Les 80 milliards de dollars de réserves de change algériennes menacées

Les 80 milliards de dollars de réserves de change algériennes menacées

La crise européenne semble se perpétuer au sein des pays du vieux continent. La perte par la France de son triple A est l’un des signaux les plus évidents attestant de la détérioration de la situation économique, non seulement dans ce pays mais dans toute l’Europe.

L’Algérie n’est pas immunisée contre une telle dégradation de l’économie européenne qui s’installe durablement et nos officiels le reconnaissent d’ailleurs ouvertement. A titre d’exemple, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, avait l’avait dit :



«La crise qui sévit en Europe ne pourra que nous affecter», a-t-il déclaré récemment dans une conférence de presse qu’il a animée conjointement avec son homologue allemand, Guido Westerwelle, en visite en Algérie au début de ce mois. Avant Medelci, c’est le ministre des Finances Karim Djoudi qui a fait savoir lui aussi que la crise économique européenne se répercutera assurément sur l’économie algérienne.

Mais qu’en est-il au juste de la gravité de ces répercussions ou, en d’autres termes, quels sont les risques encourus par l’économie algérienne du fait de la persistance de la crise en Europe?

Selon Abderrahmane Mebtoul, expert économique de renom, le risque premier s’articule en termes de baisse de la demande des hydrocarbures de la part des pays européens. «En 2008, lorsque la crise des subprimes avait terrassé les principales places boursières européennes, les recettes de Sonatrach ont connu une baisse de 45%», a indiqué M. Mebtoul pour qui un tel scénario pourrait se rééditer face à l’aggravation de la crise économique en Europe.

Celle-ci a peu de chances d’être résolue dans l’immédiat en raison, souligne notre interlocuteur, de l’absence «d’une gouvernance politique commune au sein du continent européen».

L’autre risque encouru par l’Algérie est lié à cette menace qui pèse sur les réserves de changes algériennes qui, selon la même source, représentent un montant de 80 milliards de dollars placés dans des banques européennes.

«Sur les 155 milliards de dollars de réserves de changes algériennes placées à l’étranger, quelque 80 milliards sont déposés à long terme dans des banques européennes», précise notre interlocuteur, tout en réitérant le fait qu’il y a réellement menace sur ce montant, pour peu que la crise européenne venait à s’inscrire dans la durée.

Dans ce même cas de figure, le seul atout qui est à même de servir l’Algérie est lié à la dévaluation de l’euro. «En cas de persistance de la crise, la valeur de l’euro sera davantage amoindrie. Ce constat pourrait profiter à l’Algérie qui importe la plus grande partie de ces besoins à partir du continent européen», a indiqué le professeur Mebtoul.

Karim Aoudia