A l’occasion de l’anniversaire des 50 ans d’Indépendance de l’Algérie, Le Buteur a voulu marquer l’événement en revenant sur les meilleurs matchs, les meilleurs buts et les meilleurs joueurs qui sont passés chez les Verts. Vous remarquez que les joueurs qui sont toujours en exercice n’ont pas été pris en compte dans ce classement que certains vont trouver subjectif, à juste titre d’ailleurs. Ce n’est pas un sondage dont il s’agit, mais une simple consultation de l’histoire, de la part de toute notre équipe rédactionnelle, en plus des avis de plusieurs gloires du football national, dont on cachera les noms pour leur éviter des animosités évidentes. Il s’agit donc plus d’une rétrospective dont le but n’est autre que de valoriser les plus belles œuvres des internationaux qui nous ont fait vibrer depuis 50 ans. Que ceux qui se sentent lésés par ce classement ne nous en tiennent pas rigueur. Leur estime n’en sera pas affectée par cette subjectivité que tout le monde est en droit de nous contester. Il suffit de rentrer dans la douceur des évènements pour sentir la sincérité qu’on veut faire partager aux amoureux des Verts, dans cet exercice périlleux que nous avons tenté sans filet.
Gardien de but :
1-Cerbah
2-Drid
3-Ibrir
Cerbah, sept ans sans concurrent !
Mehdi Cerbah restera incontestable au poste de gardien de but, suivi de Nacer Drid et d’Abderrahmane Ibrir qui ont tout deux marqué leur temps. Ibrir avec l’équipe du FLN et après l’Indépendance, en étant la fierté du peuple et le porte-drapeau de la jeunesse algérienne. Drid s’est positionné juste à temps pour reprendre le flambeau. Mais Cerbah est le plus titré et le plus présent dans la durée avec les Verts. Il a gagné la médaille d’or des JM (75), puis celle des jeux Africains (78), mais il est surtout resté sans concurrent de 1975 à 1982. Soit sept ans de loyaux services. Sans parler de son passage comme entraîneur des gardiens de but des Verts. Rassurant et vif, il est tout simplement inoubliable !
Arrière droit :
1-Merzekane
2-Khedis
3-Belloucif
Merzekane, un pur- sang… en or !
A ce jour, l’Algérie n’a pas encore trouvé de remplaçant à Chaâbane Merzekane. Les chevauchées du Nahdiste lui confèrent à jamais le surnom de «pur-sang en or». Merzekane était bien au-dessus du lot. Plus fort que les Allemands en puissance athlétique et plus technique que beaucoup d’attaquants, son jeu était fait d’efficacité défensive et de vista offensive. Il était en avance sur son temps. Et dire qu’il a arrêté sa carrière à 28 ans ! Khedis et Belloucif n’avaient pas autant de punch que l’enfant terrible du football algérien pour le distancer. Et dire qu’on parle, là, de deux grands géants de leurs époques respectives !
Arrière gauche :
1-Nadir Belhadj
2-Mustapha Kouici
3-Fawzi Mansouri
Belhadj, plus complet que Kouici et Mansouri
Il y a une petite hésitation à choisir entre Nadir Belhadj, Mustapha Kouici et Fawzi Mansouri. Les trois latéraux jouent différemment. Si on prend en compte la rigueur défensive, Mansouri se hissera en tête, de par sa solidité et sa sobriété. Mais Kouici et Belhadj ont cet esprit offensif qui dépasse largement les normes. Entre les deux bolides, Belhadj est plus avantagé du fait qu’il ait pu s’imposer dans des championnats plus balèzes, alors que Kouici a émerveillé «que» l’Algérie et l’Afrique. On est un peu injuste avec Kouici, mais il fallait trancher en faveur de Belhadj pour l’ensemble de sa carrière.
Stoppeur :
1-Anthar Yahia
2-Fodil Megharia
3-Nordine Kourichi
Yahia, pour son «boom» d’Oum Dorman !
Anthar Yahia allie les qualités athlétique et technique de Fodil Megharia et Nordine Kourichi. C’est comme si on avait amélioré ses deux concurrents pour en faire un mélange. Toujours efficace et présent dans les grands moments, Yahia a marqué son temps par son incroyable «boom» d’Oum Dorman. Rien que pour cela, il mérite le respect éternel ! Mais Fodil Megharia aussi avait des atouts pour se hisser à la première place du podium. Sobre et intelligent dans son placement, le Chélifien donnait l’impression d’être né pour jouer à ce poste. C’est comme s’il avait inventé le rôle de stoppeur ! Rassurant tout au long de sa carrière, Megharia avait besoin d’un but à la Yahia pour détrôner le vaillant Anthar.
