Les 5 nominés de la FAF : Halilhodzic, Troussier, Pekerman, Klinsman et Dunga

Les 5 nominés de la FAF : Halilhodzic, Troussier, Pekerman, Klinsman et Dunga

Le verdict est tombé hier dans ce que désormais la rue algérienne appelle la Coach Academy. Ce casting pour trouver un entraîneur national qui ressemble aux télés crochets de la télé réalité version football.

Sur 43 candidatures émanant d’Amérique latine et d’Europe, la Commission désignée par le Bureau fédéral pour examiner les candidatures au poste de sélectionneur national, composée de Mohamed Mecherara, Atoui Ali, Fergani Ali, Tasfaout Abdelhafid et Boualem Laroum, le DTN par intérim, n’a retenu que cinq dossiers : Vahid Halilhodži?, Philippe Troussier, José Nestor Pekerman, Jürgen Klinsmann et le Brésilien Dunga. Compétition vous propose un zoom sur ces cinq noms, pour que vous puissiez, chers lecteurs, vous faire une idée sur eux, et choisir, comme la commission Mecherara, le futur sélectionneur, en votre âme et conscience.

Vahid Halilhodzic :

la discipline

Coach Vahid, comme l’appellent affectueusement ses amis, aurait pu avoir le pseudonyme de «général» si Abdelhak Benchikha n’avait pas totalement galvaudé l’un des plus hauts grades de l’armée. Ce Bosnien, musulman de 59 ans, a fait l’essentiel de sa carrière de footballeur professionnel dans les prestigieux FC Nantes et Paris Saint Germain dans les années 1980 comme attaquant de pointe. A une époque où la Yougoslavie était encore unie et comptait des centaines de joueurs de talent, les 15 sélections d’Halilhodži? en valent 70 dans une nation «normale» du football. Après avoir réussi une belle carrière de joueur, c’est vers le coaching que se dirige le Bosnien dans les années 1990.

Son heure de gloire, c’est à partir de 1998 qu’Halilhodži? la vit. Il démarre un chantier titanesque à Lille, un club décimé qu’il remonte au plus haut niveau. Un succès lillois qui le mènera au Stade Rennais puis au PSG, son ancien club, où ça ne se passera pas très bien pour lui à cause des conflits dans le groupe. Après un passage par l’Arabie Saoudite, Halilhodži? franchit le pas de la sélection africaine et fait un parcours sans faute et ne perd qu’un match en deux ans, celui face à l’Algérie qui lui coûtera sa place. Aujourd’hui, Coach Vahid est champion de Croatie avec le Dynamo Zagreb et postule officiellement pour le poste d’entraîneur national algérien.

Ses plus

Un unique parcours en Afrique, mais quel parcours avec les Eléphants de Côte d’Ivoire ! Sans le but d’Hameur Bouazza, Coach Vahid aurait peut-être joué sa carte au Mondial sud-africain. Lors de son arrivée en Côte d’Ivoire, tous les observateurs lui pronostiquaient un échec retentissant, vu son caractère strict, organisé et sa rigueur, qui lui avaient tant réussi en Europe, mais qui le couleraient en Afrique, vu la différence de culture et de mentalité. Et bien, Halilhodži?, en adaptant son management à l’Afrique, en lâchant un peu de lest, tout en gardant sa rigueur légendaire, a réussi son pari.

Vahid peut être «l’entraîneur leader», qu’il faudrait à nos Verts qui ont tendance à prendre le dessus sur leurs entraîneurs ces dernières années, et qui ont besoin d’un entraîneur strict, qui les place devant leurs responsabilités et qui ne badine pas avec le règlement. Un entraîneur qui empêcherait certains de faire n’importe quoi, un peu comme Eric Gerets au Maroc. Comme Troussier, il est francophone et musulman, ce qui facilitera les choses en équipe nationale.

Ses moins

Ce qui risque de porter préjudice à Vahid Halilhodži?, c’est le caractère unilatéral de son coaching. Halilhodži? ne sait entraîner que d’une seule façon. De la discipline, de la rigueur tactique et un projet commun pour lequel il faut se sacrifier. Lorsque le groupe adhère à ses valeurs, tout devient formidable et Halilhodži? et son groupe peuvent déplacer des montagnes, un peu comme à Lille, au PSG la première année et avec les Eléphants. Par contre, lorsque le groupe n’adhère pas, l’équipe s’enfonce sans qu’Halilhodži? ait la moindre solution de rechange à part de s’en aller. C’est ce qui explique que le palmarès d’Halilhodži? est émaillé de succès et d’échecs retentissants.

