L’Entreprise portuaire d’Alger est sommée de céder sa capitainerie, un bâtiment situé au quai n° 12 du port d’Alger, conformément à l’arrêt rendu par le Conseil d’Etat dans l’affaire l’opposant au ministère de la Défense nationale. Une décision irrévocable qui risque de perturber, pour un bout de temps, l’activité portuaire.
La fâcheuse nouvelle a suscité colère et indignation parmi le personnel et le syndicat de l’entreprise. La panique s’est emparée même des officiers de la capitainerie qui, disent-ils, ne savent plus à quel saint se vouer.
Une véritable tempête risque de s’abattre sur le port d’Alger, selon eux. Ils ont du mal à accepter le fait que la décision de justice soit exécutée à une période où la météorologie n’est guère rassurante. «Même la météo risque de nous jouer un mauvais tour», pestent l’ensemble des syndicalistes et du personnel.
«On nous a insinué qu’on nous délogera de force d’ici une semaine, avec le recours à la force publique», s’est indigné Ahmed, officier de la capitainerie du port d’Alger, qui, à l’annonce de la décision de justice sommant l’entreprise portuaire de céder le bâtiment, pourtant construit sur les fonds propres de l’entreprise, a rangé ses galons, se sentant lésé. Les syndicalistes n’en reviennent pas, visiblement contrariés eux aussi par la décision de justice et la célérité de son exécution.
«On ne sait plus quoi faire. Il faut qu’on nous apporte une solution de rechange. On ne peut pas du jour au lendemain mettre notre matériel en insécurité», ajoute l’officier de la capitainerie, d’un air inquiet, lui qui est chargé du mouvement des navires, de la police, du plan d’eau et de la façade maritime depuis de longues années. Il ne s’est pas ménagé pour expliquer et apporter toutes les preuves de ses dires, tout en nous invitant à visiter la tour de contrôle.
«C’est d’ici qu’est établi le premier contact avec tous les bateaux. Même les bateaux militaires sont guidés à partir d’ici», assure un directeur de la capitainerie. «Qui assurera les différentes manœuvres du port? La capitainerie n’est pas une administration.
Elle contribue à la sécurisation du port et est au service de l’économie nationale», s’indigne B. Ahmed, et d’enchaîner : «Vous savez, même s’ils ramènent des équipes spécialisées ou des firmes étrangères pour réinstaller le matériel ailleurs, il faudra au moins trois mois. C’est un travail colossal».
Le bâtiment de la capitainerie englobe une panoplie de structures opérationnelles qui sont d’une importance vitale pour l’activité portuaire, à savoir la capitainerie, le remorquage, le pilotage et la station radar (VTS).Le directeur général de l’EPAL, M. Ghettas, a réuni, hier en fin d’après-midi, l’ensemble des responsables de la capitainerie et de son bureau syndical pour les informer que la décision de déloger la capitainerie est irrévocable. Rien de nouveau n’a filtré après la réunion. «On ne peut rien faire. On quittera les lieux.
Pour l’instant, il dit (le DG, ndlr) qu’on nous accordera une échéance pour qu’on a le temps de transférer ailleurs le matériel, mais on ignore sa durée», nous a indiqué Amar, du bureau syndical de l’entreprise. Quand à l’éventualité d’installer la capitainerie au niveau du bâtiment de l’entreprise de rénovation navale (ERNAV), elle est balayée d’un revers de main. Celui-ci affirme qu’»il est impossible de mettre deux directions, la capitainerie et le remorquage, dans un bâtiment déjà opérationnel. Il est trop exigu déjà. Il ne pourra pas accueillir tous les services», a-t-il tranché.
Ahmed kess