L’envoyé spécial de Sarkozy aujourd’hui à Alger Paris veut mettre le paquet

L’envoyé spécial de Sarkozy aujourd’hui à Alger Paris veut mettre le paquet

L’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin est attendu aujourd’hui à Alger où il devrait avoir des entretiens avec les responsables algériens pour consolider la coopération économique entre les deux pays, et, surtout, donner «un coup d’accélérateur» à certains projets français en Algérie.

Après son dernier séjour en Algérie au mois de mai dernier au cours duquel il avait dirigé une forte délégation de chefs d’entreprises, il devra cette fois-ci faire avancer les dossiers de Renault, Lafarge et Total.

C’est en somme les grands chantiers qu’il est mandaté à relancer, d’autant qu’à Alger on insiste énormément sur le projet de construction d’automobile de Renault en Algérie.

Sur ce projet notamment, il avait lors d’une récente intervention à Paris relevé que c’est un objectif sur lequel «on peut avancer de manière pragmatique en répondant à l’aspiration du peuple algérien par la création d’emplois sachant que l’industrie automobile est un levier important dans ce sens». «Il y a un potentiel fort et des technologies en Algérie.

Réaliser ce projet à partir de l’Algérie pour le marché algérien ainsi que les marchés qui intéressent ce pays, et qu’il puisse y avoir des partenariats stratégiques, sont des objectifs sur lesquels on peut avancer», at- il a dit. «Sur les perspectives qu’on peut mobiliser en commun, il est nécessaire d’avoir un certain nombre de visions opérationnelles entre les deux pays, qu’on peut mener avec respect et pragmatisme », a-t-il poursuivi.

Allant plus loin dans son analyse lors d’un séminaire à Paris fin décembre sur les opportunités économiques offertes par l’Algérie, il a estimé possible la construction d’une industrie pétrochimique en Algérie, mettant en relief le potentiel de produits bruts que possède l’Algérie.

La visite de Raffarin en Algérie sera par ailleurs centrée sur les deux autres dossiers en suspens: celui de l’usine de ciment d’Oum El-Bouaghi négociée avec le cimentier français Lafarge, et le projet de vapocraquage d’éthane à Arzew et pour lequel Total est en lice.

Le projet de cimenterie d’Oum El-Bouaghi sera bientôt relancé, avait annoncé de son côté le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M. Mohamed Benmeradi, qui a souligné que Lafarge vient d’accepter la règle des 49-51%.

«Nous avons reçu, il y a un mois de cela, une correspondance de Lafarge où il affirme sa disponibilité à relancer le projet de la cimenterie de Sigus (Oum El-Bouaghi) sur la base d’un partenariat à 49%-51%», a-t-il précisé en réponse à une question orale d’un sénateur qui s’inquiétait sur l’avancement de ce projet.

Pour autant, l’envoyé personnel du président français en Algérie devra avoir des entretiens avec le ministre de l’Industrie, M. Benmeradi, sur ces projets et les moyens de les relancer durablement, car pour le moment la frilosité des entreprises françaises à investir en Algérie est devenue patente.

Au mois d’octobre dernier, l’ambassadeur de France en Algérie, M. Xavier Driencourt, avait indiqué à Béjaïa que les parts de marché détenues par les entreprises françaises en Algérie sont «en recul», les estimant actuellement à 17%.

Pour le président du patronat français Jean-Marie Dauger, «des solutions pragmatiques sont utilisées entre entreprises algériennes et françaises pour s’adapter dans le respect du cadre des règles d’investissement et des marchés publics ». Les entreprises françaises investissent en Algérie depuis plusieurs dizaines d’années.

«Près de 450 sociétés sont implantées, filiales de grands groupes et de PME dans tous les secteurs d’activités, employant plus de 30.000 personnes et générant 100.000 emplois indirects, ce qui fait de la France le premier investisseur étranger en Algérie’’, a-t-il fait remarquer dans une déclaration à l’APS.

En clair, la visite de Raffarin en Algérie devrait redonner de la consistance aux projets industriels annoncés des deux côtés, notamment celui de Renault, qui a inauguré du reste une méga-usine dans la zone franche de Tanger, au Maroc.

Yazid Alilat