Alors que les missiles Tomahawks tombent sur la Libye, les activités économiques et financières du clan Kadhafi continuent normalement en Afrique et au monde entier.
Une éventuelle chute du régime Kadhafi entrainerait des préjud ices financiers dans plusieurs pays africains. Si l’argent est le nerf de la guerre, Kadhafi en a à foison.
En effet, les Kadhafi ont l’habitude d’entrer dans le capital des groupes occidentaux grâce aux milliards de liquidités générées par l’exploitation du pétrole. Cette stratégie a fait la fortune des Kadhafi qui s’élèvent, selon des sources difficiles à confirmer, à plus de 120 milliards de dollars
Au niveau régional, la Libye reste, depuis les années 90, l’un des premiers investisseurs en Afrique, à travers diverses structures et établissements financiers, dont la Libya Arab Africa Investment Company (LAAICO), le fonds LAP, la banque sahélo-saharienne et diverses structures.
Ainsi, les investissements de la LAAICO sont passés de 25 millions de dollars en 1991 à 1,5 milliard de dollars en 2008. En 2009, les réserves de la Libye se sont élevées à plus de 100 milliards de dollars, faisant d’elle le pays qui investit le plus en Afrique.
Le Caïd de la révolution qui veut se faire introniser roi des rois africains a même installé une Banque d’investissement des pays sahélo-sahariens, qui est établie en 1998 à Tripoli. En Algérie, les investissements du clan Kadhafi ne sont pas aussi importants comme en Tunisie. Toutefois, il faut le rappeler, le fils affairiste de Mouamar, Seïf El Islam, a visité en janvier 2010, Oran et Tlemcen. La visite qui a été discrète a été présentée comme «privée» et «purement touristique».
Pourtant à Tlemcen, Seïf El Islam a eu les honneurs d’un Chef d’Etat à son arrivée à l’aéroport, où l’attendaient un parterre de responsables dont le président du Sénat Bensalah.
D’après des sources proches de Seïf El Islam, le fils d’El Kadhafi est venu à Tlemcen en «éclaireur pour une grande enseigne hôtelière mondiale, à savoir Marriott. En effet, après celui d’Alger, l’enseigne américaine a en effet ouvert un hôtel sur els hauteurs de Lala Seti. Seïf El Islam a été enchanté par les vocations touristiques de Tlemcen et d’Oran lors de cette visite.
Après, plusieurs fonds d’investissements libyens impliqués dans le Tourisme ont investi dans des établissements et des fonds en Algérie, apprend- on.
En Tunisie, la Libyan Investment Authority (LIA) et ses filiales restent toujours la bienvenue, même visée par les gels d’avoirs décidés par Washington et l’Union européenne. La filiale hôtelière libyenne LAICO Hotels & Resorts, créée en partenariat avec le businessman Aziz Miled, patron du groupe touristique TTS, a ainsi récemment conclu le rachat de l’Hôtel du Lac.
Ainsi, cet établissement très moderne qui lui a valu cette allégorie fantaisiste de Star Wars par les Tunisiens ouvrira ses portes bientôt, apprend-on. Cet hôtel ferait de la LAICO le premier hôtelier de la capitale. Pour rappel, le groue libyen de Seïf El Islam possède déjà à Tunis l’Abou Nawas, dont les travaux de rénovation battent leur plein sous la houlette des architectes Moez Gueddas et Lotfi Ben Rejeb (Chaabane & Cie).
Tunis pourrait d’ailleurs abriter le siège social de LAICO. Celui-ci se trouve actuellement au Luxembourg, mais le Grand Duché a déjà procédé à des saisies d’avoirs libyens… L’hôtellerie n’est pas le seul domaine où la LIA s’active en Tunisie. Oilibya Tunisie et ses nombreuses stationsservices sont toujours opérationnelles. Une rentrée de cash inespérée pour Tripoli en ces temps…de disette.
LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DE KADHAFI EN AFRIQUE
La Libye reste, depuis les années 90, l’un des premiers investisseurs en Afrique, à travers diverses structures, dont la Libya Arab Africa Investment Company (LAAICO), suivie plus tard par le fonds LAP, la banque sahélo-saharienne et diverses structures. Les investissements de la LAAICO sont passés de 25 millions de dollars en 1991 à 1,5 milliard de dollars en 2008.
