Les 16 marins du Blida de retour au Bercail,La fin du cauchemar

Les 16 marins du Blida de retour au Bercail,La fin du cauchemar
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Joie, larmes, liesse, en somme des sentiments de profonde émotion ont caractérisé, hier, l’ambiance qui a prévalu à l’aéroport militaire de Boufarik où les familles ont accueilli les marins après dix mois de captivité dans les eaux somaliennes. L’atterrissage de l’avion à 16 heures 30 minutes en provenance du Kenya après plusieurs heures d’attente, a provoqué un sentiment de profond soulagement chez les proches des membres de l’équipage du MV Blida revenus enfin chez eux sains et saufs.

F-Zohra B. – Alger (Le Soir) – «Nous avons vécu dix mois pendant lesquels nous mourrions tous les jours, c’est un calvaire, un cauchemar que je ne souhaite pas à mon pire ennemi de vivre», c’est ce qu’a déclaré, hier, le marin Aït Ramdane à sa femme et ses enfants après les avoir chaleureusement salués. Un soulagement partagé par tous les marins arrivés sains et saufs et leurs proches, hier. C’est en fin de matinée que les familles ont commencé à arriver à l’aéroport militaire de Boufarik où était attendu l’avion avec à son bord les ex-otages du MV Blida. Si l’émotion était au rendez-vous, les familles avouent avoir eu du mal à prendre leur mal en patience avant l’arrivée de leurs proches. Mais après dix mois d’une attente éprouvante, ils ont dû quand même patienter encore quelques heures avant que l’avion en provenance du Kenya n’atterrisse enfin à Boufarik en fin d’après-midi. Initialement seuls trois membres d’une même famille devaient être autorisés à pénétrer dans l’enceinte de l’aéroport pour accueillir l’équipage du MV Blida.

Ainsi, trois heures avant l’arrivée de l’avion, les membres des familles mandatés pour accueillir leurs proches ont été autorisés à pénétrer dans l’enceinte de l’aéroport. Cependant au même moment, plusieurs personnes présentes n’ont pu retenir leurs larmes devant la déception de ne pouvoir accueillir les êtres chers revenus de loin. Devant cette situation particulièrement sensible, les responsables de l’aéroport ont cédé et permis à tous les présents de rentrer dans l’enceinte de l’aéroport et de partager leur joie. Mais là aussi, les présents ont dû encore attendre mais cette fois-ci, avec la prédominance d’un sentiment d’euphorie mais aussi de soulagement, confient-ils. Le marin Toudji, libéré lui par les pirates pour raison de santé il y a de cela quelques semaines tenait lui aussi à être présent pour accueillir ses compagnons avec son frère et partager la joie des familles. Des youyous fusaient régulièrement et beaucoup se remémoraient avec émotion les événements éprouvants des dix derniers mois.

«Nous ne pensions pas arriver à cet instant et nous les attendons avec beaucoup d’émotion», confie, ému, le frère du marin Achour. Pour sa part, le jeune Faouzi Aït Ramdane qui, au cours des derniers mois, n’a ménagé aucun effort pour organiser sit-in de protestations et actions de sensibilisation en faveur de la libération des marins dit éprouver, enfin, un sentiment de soulagement et de devoir accompli. «Ils seront là d’un instant à l’autre et notre joie n’a pas de limites, qu’importe cette longue attente s’ils reviennent sains et saufs», même attitude chez la sœur et les filles du marin Kahil, qui elles, ont du mal à maîtriser leur émotion. «Même si nous savons que ce n’est pas aujourd’hui qu’ils retrouveront leurs foyers, il est, on ne peut plus rassurant, de savoir qu’ils rentrent enfin en Algérie», a déclaré la sœur du marin. Le vol spécial a atterri enfin sur le tarmac de l’aéroport à 16 heures trente minutes, provoquant une véritable liesse au sein des familles. Les cris de joie ont retenti d’ailleurs dès que le vol a été annoncé à l’approche de l’aéroport militaire. De l’aéroport et après avoir chaleureusement salué leurs proches, les marins sont montés dans des bus en direction de l’hôpital militaire de Aïn Naâdja, selon les familles. M. Amar Belani porte-parole des Affaires étrangères a déclaré, pour sa part, hier matin, que «le navire Blida est arrivé samedi soir au port de Malimbé au Kenya, à une centaine de km de Mombasa au terme d’une traversée plus longue que prévu, en raison de l’état technique du navire qui a subi une immobilisation forcée de presque une année.»

De là, le vol spécial a permis de transporter les marins vers l’Algérie après qu’ils aient été accueillis par des officiels et par une équipe de médecins et de psychologues. L’équipage du MV Blida est revenu donc en Algérie après avoir échappé au pire après dix mois en captivité entre les mains de pirates somaliens. Ces derniers avaient intercepté le MV Blida alors qu’il quittait le port de Salaleih au large du sultanat d’Oman pour se diriger vers le Kenya avec à son bord 27 membres d’équipage dont des Algériens et des Ukrainiens. Il y a de cela quelques semaines, deux marins un Algérien et un Ukrainien avaient été relâchés par les pirates en raison de graves problèmes de santé.

C’est le jeudi 3 novembre que les autres marins ont été libérés par les pirates. Ce jour-là, les officiels algériens ont tenu à préciser que l’Algérie n’a pas payé de rançon en contrepartie de la libération des marins. L’affréteur du navire, le Jordanien Leadarrow avait, cependant, déclaré il y a de cela quelques mois qu’il avait entamé des négociations avec les pirates somaliens et avoir installé une cellule de crise à cet effet en Grèce. Les familles, pour leur part, après quelques semaines de consternation, ont décidé de se mobiliser au cours des derniers mois pour exiger que l’Etat algérien s’investisse pleinement dans la libération des marins retenus en otages.

F-Z.B.