Son salaire

Environ 61 000 euros par mois, soit 740 000 euros de salaire fixe par an.

Philippe Omar Troussier :

le physique

On le déteste ou on l’adore ! Une chose est sûre, Philippe Troussier, 56 ans, devenu Omar une fois converti à l’islam, ne laisse pas indifférent. Ce technicien français, devenu récemment Marocain par alliance, est un adepte du proverbe : «Petit à petit, l’oiseau fait son nid». Sa carrière a commencé timidement dans le modeste club de l’US Alençon pour terminer en apothéose sur un banc de touche de Coupe du monde avec le Japon grâce à un passage en Côte d’Ivoire réussi qui lui a valu le sobriquet de sorcier blanc.

Philippe Troussier n’a pas le passé de joueur de Klinsmann ou Dunga, certes, mais en bon self made man, il a réussi en démarrant petit avant d’atteindre les sommets dans sa profession avec un palmarès en tant qu’entraîneur que beaucoup rêveraient d’avoir. Après avoir réussi à s’imposer avec l’ASEC Mimosa, il prend en main la sélection de Côte d’Ivoire, mais c’est avec les Super Eagles du Nigeria, qu’il qualifie pour la Coupe du monde 1998, qu’il obtient son premier fait d’arme. Ensuite, ce globe-trotter des stades passera par le Burkina Faso, le Maroc et l’Afrique du Sud, mais c’est en Asie qu’il explosera vraiment avec une coupe d’Asie pour le Japon en 2000 et un 1/8 de finale historique pour le Japon dans sa Coupe du monde en 2002.

Ses plus

Philippe Troussier est incontestablement «l’Africain» de ce quinté. Il a, avec Claude Leroy, la plus grande expérience en Afrique. Il a, à la fois, entraîné dans de bonnes conditions, comme en Afrique du Sud et au Maroc, mais aussi avec des moyens plus limités, comme le Burkina Faso ou l’ASEC Abidjan. Pour nos joueurs, qui sont essentiellement nés en Europe, avoir un entraîneur qui connaît autant l’Afrique et ses pièges et qui connaît aussi la mentalité du «football français» de nos joueurs est un plus incontestable.

Philippe Troussier est en plus d’être francotrc, pas de problème d’adaptation à notre culture et aux facteurs religieux surtout le Ramadhan par exemple. Philippe Troussier a aussi de grandes connaissances dans le domaine de la préparation physique et vu le dernier Maroc-Algérie, ça ne sera pas du luxe. Il a déjà conduit des équipes vers la Coupe du monde et sait gérer une grosse compétition ou un gros match.

Ses moins

Philippe Troussier traîne, quand même, des «casseroles» dans sa carrière, et ses casseroles pèseront dans le choix final de la FAF. Le premier défaut, c’est que Troussier a la réputation d’être très rigide et très obtus de caractère ; ce qui risque de coincer avec certaines «tête de lard» qui font partie des joueurs cadres du groupe Algérie. Troussier a eu trois échecs retentissants dans sa carrière, dans des équipes qui ressemblent beaucoup à la nôtre.

L’Afrique du Sud de 1998, littéralement traumatisée par le passage Troussier et qui ne s’en est jamais vraiment remis, l’Olympique de Marseille et bien sûr l’équipe du Maroc. Ses détracteurs se servent de ses passages africains, asiatiques et dans le Golfe pour l’affubler de l’étiquette de mercenaire.

Son salaire

Environ 60 000 euros par mois, soit 720 000 euros de salaire fixe par an.

José Pekerman : le style argentin

José Néstor Pekerman, de son nom complet, est âgé de 61 ans. Ce technicien argentin fait partie des entraîneurs connus et reconnus de la planète football, du moins sur le plan médiatique où son nom apparaît souvent surtout pour répondre aux appels d’offres. Pourtant, lorsqu’on regarde son CV en tant qu’entraîneur et en tant que joueur, on n’y voit rien de très reluisant à part son passage en équipe d’Argentine qui lui permet d’arriver en finale de la Coupe des confédérations 2005 et de sortir par la petite porte en quarts de finale de la Coupe du monde 2006. Après cette parenthèse Albiceleste, pas grand-chose à se mettre sous la dent à part trois saisons en première division mexicaine.