Libero :
1-Mustapha Zitouni
2-Miloud Hadefi
3-Mahmoud Guendouz
Zitouni, une star qui refuse le Mondial pour les Verts
Mustapha Zitouni n’est peut-être pas connu des jeunes d’aujourd’hui. Une remise dans le contexte s’impose. Imaginez l’Algérie faisant partie du territoire français, comme l’est actuellement la Corse ou la Guadeloupe et que parmi les joueurs sélectionnés chez les Bleus, il se trouve un défenseur comme Lilian Thuram qui décide de ne pas jouer le Mondial pour aller rejoindre une EN clandestine représentant la lutte armée de son peuple… C’était cela le poids de Mustapha Zitouni dans l’équipe de France. Un titulaire incontesté qui devait jouer le Mondial de 1958 et qui décida de rejoindre l’équipe du FLN au beau milieu de la guerre de libération. Un poids lourd qui secoua les médias du monde entier, tellement son geste était puissant. Respect total Monsieur Zitouni ! Le charmeur Miloud Hadefi et le vaillant Mahmoud Guendouz n’ont aucune chance devant ce monument, malgré tout ce qu’ils ont donné au pays.
Milieu récupérateur :
1-Kaci-Saïd Mohamed
2-Mustapha Seridi
3-Yazid Mansouri
Kaci-Saïd, de l’ombre à la lumière
A ce poste ingrat où on déblaie le terrain pour valoriser les autres, Mohamed Kaci-Saïd reste intouchable, malgré la présence de feu Mustapha Annane et Seridi dit «Tioua» (qui était plus offensif que défensif aux côtés de Lalmas et Hachouf). Le Koubéen a montré qu’il pouvait aller au charbon comme un mineur de fond et ce, dans les mines les plus dangereuses de l’Afrique. Mais le jour où il s’est libéré, Kaci-Saïd a ébloui le monde par sa vista et sa maestria. Les matchs où il s’est lâché l’ont hissé au rang de meilleur meneur que les Verts ont révélé. A l’instar de la double confrontation avec la Tunisie en 1985, mais surtout la Coupe du monde de 1986. Contre le Brésil, on peut vous assurer que c’était lui le meilleur Brésilien sur le terrain. Et pourtant, il y avait de grandes stars en face…
Milieu tournant :
1-Saïb Moussa
2-Bencheikh Ali
3-Fergani Ali
Saïb, plus chanceux que Bencheikh et Fergani
Bien que Bencheikh ne puisse pas être «casé» à un poste précis au vu de son statut de meneur libre, l’ancien Mouloudéen peut être mis en concurrence avec Ali Fergani et Moussa Saïb dans ce rôle anciennement appelé d’«inter droit» que portait le numéro 8. Il est vrai que Fergani est celui qui a le plus incarné ce poste grâce à sa longévité (entrecoupée) de 1972 à 1983. Ancien capitaine des Verts, Ali Fergani était comme un second coach sur le terrain. Intelligent et régulier, il dégageait beaucoup de charisme et ses coéquipiers lui devaient tous du respect. Ali Bencheikh était charismatique et avait aussi des arguments à faire valoir à ce poste qu’il a occupé à maintes reprises avec les Verts, comme en 1978, lorsqu’il avait offert la médaille d’or à l’Algérie aux JA. Mais comment ignorer le style et la belle carrière de Moussa Saïb ? Il a gagné la CAN 90, il a gagné des titres importants avec Auxerre, il a été recruté par Tottenham et Valence. Saïb est tout simplement au-dessus pour l’ensemble de son œuvre, peut-être parce qu’il avait la chance de pouvoir s’expatrier à temps, contrairement à ses concurrents. Mais mama mia pour la technique et le génie de Bencheikh, comme pour la maestria de Fergani !
Milieu offensif :
1-Rachid Mekhloufi et Lakhdar Belloumi (ex-æquo)
2-Lalmas et Dahleb (ex-æquo)
Mekhloufi et Belloumi, deux noms, une histoire !
Rachid Mekhloufi, Lakhdar Belloumi, Hassan Lalmas, Mustapha Dahleb, Djamel Zidane, Djamel Tlemçani et la liste est longue. Comment départager ces géants du football national sans faire de mécontents ? Rachid Mekhloufi et Lakhdar Belloumi se démarquent assurément de leurs concurrents dans notre classement de cœur.
