L’ère du troc pétrole contre bouffe est-elle révolue ?

L’ère du troc pétrole contre bouffe est-elle révolue ?

Avec un potentiel d’exportation qui atteindrait les 2 milliards de dollars et un marché local en perpétuel essor, l’Industrie Agroalimentaire (IAA) est l’avenir de l’Algérie, annoncent des experts du département de Mohamed Benmeradi.

L’industrie agroalimentaire poursuit sa progression au 3ème trimestre 2010 :

Avec un potentiel d’exportation qui atteindrait les 2 milliards de dollars et un marché local en perpétuel essor, l’Industrie Agroalimentaire (IAA) est l’avenir de l’Algérie, annoncent des experts du département de Mohamed Benmeradi.

En tout cas, le secteur continue sa progression depuis que le ministre de l’Industrie a émis les recommandations aux opérateurs et aux investisseurs. La dangerosité de la situation, caractérisée par les importations tous azimuts des produits alimentaires et générée par la négligence des opérateurs nationaux et même les investisseurs étrangers de ce secteur important, n’est plus aussi… menaçante.

LG Algérie

Le ministre Benmerradi a asséné naguère «qu’il n’est pas normal que nous puissions continuer ainsi à importer massivement des biens qui viennent de pays qui sont moins bien placés que nous sur le plan des produits agricoles, alors que nous devrions en être exportateurs».

Les efforts entrepris depuis ont fait que cette industrie agroalimentaire a commencé à se développer et d’une façon exponentielle. En effet, le secteur a poursuivi sa progression au cours du 3ème trimestre 2010 par rapport au trimestre précédent, indique cette enquête d’opinion. Elle révèle que les capacités de production sont utilisées à plus de 75% par 51% des entreprises de cette filière, à forte valeur ajoutée, et l’une des plus dynamique de l’industrie nationale.

Les Algériens préfèrent consommer «made in Algeria»

Les Algériens préfèrent à consommer les produits alimentaires «made in Algeria». C’est en tout cas ce qu’annonce cette enquête d’opinion réalisée par l’Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d’entreprises. En effet, nonobstant la hausse des prix de vente, la demande en produits fabriqués a poursuivi son augmentation, durant le troisième trimestre de l’année en cours.

Dans la foulée, près de 64% des patrons d’entreprises ont déclaré avoir satisfait toutes les commandes reçues et près de 70% leur subsiste des stocks de produits, situation jugée «anormale» par 88% des concernés.

Quant au degré de satisfaction des commandes de matières premières, il reste supérieur aux besoins exprimés selon près de 50% des chefs d’entreprises questionnés. Cependant, il reste inférieur aux besoins exprimés selon prés de 10% des enquêtés.

La trésorerie dans le …vert

L’état de la trésorerie des entreprises est jugé «bon’’ par prés de 41% des chefs d’entreprises, et reste «mauvais» selon près de 33%, en raison essentiellement de l’allongement des délais de recouvrement et aux charges trop élevées. En conséquence, près de 35% des concernés ont recouru à des crédits bancaires et la majorité n’a pas eu des difficultés à les contracter, selon l’enquête de l’ONS. Avec l’installation de nouvelles capacités et l’amélioration des conditions de production ainsi que de la hausse du volume des commandes, l’effectif des entreprises continue à croître. Par contre, plus de 49% des chefs d’entreprise ont trouvé des difficultés à recruter des cadres et des agents de maîtrise et 55% jugent le niveau de qualification du personnel «insuffisant». Par ailleurs, près de 21% des chefs d’entreprises déclarent pouvoir produire davantage en embauchant du personnel.

En raison essentiellement de la surutilisation des équipements et des problèmes de maintenance, plus de 82% des patrons concernés par l’enquête de l’ONS, ont enregistré des pannes d’équipement au cours du 3ème trimestre 2010, conduisant à des arrêts de travail supérieurs à 13 jours pour la majorité d’entre eux. Par ailleurs, du fait principalement de la vétusté et des difficultés de maintenance, plus de 32% du potentiel de production ont enregistré des pannes d’équipement, conduisant à des arrêts de travail supérieurs à 30 jours pour plus de 52% des entreprises enquêtées.

La mise à niveau des équipements, un atout de développement

L’enquête précise, en outre, que 92% des chefs d’entreprises déclarent pouvoir produire davantage avec un renouvellement des équipements, et sans embauche supplémentaire du personnel, et près de 57% indiquent pouvoir produire davantage en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension des équipements. Pour les mois prochains, les chefs des entreprises de l’agroalimentaire prévoient une hausse de la production, de la demande avec une stabilité des prix de vente, ainsi que des effectifs, selon les conclusions de l’enquête. Considérées comme vecteur de relance du secteur industriel, cette branche qui emploie plus de 120.000 travailleurs et génère un chiffre d’affaires annuel de plus 300 milliards de DA (plus de 4 milliards de dollars), soit 50% de la part de l’industrie dans le PIB, recèle un potentiel d’exportation pouvant dépasser les 2 milliards de dollars/an, selon le ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement.

Potentiel d’exportations qui dépasse les 2 milliards d’euros !

Naguère, l’agriculture a été accusée d’être derrière la situation malencontreuse de l’industrie agroalimentaire. En effet, certains spécialistes au fait de la question affirment que le secteur agricole est en partie responsable de cet état déplorable, mais, ils ne cachent pas outre mesure que d’autres facteurs sont derrière cette stagnation. On a même assisté à la disparition de certaines filières.

Bref, le constat est connu, place à une alternative pouvant donner «un nouveau souffle» à un secteur vital pour le pays. Il s’est avéré donc que le renforcement des liens avec le secteur agricole a permis aux industries agroalimentaires, selon le directeur général de la veille stratégique, des études économiques et des statistiques au ministère, Mohamed Bacha, «de se développer et d’exprimer un potentiel d’exportation pouvant dépasser les 2 milliards de dollars par an». Il a souligné, dans une récente déclaration à la presse, que «le point faible majeur de nos industries agroalimentaires est leur déconnexion du secteur agricole et que le rôle de l’Etat doit être centré sur cette mise en connexion». S’agissant de l’intervention de l’Etat pour la relance du secteur, il a rappelé que les assises des industries agroalimentaires organisées en 2010 avaient permis de comprendre que «les pouvoirs publics doivent intervenir mais pas de n’importe quelle manière». Pour ce faire, un plan de restructuration des IAA fait l’objet actuellement, selon lui, «d’analyses et de discussions très poussées avec les différentes parties concernées telles que les Sociétés de gestion des participations (SGP). «C’est un dossier qui est en cours de traitement et très sérieusement pris».

«Les résultats et les recommandations seront soumis au Conseil des participations de l’Etat (CPE) qui décidera de l’amendement ou du maintien des mesures proposées dans le cadre de ce plan de restructuration», a-t-il ajouté. M. Bacha a affirmé, enfin, que le nouveau programme de mise à niveau, doté de plus de 380 milliards de DA, a de «fortes chances de réussir car il cible une large population composée de plus 20.000 PME». Les pouvoirs publics ont élaboré un Plan national d’appui aux industries agroalimentaires (PNDIAA) qui s’étalera jusqu’à 2014, et dont les grands axes portent essentiellement sur l’intégration de la production nationale, la substitution aux importations et la promotion des exportations.

Ce plan a pour principal objectif d’accroître de 10 points la contribution des IAA dans le PIB industriel en la faisant passer de 50% en 2009 à 60% en 2014. Sortir du «ghetto alimentaire» préconise de trouver une synergie entre l’industrie et l’agriculture. L’enjeu, donc, est majeur.