Ses plus

S’il s’agissait d’entraîner une équipe d’Amérique du Sud ou d’Amérique centrale, nous aurions pu trouver des plus à Monsieur Pekerman, mais pour entraîner l’équipe d’Algérie, nous n’en voyons aucun. Les seuls plus que l’on peut trouver et qu’on peut mettre au crédit de José Néstor Pekerman, c’est qu’il est le roi de la formation et du travail à long terme. Il est surtout connu dans son pays pour son travail de formation avec les sélections U 20 et U 23. Il a aussi une longue expérience, un vécu et qu’il est issu de l’école argentine, pays connu pour avoir des techniciens de qualité, surtout dans le domaine offensif et le domaine de marquer des buts, qui fait cruellement défaut à l’EN.

Ses moins

José Néstor Pekerman n’a quasiment que des moins. Il n’a pas un parcours prestigieux ni en tant que joueur ni en temps qu’entraîneur. Ne parle pas français, juste l’espagnol et l’anglais, ce qui dans notre pays est un handicap et n’a pas le charisme médiatique et la présence qui pourrait gommer ces handicaps. Si nous avions recherché un directeur technique national, il aurait été le candidat parfait, mais en temps que sélectionneur, les quatre autres sont devant lui.

Son salaire

Environ 42 000 euros par mois, soit 504 000 euros de salaire fixe par an.

Jürgen Klinsmann : l’attaquant

On dit de lui qu’il est le plus Américain des Allemands, puisqu’il est installé à Los Angeles avec sa famille et qu’aux dernières nouvelles, il occupait un poste au sein de la Ligue canadienne de football. Mais ne nous trompons pas, ce n’est pas au football américain qu’a joué et qu’entraîne Klinsmann mais bien au «soccer». Jûrgen Klinsmann, 45 ans, a un des plus beaux palmarès du football allemand en tant que joueur. Cet attaquant passé par les très prestigieux clubs de Stuttgart, Inter de Milan, Sampdoria, AS Monaco, Bayern de Munich et Tottenham avant un exil américain en Major League Soccer. Klinsmann était en tant que joueur un attaquant virevoltant, une sorte d’ovni dans un football allemand des années 1990 basé uniquement sur le physique.

Des qualités techniques qui lui ont permis de glaner des titres presque partout où il est passé. Deux fois vainqueur de la coupe de l’UEFA avec l’Inter et le Bayern et champion d’Allemagne avec Stuttgart. Que dire de son parcours en sélection d’Allemagne, «la Nationalmannshaft», qu’il a survolé tel un goéland avec un Euro 1996 et une Coupe du monde 1990, et nous vous épargnons toutes les fois où durant ces années il a été finaliste. En temps qu’entraîneur, même s’il a échoué avec le Bayern Munich, il a réussi, avec l’équipe d’Allemagne, à tirer le meilleur de ses joueurs et a réussi son pari en se classant 3e de la Coupe du monde et de la Coupe des confédérations qui étaient organisées dans son pays, l’Allemagne.

Ses plus

Le gros avantage à choisir Jürgen Klinsmann comme entraîneur national, c’est qu’il n’aura pas de temps d’adaptation. Car, en effet, Jürgen Klinsmann est un cosmopolite.

Il n’a jamais choisi ses clubs en fonction de l’argent, mais en fonction de la ville du monde dans laquelle il avait envie de s’installer et les cultures et les langues qu’il désirait apprendre.

Londres, Monaco, Milan, Munich etc. Bien avant l’arrêt Bosman, l’attaquant allemand avait déjà la bougeotte. Grâce à son passage en principauté de Monaco, Klinsmann est parfaitement francophone et il pourra communiquer directement avec nos joueurs sans passer par un interprète. La dernière qualité de Klinsmann, c’est qu’il a la même philosophie en temps qu’entraîneur que lorsqu’il était joueur. Il est partisan d’un football basé sur l’attaque, le mouvement, un jeu porté vers l’avant, certes, mais qui garde une rigueur défensive bien allemande. Il a aussi la faculté de transmettre son enthousiasme et sa passion à ses joueurs et à la capacité à les motiver et les faire adhérer à un challenge, la Coupe du monde 2006 fantastique, qu’il a disputée avec une équipe d’Allemagne, pourtant limitée, qu’il a failli conduire au bout, en est le parfait exemple. En ces temps difficiles de panne totale dans le domaine offensif et de morale dans les chaussettes de notre équipe nationale, un Jürgen Klinsmann nous ferait le plus grand bien.

Ses moins

Klinsmann a, comme tout être humain, les défauts de ses qualités. Le défaut principal qui pourrait lui nuire dans sa quête d’entraîner les Fennecs serait une expérience africaine inexistante.

