Si l’année passée, la saison avait été sauvée in extremis, comme par miracle, tout porte à croire que Riyad n’aura pas la même chance, cette année, au regard de l’ampleur qu’est en train de prendre cette épidémie, au point de mettre en émoi l’OMS (Organisation mondiale de la santé), mais aussi toute la communauté mondiale.
Rien ne va plus en Arabie saoudite.
Le royaume wahabite, en effet, vient d’annoncer treize nouveaux décès dus au coronavirus MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), portant à 139 le nombre de victimes du virus dans le royaume, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a convoqué une réunion d’urgence pour demain.
Dans son dernier bilan établi, samedi après-midi, le ministère de la Santé a fait état de la mort de six personnes touchées par le MERS -trois jeunes femmes de 22, 26 et 35 ans décédées à Riyad, une femme de 68 ans et un homme de 78 ans à Médine (ouest) et un septuagénaire mort à Jeddah, la capitale économique.
Dans un précédent communiqué diffusé la veille, il avait déploré la mort de 7 personnes : trois hommes de 94, 51 et 42 ans, dans la région de Jeddah, un homme de 74 ans à Taëf, et une femme de 71 ans et deux hommes, âgés de 81 et 25 ans à Riyadh. Le ministère recense au total 480 cas d’infections par le coronavirus MERS, depuis l’apparition de la maladie en Arabie saoudite, en 2012. Depuis le début mai, 32 personnes sont décédées de la maladie.
«Une augmentation de nombre de cas dans différents pays a soulevé des questions », a déclaré un porteparole de l’OMS, rappelant que le comité d’urgence avait tenu, depuis l’apparition de la crise, quatre réunions, dont la dernière en décembre. Selon le dernier bilan de l’OMS publié mercredi, depuis septembre 2012, 496 cas ont été confirmés dans le monde.
Le coronavirus MERS est considéré comme un cousin, plus mortel, mais moins contagieux, du virus responsable du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003. Comme lui, il provoque une infection des poumons, et les personnes touchées souffrent de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires. À la différence du SRAS, il génère aussi une défaillance rénale. Il n’existe pour l’heure aucun traitement préventif contre le coronavirus MERS.
Ce syndrome étant, lui aussi, contagieux, et au regard de l’ampleur qu’est en train de prendre cette épidémie, carrément inédite dans les annales de ce royaume, de sérieuses menaces peuvent compromettre la tenue de la saison du hadj, et, avant elle, celle de la omra du mois de ramadan, dont le début est attendu dans à peine deux mois.
Ainsi, si l’Arabie saoudite, pour d’évidentes raisons financières et de prestige interne, s’évertuaient à maintenir en l’état ses calendriers religieux, n’imposant aux futurs pèlerins que des règles sanitaires un peu plus pointues, elle court au devant de graves dangers. Le risque est grand, en effet, de voir l’épidémie prendre une plus grande ampleur au regard de la promiscuité qu’impose le hadj. Plus grave encore, le retour chez eux de ces millions de pèlerins, aux quatre coins du monde, peut, quant à lui, contribuer à disséminer ce virus mortel au niveau de la planète entière. Le moins que l’on puisse dire dès lors est qu’il y a bel et bien péril en la demeure.
Ali Oussi