Du mauvais usage de l’argent public
La mise à niveau de 20 000 entreprises, prévue dans le plan quinquennal 2010-2014, dotée d’une enveloppe de 336 milliards de dinars, soit environ 5 milliards de dollars, connaît un énorme retard. Près de trois ans et demi après la mise en œuvre de ce programme quinquennal, moins de 10% de ce montant est consommé. Pis encore, 1 000 entreprises sur les 20 000 ont reçu jusqu’ici le feu vert pour le financement de l’action de mise à niveau. A un an et demi de sa clôture, l’opération démarre à peine avec des pré-diagnostics et des diagnostics en cours ou en voie de lancement pour ce millier d’entreprises.
On n’en est pas encore à la véritable mise à niveau qui prévoit la modernisation de la PME avec des changements positifs dans le management, l’organisation et l’investissement dans la rénovation de l’outil de production ou l’extension des capacités de production en vue d’assurer la compétitivité et une croissance durable. Bel exemple de mauvaise gestion de l’argent public, de manque de suivi par les pouvoirs publics d’une opération considérée comme déterminante en matière de croissance économique du pays.
Cette manne quasiment gelée pendant près de trois ans et demi aurait pu servir à muscler l’économie nationale par des investissements bien ciblés dans les ressources humaines, le renforcement de nos capacités d’études, d’ingénierie et de recherche appliquée. Ce qui aurait réduit de façon significatives nos importations de services qui dépassent aujourd’hui les 10 milliards de dollars. Suivant un expert financier, elle aurait pu servir à améliorer l’environnement de l’entreprise.
Tout se passe en Algérie comme si le temps n’est pas de l’argent.
Au départ déjà, des économistes brisaient le mur du silence en affirmant que le programme est trop ambitieux et que la démarche est boiteuse. En somme, une erreur de casting commise par nos stratèges au sommet de l’Etat : comment une agence, l’Andpme, aux ressources humaines limitées, peut-elle piloter un programme aussi important et aussi complexe ?
A-t-on tiré les leçons des mises à niveau de Meda 1 et Meda 2 qui, en l’espace de 10 ans, ont touché une portion très minime de notre tissu de PME, avec des résultats jugés très décevants par les entrepreneurs eux-mêmes. Autant de questions qui renvoient à la mauvaise gouvernance du pays qui s’abstient des évaluations à mi-parcours et qui fait table rase des critiques sur l’usage de l’argent public. L’Algérie avance ainsi les yeux fermés et les oreilles bouchées. Tout le monde devine la suite. A moins que…