«Les deux meilleurs meneurs que j’ai vus dans ma vie sont Zidane et Mekhloufi»
Et ceux qui les ont vus jouer à leurs époques respectives en témoignent le mieux. «Les deux meilleurs meneurs que j’ai vus dans ma vie se nomment Zidane et Mekhloufi». Cette reconnaissance est celle d’Aimé Jacquet et elle vaut toute la sincérité (d’un champion) du monde.
Belloumi, le premier à avoir gagné le «Ballon d’Or africain»
Belloumi mérite amplement cet honneur pour avoir été l’un des meilleurs de sa génération, mais aussi pour avoir été le premier algérien à gagner le Ballon d’Or africain, alors que Lalmas et Dahleb ont, certes, marqué leur temps d’une encre indélébile, mais n’ont pas eu autant de présence avec les Verts que les premiers cités.
Lalmas et Dahleb ont mérité la seconde place
Hassan Lalmas pouvait également prétendre à ce titre honorifique, si l’on croit les insistants témoignages de ceux qui l’ont suivi de près. «C’est le meilleur qu’on ait jamais vu !» disent-ils pour nous en convaincre.
Mekhloufi refuse le Mondial 58 pour des matchs d’honneur avec le FLN
Mais nous avions déjà retenu Belloumi pour son talent à l’état brut et Mekhloufi pour son nom et son geste historique de 1958, lorsqu’il avait fui l’équipe de France pour aller rejoindre celle du FLN, en pleine Guerre d’Algérie. Une super star qui refuse de jouer une Coupe du monde par conviction politique, on ne la reverra pas de sitôt. Pour ce geste historique, Mekhloufi est inclassable et Belloumi est incontestable !
Ailier droit :
1-Rabah Madjer
2-Omar Betrouni
3-Redouane Guemri
Madjer, le plus fin, le plus talentueux de tous !
S’il n’y avait pas un monument nommé Rabah Madjer, Omar Betrouni, qu’on surnommait «l’homme de la dernière minute», aurait largement gagné ce titre pour les merveilleux buts qu’il a mis avec les Verts et le MCA. Mais Madjer est là, avec son talon et son talent qui éclabousse les meilleurs de tous les temps et de tous les pays. Rabah Madjer est tout simplement la LEGENDE du football en Algérie. Ses buts ont toujours sauvé les Verts, comme celui de Gijon ou de Constantine face au Nigeria qui nous envoyait en Espagne. Capitaine des Verts en 1990, Madjer reste inclassable à tous les postes qu’il a occupés. Un vieux nous a dit un jour : «Ne demandez pas aux gens ce que valait Madjer, allez interviewer les ballons qu’il a caressés, ils vous diront combien il était fin». Nul ne peut résumer la carrière grandiose de l’auteur de la plus belle talonnade de l’histoire du football mondial.
Avant-centre :
1-Djamel Menad
2-Tedj Bensaoula
3-Mokhtar Kalem
Menad mérite son baroud d’honneur !
Djamel Menad, Tedj Bensaoula et l’excellent Mokhtar Kalem du fameux CRB des années 60/70 sont quasiment les meilleurs qu’on ait eus en Equipe nationale. Certes, il y a eu aussi Dali et Baïleche qui ont marqué les esprits, mais Menad est le seul à avoir fait gagner à l’Algérie un titre (CAN 90) parmi ses concurrents. Buteur racé doté d’une puissante frappe, Menad a enchanté au CRB et à la JSK. Tedj Bensaoula était son plus grand rival pour ce titre honorifique de meilleur buteur des 50 dernières années. Il lui avait même barré la route des Verts, par sa régularité. Tedj mérite autant d’honneurs pour l’ensemble de sa carrière. On n’oubliera jamais ses trois buts inscrits contre le Maroc à Casablanca. Quel bonheur ! Comme on ne peut oublier Menad et ses barouds d’honneur !
Ailier gauche :
1-Salah Assad
2-Djamel Zidane
3-Djamel Tlemçani
Assad, le magicien au ghorraf d’or
Tlemçani et Zidane sont des concurrents qui peuvent aisément se hisser à la première place, tellement ils ont été exceptionnels, mais malheureusement pour eux, Salah Assad est là. Il est incontestable dans son couloir gauche. Un magicien qui enchantait les foules et hypnotisaient les défenseurs. Le «rouquin» était considéré comme le meilleur au monde à son poste en 1982. Il savait tout faire avec un ballon. Il a gagné sa place de titulaire chez les A, alors qu’il était encore dans la catégorie juniors. Assad a gravé son nom dans le couloir gauche des Verts. Ceux qui sont venus après lui ont éprouvé énormément de difficultés à faire oublier Assad et son «ghorraf» magique.
