«Même pour un milliard, l’Algérie aurait acheté Dallas, ou alors il faut n’assurer que deux ou trois heures de programme par jour.» Abdou B, ex-DG de l’ENTV et directeur de la revue 2 Ecrans
Plus de 30 ans après sa première diffusion en Algérie, le feuilleton Dallas, qui est ressorti aux Etats-Unis dans sa nouvelle version, sera-t-il diffusé sur l’Entv en septembre 2012? C’est la question que nous nous posons après que l’Entv eu repris sa position de leader dans le Maghreb, en achetant, notamment le feuilleton le plus cher dans l’histoire du Monde arabe Omar pour la période du Ramadhan.
Même s’il faut dire que le contexte politique et audiovisuel n’est plus le même depuis quelque temps dans la région.
En 1979, Dallas était devenu le feuilleton phénomène sur toute la planète, en rassemblant des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde.
Créé par deux producteurs juifs américains: David Jacobs et Léonard Katzmann, le feuilleton était regardé par 28 millions de téléspectateurs chaque semaine sur la chaîne américaine phare de l’époque, CBS. Le succès aidant, le feuilleton était revendu à 90 pays dans le monde et le succès était garanti.
Dans le Maghreb et même dans le Monde arabe et africain, l’Algérie était le premier pays à diffuser avant tout le monde la célèbre série américaine (avant même les Français) et pour cause, l’Algérie avait fortement contribué à la libération des otages américains à Téhéran en 1979 et pour la récompenser le gouvernement de Jimmy Carter à l’époque, avait offert en exclusivité la série Dallas presque gratuitement à la télévision algérienne.
A l’époque, la réalisation de chaque épisode coûtait plus de 700.000 dollars, dont 25.000 dollars allaient aux cachets des comédiens principaux de la série.
Larry Hagmann, qui a interprété le rôle du méchant JR touchait, à lui seul, entre 50.000 à 70.000 dollars pour chaque épisode. Worldvision Entreprises, facturait à des prix différenciés qui vont pour les pays occidentaux de 2 500 francs suisses à 25.000 francs suisses l’épisode.
Alors que la Côte d’Ivoire aurait acheté la série pour moins de 6000 francs suisses. Or l’Algérie achetait les mêmes épisodes pour seulement 3500 DA (l’équivalent à l’époque de 5 000 francs français).
Ce chiffre, explique la revue Les 2 Ecrans n° 41 de novembre 1981, est calculé sur le nombre de téléviseurs recensés dans le pays et en l’absence de tout gain publicitaire.
Alors que la Grande-Bretagne devait verser 210 000 francs suisses pour chaque rediffusion d’un épisode de la série. Mais plus de 30 ans après, le feuilleton Dallas, que feu Rachid Farès, avait adopté comme surnom, qui avait inspiré Mohamed Zemmouri pour son film De Hollywood à Tamanrasset, est en recul sur la réalité audiovisuelle.
Dallas qui était interdit dans la majorité des pays socialistes comme la Russie et musulmans comme le Pakistan, surtout l’Arabie Saoudite, parce que la série faisait les louanges du capitalisme et de la liberté des moeurs en pleine guerre froide et la montée de l’intégrisme religieux, n’est pas aujourd’hui la priorité pour les télévisions du monde entier.
Même si la version 2012, qui remet en selle le toujours fringant JR, l’élégant Boby Ewing, la belle Sue Ellen malgré ses 70 ans et surtout leur progéniture à l’âge adulte, la série n’aura pas le même succès planétaire. TF1 vient d’acquérir les droits du feuilleton qu’elle va diffuser en septembre, l’Entv réfléchit à acheter les droits de cette série pour la diffuser sur le réseau terrestre.