Son passage calamiteux à la barre du Bayern de Munich où il a complètement échoué, obligeant même les dirigeants bavarois à le licencier pourrait aussi jouer en sa défaveur dans le choix final. Le dernier point qui pourrait lui nuire est qu’il est installé aux Etats-Unis, à Los Angeles avec toute sa petite famille, surtout ses grands enfants qui étudient là-bas et des allers et retours Los Angeles–Alger risqueraient de fatiguer la FAF.

Son salaire

Environ 166 000 euros par mois, soit 2 000 000 d’euros de salaire fixe par an.

Dunga : le défensif

Comme tous les footballeurs brésiliens, le nom complet de cet ancien milieu défensif de la Seleçao, de la Fiorentina et de Stuttgart, Carlos Caetano Bledorn Verri, a été raboté en «Dunga» pour tenir sur un maillot de football.

Même si du haut de ses 47 ans, il peut être taxé d’être un «jeune entraîneur», son vécu sur le terrain en tant que joueur rattrape ce défaut en âge et force le respect. Dunga est un footballeur brésilien atypique puisqu’il est plus connu pour son jeu défensif très rugueux, que pour ses dribbles et ses crochets façon samba comme savent le faire ses compatriotes sur les plages de Rio ou Sao Paulo. En tant que footballeur, Carlos Dunga a tout gagné et a eu une carrière exemplaire.

Formé au club brésilien du SC International, il transite juste une saison par le club de Vasco de Gama qui est, à l’époque, l’autoroute pour l’Europe, avant d’arriver dans le Calcio et d’y faire son trou, avec notamment un passage remarqué par la Fiorentina. Le dernier grand challenge en club pour Dunga, valeur sûre de la Serie A, aura été son passage en Bundesliga avec l’équipe de Stuttgart. En sélection du Brésil, Dunga a tout remporté ou presque en tant que joueur avec la Seleçao: champion du monde des U 20 en 1983, vice-champion olympique en 1984, double vainqueur de la Copa America 1989 et 1997 et bien sûr champion du monde 1994, aux USA, en tant que capitaine.

Ses plus

Incontestablement, la candidature de Dunga est intéressante, car il a énormément de plus à son actif. Le premier plus, c’est que si Dunga a une énorme expérience et un énorme palmarès en tant que joueur, en tant qu’entraîneur, ce n’est pas mal non plus. En quatre ans passés à la tête des Auriverde, Dunga a quand même remporté la bagatelle de 2 titres majeurs et une place d’honneur.

Il a commencé tout doucement en finissant 3e et médaille de bronze des Jeux Olympiques de Pékin 2008, la deuxième plus grande compétition de football après la Coupe du monde. Il a remporté ensuite la Copa America Venezuela 2007 et la Coupe des confédérations Afrique du Sud 2009. Son plus grand plus, c’est qu’il a entraîné l’équipe la plus dure à entraîner de la planète, le Brésil, et qu’il est habitué à travailler avec une énorme pression des supporters, des médias et des politiques.

La pression de l’équipe d’Algérie, qui fait pourtant peur à beaucoup de monde, ne sera rien à côté de ce qu’il a subi avec la Seleçao. De plus, à un moment où notre équipe nationale prend l’eau défensivement, Dunga et sa rigueur défensive et son sérieux, qu’il a encore plus développé dans le championnat italien et son légendaire «Catenaccio», tomberont à point nommé pour endiguer l’hémorragie. De plus, ce n’est pas un entraîneur de club recyclé mais un spécialiste de sélection. Dernier plus, les footballeurs algériens et brésiliens ont sensiblement le même profil.

Ses moins

Carlos Dunga a un énorme défaut, dans l’optique d’entraîner notre équipe nationale, il n’est ni francophone, ni arabophone. Carlos Dunga ne parle que le portugais, l’italien et l’Anglais, ce qui en Algérie est vraiment un gros handicap pour lui. On peut lui reprocher aussi son manque d’expérience africaine qui peut aussi lui porter préjudice dans le choix final. Même si il a disputé pas mal de matchs amicaux avec le Brésil face à des équipes africaines, dont l’Algérie, et que la dernière compétition qu’il a disputée avec le Brésil, en l’occurrence, la Coupe du monde 2010, était en terre africaine, cela semble un peu léger.

Son salaire

Environ 67 000 euros par mois, soit 800 000 euros de salaire fixe par an.

M. B.