Sélectionneurs :
De grands sélectionneurs se sont relayés à la tête de l’Equipe nationale durant ces 50 années d’Indépendance, à l’instar de Khabatou, Leduc, Ighil, Mekhloufi, Makri, Firoud… mais deux ont marqué de leur empreinte l’histoire des Verts : Mahieddine Khalef et Rabah Saâdane. Le premier pour avoir écrit les plus belles pages du renouveau du football algérien, JM Split, CAN-80, CAN-84 et surtout la Coupe du monde 82 qui a révélé le football algérien au monde entier. Le second a qualifié l’Algérie à deux Coupes du monde et était également dans le staff qui a permis aux Verts de se qualifier au Mondial-82. Cela suffit à faire d’eux les entraîneurs du cinquantenaire. Abdelhamid Kermali méritait amplement d’être dans le staff pour avoir offert à l’Algérie son premier titre majeur lors de la CAN-90, mais il fallait faire un choix et le nôtre s’est porté sur les deux premiers cités.
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Le top 10 des plus beaux buts
Il fallait creuser dans les archives pour choisir les dix meilleurs buts en sélection car de beaux buts, il y en a eu durant ces 50 dernières années. Pour faire le tri, nous avons dû instaurer deux principaux critères : la beauté du geste, mais aussi l’enjeu du match.
1-Omar Betrouni (Algérie 3 – France 2, le 6 septembre 1975 à Alger)
Au moment où l’arbitre s’apprêtait à siffler la fin du match et sceller la victoire de l’ancien colon, 13 ans seulement après l’Indépendance, Betrouni surgit tel un diable pour rétablir l’histoire.
2-Anthar Yahia (Algérie 1 – Egypte 0, le 18 novembre 2009 à Oum Dourman)
Dans une ambiance de guerre, Anthar semblait être porté par 35 millions d’Algériens, au moment de reprendre le ballon dans la lucarne et envoyer tout un peuple dans la rue.
3-Rabah Madjer (Algérie 2 – Nigeria 1, le 30 octobre 1981 à Constantine)
Le but qui a qualifié l’Algérie à la première Coupe du monde de son histoire.
4-Hocine Achiou (Algérie 2 – Egypte 1, le 21 janvier 2004 à Sousse)
Il n’y a que Maradona et Messi qui peuvent dribbler tout le monde et marquer le but de la victoire dans le temps additionnel. Pourtant, ce but ne nous a qualifiés qu’en quarts de finale d’une CAN.
5-Lakhdar Belloumi (Algérie 2 – Allemagne 1, le 16 juin 1982 à Gijon)
Le but qui a permis à l’Algérie de créer l’une des plus grosses surprises de l’histoire de la Coupe du monde.
6-Tedj Bensaoula (Maroc 1 – Algérie 5, le 19 décembre 1979 à Casablanca)
Ceux qui veulent revoir ce but de Bensaoula se rendront compte que le tiki-taka n’était pas méconnu au sein de l’équipe algérienne des années 80.
7-Salah Assad (Algérie 2 – Nigeria 1, le 10 mars 1982 à Benghazi)
Quel timing ! Quelle double détente ! Quel but de Salah Assad. Et dire que ce n’était pas le seul durant la CAN-82.
8-Cherif Oudjani (Algérie 1 – Nigeria 0, le 16 mars 1990 à Alger)
Critiqué de toutes parts durant toute la Coupe d’Afrique, Chérif Oudjani a surgi au bon moment en inscrivant le but qui a offert à l’Algérie le seul titre majeur de son histoire.
9-Rafik Saïfi (Algérie 1 – Zambie 0, le 6 septembre 2009 à Blida)
Il n’y a que Rafik Saïfi qui pouvait reprendre ce centre de Matmour d’un geste acrobatique digne d’un gymnaste et permettre aux Verts de continuer à y croire dans ces éliminatoires du Mondial-2010.
10-Billel Dziri (Algérie 3 – Gabon 1, le 29 janvier 2000 à Kumasi)
Dommage que les Verts ne soient pas allés loin dans cette CAN-2000. Sinon, le but de Dziri aurait pu se hisser plus haut dans notre classement.
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1-Algérie 3 – France 2
Le premier est toujours le plus marquant
Fiche technique
06.09.1975 – Stade 5-Juillet (Alger) – Finale des Jeux méditerranéens d’Alger – Arbitre Urrestarasu (Espagne) – Buts : Kaoua (71′), Betrouni (90′), Menguelti (111′) pour l’Algérie ; Rouyer (35′), Schaer (73′ pen) pour la France.
