L’éradication du commerce illicite, une entreprise difficile

L’éradication du commerce illicite, une entreprise difficile

La suppression de marchés informels dans certains quartiers laisse augurer que l’opération se poursuivra jusqu’à l’éradication complète de ces plaies sur le visage de nos villes. L’image de trottoirs débarrassés de tout le bric-à-brac auquel ils servaient de supports est surprenante, tant nous sommes habitués à les voir encombrés. Certains endroits, tels que la place des Martyrs, Bachdjarah et Douéra (derrière la station de bus) ont été nettoyés, de manière durable semble-t-il jusqu’ici.

Les services de sécurité ont investi pendant plusieurs jours les lieux pour empêcher toute réoccupation de ces espaces. Les marchés illégaux et anarchiques ont fini par faire partie du paysage, à s’imbriquer dans des quartiers et des boutiques dont les commerçants se plaignent de la concurrence déloyale de ces jeunes (et moins jeunes) qui ne manquent pas d’audace en obstruant le passage vers les magasins et en détournant les clients. Il faut reconnaître que nombreux sont les citoyens que cette situation arrange tant ces étals leur proposent des marchandises variées et accessibles.

Le principe était celui-ci lorsque des chômeurs ont commencé à investir les espaces publics – avec la bénédiction des P/APC – pour y exposer des produits bon marché. L’engouement et l’affluence aidant, les prix ont pris une courbe ascendante. Ces derniers se rapprochent souvent de ceux pratiqués dans les commerces légaux, alors que les vendeurs informels réalisent des gains exempts de toutes taxes et impôts et occupent gratuitement les trottoirs et une partie des chaussées. Le phénomène était inimaginable autrefois, les marchands ambulants qui sillonnaient les quartiers ne s’y attardaient jamais.

Aujourd’hui, il est difficile de venir à bout des marchés illicites qui se sont érigés en une économie parallèle florissante, aux dépens de l’économie nationale. La décision de les éradiquer rencontre bien évidemment des obstacles, le passage à l’action est à saluer mais il faut qu’il soit soutenu. Il ne s’agit pas d’exclure ces vendeurs informels mais d’organiser leur activité dans des lieux adéquats. Le fait de les traquer sans leur donner une alternative ne pourra qu’aboutir à un échec. Espérons que l’année 2011 verra des opérations bien étudiées pour une extirpation totale du commerce illicite.

Rachida Merkouche