Au Mali, la Libyan Foreign Investments Company, établie dans le pays depuis 1998, détient 100% des parts de LAFICO-Mali à travers sa LAAICO. L’Hôtel de l’Amitié est une réalisation de LAFICO-Mali, a-t-on appris. La Cité administrative de Bamako, la Société Nationale de Tabac (SONATAM) ainsi que bon nombre d’autres sociétés sont à 100% des propriétés de la LAAICO. La LAAICO dépend de la Libya Africa Portfolio (LAP), au capital de 8 milliards de dollars, et qui voulait consacrer jusqu’à 5 milliards de dollars à l’Afrique.
La LAP est une sorte de holding qui couvre la Oil Libya Holding Company, la LAFICO, Afriqiya et la Banque sahélo-saharienne pour l’industrie et le commerce (BSIC). Au Mali, la société LAFICO a racheté l’hôtel Amitié, l’un des meilleurs hôtels de la ville, devenu son QG dans ce pays, et qui a été rénové pour 24 millions d’euros.
Autres hôtels rachetés, le Mariatou Palace, qui appartenait à Babany Cissokho, et l’hôtel Kempinsky Palace. En outre, un espace de 7 hectares est en cours d’aménagement à l’entrée de Bamako. A Lomé, les Libyens ont acheté récemment l’Hôtel du 2 Février, le plus grand établissement de ce pays avec ses 35 étages. En Gambie, les fonds libyens ont massivement investi dans l’hôtellerie, avec la construction du complexe Jerma Beach Hotel, la reprise de l’Atlantic Hotel et du Dream Park.
LES LIBYENS D’AFRIQUE INVESTISSENT DANS LE TERTIAIRE
Au Burkina Faso, la Société pour l’investissement et le commerce (SALIC), établie en 2000 et dans laquelle les rebelles ivoiriens avec à leur tête Ouattara, Soro, Dosso et consorts, ont investi l’argent des casses des succursales de la BCEAO et des détournements des exportations ivoiriennes, appartient à 100% à la LAAICO libyenne.
Idem en Guinée, au Sénégal, en Gambie, au Libéria, au Niger, etc. où la LAAICO détient, sinon 100% des parts d’investissements du secteur touristique, du moins entre 65% et 85%. Les Libyens investissent en général dans le tertiaire, c’est-à-dire principalement dans l’hôtellerie mais, de plus en plus, dans l’agriculture.
En effet, si on se réfère aux chiffres communiqués par la société Malibya, l’agriculture est devenue une priorité, avec des investissements conséquents au Mali, au Nigeria, au Tchad, etc. Au Mali, la Libye exploite 100.000 hectares de terres, à travers la société Malibya, dotée d’un capital de 56 milliards de francs CFA, soit 85 millions d’euros. Au Liberia, 30 millions de dollars ont été investis par la LAP via une ONG locale pour le développement de la culture du riz.
Ceci dit, les Libyens surclassent les Chinois, qui n’investissent que dans les industries extractives. Par ailleurs, les marchés des Telecoms au Tchad et en Zambie sont détenus également par le clan Kadhafi. En Zambie, la Libye a acquis 75% du capital de la Zamtel, pour plus de 380 millions de dollars. C’est la plus grande transaction financière en Zambie depuis le début du processus de privatisation dans les années 90. L’acquisition s’est faite à travers la Lap Green Network.
La Libye a aussi investi dans de nombreux domaines, dont le projet spatial africain, RASCOM, où elle détient 61% des parts. Depuis juillet dernier, le riche Etat pétrolier a lancé un fonds spéculatif (hedge fund) depuis la City pour saisir les opportunités d’investissements en Afrique. Une quarantaine de traders rompus à la gestion alternative devaient être recrutés pour ce fonds baptisé FM Partners, géré par Frederic Marino, un ancien de Merril Lynch et Bear Stearns.
Cette politique d’investissements de la Libye en Afrique était portée par Khaled Kagigi, directeur général du Libyan Arab Investments Portfolio (LAIP), Taher Siala, directeur général de LAFICO, Abdulbasset Elazzabi, directeur général de Lap Green Portfolio. L’ensemble des fonds libyens sont mis sous la tutelle de la Libyan Investment Authority, qui supervise et gère une bonne partie des réserves du pays.
Benachour Med