Algérie : Cerbah, Menguelti, Ali Messaoud, Maâziz, Keddou, Safsafi, Betrouni, Ighili, (Kaoua), Benkada, Draoui, Naïm (Rabet)
Entraîneur : Mekhloufi
France : Orlandini, Marchioni, Pottier M, Stasse Vitch, Lavocat, Fernandez, Berthommier (Delestre), Rouyer (Lanterbach), Schaer, Potier J.P.
Entraîneur : Gaby Robert.
Tout était dans la symbolique d’une finale opposant l’ancien colon à l’ex-département 99 ! Pour les Algériens, ce match était comme la suite pacifique de la guerre de libération. C’est à se demander si ce n’était pas dans ce but qu’on chargea Rachid Mekhloufi, ancien international français, de monter une équipe composée exclusivement de jeunes militaires pour défier la France ! C’était une finale hallucinante ! Trop puissante pour les cœurs sensibles.
Boumediène quittait le stade, quand Betrouni égalisa à la 90’
Imaginez la France qui mène 1-0 au 5-Juillet, dès la 35’, puis Kaoua qui égalise à la 71’, avant que Schaer ne refroidisse le stade, deux minutes plus tard. Même le président Boumediene n’y croyait plus et avait décidé de quitter le stade, à quelques minutes du coup de sifflet final, pour ne pas avoir à offrir la médaille d’or à l’ancien colon. On dit que c’est de la voiture présidentielle qu’il entendit l’énorme explosion du public, après le but inespéré de Omar Betrouni à la toute dernière minute du match. Il reviendra aussitôt pour assister aux prolongations, le cœur broyé par le stress et l’espoir renaissant. A la 111’, quand Menguelti donnera l’avantage aux Verts, la folie reprit de plus belle. Tout le monde regardait la montre et l’incroyable score que le tableau électronique affichait fièrement : Algérie 3 – France 2 !
Comme un bébé désiré depuis longtemps…
Même les grands-mères avaient pleuré ce soir-là, en voyant les torches improvisées par torsion de papier journal illuminer les tribunes du stade. Dans les rues, on fêtait la seconde indépendance de l’Algérie. C’était trop fort et trop beau pour être oublié ! Le mental de guerrier était né ce soir-là. C’est parce que l’Algérie était jeune et encore naïve que ce match restera, sentimentalement, comme le plus poignant de toute l’histoire du football national. C’était comme les larmes de joie versées après de la naissance d’un bébé attendu depuis très, très longtemps…
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2-Algérie 1 – Egypte 0
Les héros d’Oum Dourman
Fiche technique
18.11.2009 – Stade : Oum Dourman (Soudan) – Match d’appui qualificatif à la Coupe du monde 2010)- 40 000 spectateurs – Arbitre : Eddy Maillet (Sychelles). But : Yahia (40’) (Algérie)
Algérie : Chaouchi, Bougherra, Yahia (Zaoui 68), Yebda, Halliche,
Belhadj, Saïfi (Ghilas 84’), Ziani, Mansouri, Ghezzal, Meghni
(Matmour 58’).
Entraîneur : Saâdane
Egypte : El Hadari, Moawad, El Sakka, Saïd, W. Gomaâ, Fathi (Zidan 46’), El Mohammadi, Abou Trika, Hassan (cap), Meteab, Zaki (Abd Rabou 46’).
Entraîneur : Hassan Shehata
On peut le mettre aisément à la tête des matchs les plus marquants, tellement on garde encore les vibrations de cette victoire. Ziani, Yahia, Zaoui, Bougherra, Meghni, Matmour, Chaouchi, Mansouri et tous les autres resteront éternels dans nos mémoires, pour nous avoir offert cette qualification contre l’Egypte. Quand on revoit les images dans les tribunes du stade d’Oum Dourman, de ces vieilles mamies vêtues de foulards et djellabas représentant les quatre coins du pays, toutes venues pour affronter les Egyptiens, on se demande s’il y a plus forte symbolique de l’unité du peuple. C’était tout simplement magique !
Un peuple uni derrière ses héros
Ce match restera la grande référence de la volonté du peuple à s’unir pour un même objectif. Ceux qui étaient au Soudan regrettaient de ne pas se trouver dans le pays au coup de sifflet final. Et ceux qui n’ont pas eu la chance de monter dans l’un des 52 vols affrétés par Bouteflika rêvaient de se joindre au cortège de véhicules qui fêtaient la qualification dans les rues de Khartoum. Les visages d’Al Hadary, Mateb, Hassan et tous les Egyptiens en pleurs augmentaient notre fierté de les avoir éliminés de la course pour le Mondial sud-africain. La fête durera plusieurs jours avec, en apogée, le cortège du bus des joueurs, sillonnant les rues d’Alger, devant un peuple en totale communion avec ses héros d’Oum Dourman.
