir.
M. M.