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3-Algérie 2 – Allemagne 1
L’Algérien avait enfin grandi !
Fiche technique
16.06.1982 – Stade Molinon (Gijon, Espagne). – Phase finale Coupe du monde 82 – 20 000 spectateurs – Arbitre : Lobo (Pérou) – Buts : Madjer (53′), Belloumi (69′) pour l’Algérie ; Rummenigge (68′) pour la RFA
Algérie : Cerbah, Merzekane, Mansouri, Kourichi, Guendouz, Fergani, Madjer (Larbès), Dahleb Mustapha, Zidane Djamel (Bensaoula), Belloumi, Assad
Entraîneur : Khalef
RFA : Schumacher, Kaltz, Briegel, Foerster, Stielike, Magath (Fisher), Littbarski, Breitner, Dremmler, Hrubesh, Rummenigge
Entraîneur : Derwall
Ce qui a mis ce match dans un contexte particulier, ce sont les déclarations hautaines des joueurs allemands qui se moquaient des «petits Algériens». «Si on perd ce match, je prendrai le premier train pour l’Allemagne», plaisantait feu Jupp Derwall et ses joueurs dédiaient leurs 5e et 6e buts à leurs proches, persuadés qu’ils n’allaient faire qu’une bouchée des Algériens. C’était cela leur grande erreur ! Parce qu’ils ne savaient qu’ils allaient avoir en face d’eux des guerriers qui pouvaient tout pardonner, sauf l’arrogance. Cet après-midi-là, les mariages étaient suspendus, les rues désertes et tous les regards braqués sur Gijon. Même la prière d’Al Âsr avait été «repoussée» en direct à la radio, par notre cher Sallah, obnubilé par la passion et l’enjeu du match. Alors quand les héros avaient battu l’Allemagne, grâce à une technique déroutante, l’Algérie tout entière s’était déversée dans les rues. Les gens montaient dans les camions, les bus et les véhicules, sans savoir où ils allaient atterrir. C’était tout simplement incroyable ! Gigantesque ! L’Algérien était définitivement persuadé qu’il pouvait être l’égal des plus grands et dans tous les domaines ! Une vraie leçon de vie…
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4-Algérie 1 – Nigeria 0
La victoire de Madjer et du public
Fiche technique
16.03.1990 -Stade du 5-Juillet (Alger) – Finale de la Coupe d’Afrique des nations – Arbitre : M. Diramba (Gabon) But : Oudjani (38’) pour l’Algérie)
Algérie : Osmani, Aït Abderrahmane, Benhalima, Megharia, Serrar, Chérif El Ouazzani (Meftah), Amani, Saïb, Menad, Oudjani (Rahem), Madjer
Entraîneur : Kermali
Nigeria : Alloysius Agu, Uche Okechukwu, Isaac Semitoje, Herbert Anijekwu, Uwe Andrew (Abdul Aminu), Ademola Adeshina, Moses Kpakor, Thompson Oliha, Ayodele Ogunlana (Daniel Amokachi), Rashidi Yekini, Friday Elaho
Entraîneur : Clemens Westerho
La magie était plus forte lors des matchs précédents que dans cette finale que personne ne pouvait imaginer échapper aux Verts. La victoire 5-1 lors du premier tour face au Nigeria avait conforté Madjer et Menad dans leur conviction. Mais ce ne fut pas facile devant feu Yekini, Oliha et Amokachi qui ont montré un tout autre visage lors de cette finale. Quand Cherif Oudjani libérera les siens à la 38’ d’un tir tendu à ras du sol, l’Algérie respirait un peu mieux. Mais ce n’est qu’au coup de sifflet final que la boule d’angoisse ressortira de manière définitive. Paradoxalement, ce n’est pas la meilleure équipe d’Algérie qui nous offrit notre unique CAN. Mais il y avait, en plus d’un puissant Menad, un capitaine nommé Rabah Madjer au sommet de son art, emporté par un public qui a mérité plus que jamais son surnom de 12e homme !On peut le mettre aisément à la tête des matchs les plus marquants, tellement on garde encore les vibrations de cette victoire. Ziani, Yahia, Zaoui, Bougherra, Meghni, Matmour, Chaouchi, Mansouri et tous les autres resteront éternels dans nos mémoires, pour nous avoir offert cette qualification contre l’Egypte. Quand on revoit les images dans les tribunes du stade d’Oum Dourman, de ces vieilles mamies vêtues de foulards et djellabas représentant les quatre coins du pays, toutes venues pour affronter les Egyptiens, on se demande s’il y a plus forte symbolique de l’unité du peuple. C’était tout simplement magique !
Un peuple uni derrière ses héros
Ce match restera la grande référence de la volonté du peuple à s’unir pour un même objectif. Ceux qui étaient au Soudan regrettaient de ne pas se trouver dans le pays au coup de sifflet final. Et ceux qui n’ont pas eu la chance de monter dans l’un des 52 vols affrétés par Bouteflika rêvaient de se joindre au cortège de véhicules qui fêtaient la qualification dans les rues de Khartoum. Les visages d’Al Hadary, Mateb, Hassan et tous les Egyptiens en pleurs augmentaient notre fierté de les avoir éliminés de la course pour le Mondial sud-africain. La fête durera plusieurs jours avec, en apogée, le cortège du bus des joueurs, sillonnant les rues d’Alger, devant un peuple en totale communion avec ses héros d’Oum Dourman.
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6-Maroc 1 – Algérie 5
Dans le pire contexte politique
Fiche technique
09.12.1979 – Stade d’Honneur (Casablanca) – Eliminatoires des jeux Olympiques de Moscou 80 – Arbitre : Michelotti (Italie) – Buts : Bensaoula (15′, 16′ et 69′), Guemri (71′), Assad (87′) pour l’Algérie, Limane (32′ pen) pour le Maroc
Algérie : Cerbah, Derouaz, Kouici, Khedis, Guendouz, Mahiouz, Guemri, Fergani, Bensaoula, Belloumi, Assad
Entraîneurs : Khalef et Raykov
Entraîneur : Cluzeau
Ce jour-là, Bensaoula avait rebaptisé le stade d’Honneur de Casablanca, en celui de déshonneur… Pire contexte politique entre les deux pays voisins, il n’y a pas, si l’on excepte la guerre des sables de 1963. Il fallait s’appeler Tedj pour oser découronner le roi Hassan II chez lui. Incertain pourtant, Bensaoula avait perdu son père deux jours avant ce match, mais le devoir national était aussi une bonne thérapie pour calmer la douleur. Cette victoire était alors considérée par les politiques des deux pays comme une suprématie symbolique. Et les Verts ont donné cinq gifles historiques au Maroc, sur son propre sol. Incroyable ! Boumediène avait sans doute vibré dans sa tombe ce jour-là, lui qui nous avait quittés, un an auparavant, à l’âge de 46 ans…
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7-Tunisie 1 – Algérie 4
La victoire de la grande revanche
Fiche technique
06.10.1985 – El Menzah (Tunis) – Eliminatoires Coupe du monde 86- Arbitre : Schoeters (Belgique) – Buts : Madjer (24′), Menad (43′, 87′), Kaci-Saïd (67′) pour l’Algérie ; Rekbaoui (16′) pour la Tunisie.
Algérie : Drid, Sadmi, Mansouri, Kourichi, Guendouz, Kaci-Saïd, Madjer (Yahi), Maroc, Menad, Belloumi, (Chaïb), Assad
Entraîneur : Saâdane
Tunisie : Sebaï, Cheriti, Jaziri (Braham), Chergui, Benyahia, Zouaoui, Hergal, Maâloul, Rekbaoui, Mountasser (Houarbi), Bessam
Entraîneur : Zouaoui
C’était le match de la peur et de la grande revanche. La Tunisie de Attouga et Tarek Diab avaient fait pleurer toute l’Algérie, en arrachant une belle qualification au Mondial-78, en Argentine. Sept ans plus tard, Assad, Kaci-Saïd, Menad, Madjer et Belloumi laveront l’honneur de l’ancienne génération. Rekbaoui donne pourtant l’espoir à son pays dès la 16’ d’un tir à ras de terre, aussi vicieux que puissant. Mais la machine algérienne était bien huilée ce jour-là. Madjer égalise 8’ plus tard et Menad bombarde Sebaï, juste avant la mi-temps. Le brillant Kaci-Saïd réalisera l’un de ses meilleurs matchs avec les Verts, découvrant son immense talent de meneur et buteur. L’Algérie donnera une véritable leçon de football aux Tunisiens. Menad inscrira le 4e but algérien sous les applaudissements du public d’El Menzah qui apprit le refrain de Deriassa «Hadi el Bidaya, mazal, mazal…» Le match retour avait confirmé la suite par un net 3-0 qui nous envoyait à Mexico 86…
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8-Algérie 1- Nigeria 0
Le jour du titre unique des Verts
Fiche technique
28.7.78 – Stade 5-Juillet (Alger) – Finale des Jeux africains d’Alger – Arbitre : Hafedh (Tun) – But : Bencheikh (33′) pour l’Algérie
Algérie : Cerbah, Mahiouz, Kouici, Horr, Hadefi, Safsafi, Betrouni, Ighili, Belkedroussi, Bencheïkh, Aouis
Entraîneur : Mekhloufi
L’image qu’on retient le plus de ce match est sans doute celle de Ali Bencheïkh, bourreau du géant Okala, la tête ensanglantée, puis bandée pour avoir été blessé par un projectile lancé des tribunes. Mais la victoire était si puissante ce soir-là qu’on relégua cet incident à sa plus simple expression. L’Algérie revivait les mêmes sensations que celles des JM de 1975. Même stade, même podium et même médaille d’or offerte pour le peuple. Les joueurs étaient de vrais héros et Mekhloufi savourait son deuxième titre avec les Verts. La nuit fut longue et chaude en cet inoubliable 28 juillet 1978. C’était l’époque où les Algériens faisaient la queue pour acheter les photos des footballeurs…
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9-Nigeria 0 – Algérie 2
La victoire des grands espoirs
Fiche technique
10.10.1981 – Stade Surulere (Lagos) – Eliminatoires Coupe du monde 82 – Arbitre : Agnolin (Italie) Buts : Belloumi (34′), Zidane (44′) pour l’Algérie
Algérie : Cerbah, Larbès, Kourichi, Guendouz, Mansouri, Kaci-Saïd, Chebel (Assad), Fergani, Zidane, Belloumi, Gamouh (Kouici) Entraîneurs : Rogov-Saâdane-Maouche
Nigeria : Best, Opkala, Bamidele, Chekwe (Keshi), Isine, Banjo, Muda, Andraw, Odegbami, Usugnan, Owolabi, (Nwokocho)
Entraîneur : Otto Gloria
Lorsqu’on raconte aux jeunes d’aujourd’hui que l’Algérie des années 80 était plus forte, ce n’est pas pour rien. Non seulement on était la «bête noire» du grand Nigeria, mais on se permettait le luxe de gagner des matchs décisifs à l’extérieur. Allez gagner aujourd’hui à Lagos ! Ce match-là était le véritable déclencheur de l’épopée de Gijon. C’est cette victoire par deux buts signés Belloumi et Djamel Zidane qui a permis au peuple algérien de commencer à rêver les yeux ouverts de la qualification à la Coupe du monde. Les Nigérians étaient affolés par la technique et la rapidité des Algériens. Quand Kouici le défenseur rentrait à la place de Gamouh, ils croyaient que les Verts allaient verrouiller derrière, mais le lutin les a rendus fous avec ses montées spectaculaires. L’entrée de Assad à la place du vaillant Chebel n’avait pas arrangé les affaires des Nigérians et la victoire avait réchauffé les cœurs de tous les Algériens.
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10-Algérie 0 – Cameroun 0
Pas «nul» du tout !
Fiche technique
14.03.1984 – Bouaké – Demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations – Arbitre Picon (Iles Maurice)
Algérie : Cerbah, Sadmi, Chaïb, Kourichi, Guendouz, Kaci-Saïd, Madjer, Fergani, Bensaoula (Bouiche), Belloumi, Menad (Yahi) Entraîneur : Khalef
Cameroun : Bell, Toube, Aoudou, Doumbe Léa, Sinkot, Kingue (Kunde), Abega, Mbida, Ebongue, Milla, Djonkep (Nguea)
Entraîneur : Ognanovic
Ce match faisait rappeler un vrai combat de boxe entre poids lourds. Les deux meilleures équipes d’Afrique s’affrontaient en demi aux allures de finale. Le score se termina par un nul (0-0) qui n’avait rien à envier à un 4-4, tellement le jeu était plaisant. Du grand art des deux côtés où la tactique des deux formations était étalée au grand bonheur des puristes. C’est comme si Mohamed Ali affrontait Joe Frazier ! Les deux puncheurs ne s’affolaient pas et se portaient vers l’avant à tour de rôle. Un vrai combat qui a fini par épuiser tout le monde. A tel point que les tirs au but manquaient de provoquer des arrêts cardiaques dans les deux camps. Un match historique de très haut niveau qui montra le vrai visage du football africain quand les génies sont réunis sur le terrain. Milla, Ebongue, Mbida, Abega et Kunde jubilaient autour de Bell quand Mahmoud Guendouz envoya le ballon au-dessus de la barre… Triste sort, mais quel beau match des Verts !