L’entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger passée au scanner Népotisme, abus de pouvoir et dépenses abusives

L’entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger passée au scanner Népotisme, abus de pouvoir et dépenses abusives
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L’ETUSA se trouve une fois de plus, une fois de trop sans doute, dans l’oeil du cyclone. Les travailleurs, excédés, n’en pouvant plus, ont décidé de crever l’abcès. Ils ne veulent rien moins que le départ de leur directeur, ainsi que celui du secrétaire général de la fédération UGTA. À l’appui de leurs revendications, ils exhibent un nombre important de documents dont ils nous ont réservé l’exclusivité.

La direction, de son côté, dément en bloc toutes les accusations dont elle est la cible. Son DG, dans l’entretien qu’il nous a accordé, a tenté tant bien que mal de s’expliquer et de se justifier. À la croisée des chemins, l’ETUSA oscille dangereusement entre la vie et la mort.

Les travailleurs de l’ETUSA, dans leur grande majorité, viennent de déclencher un énième débrayage. Comme indiqué dans notre édition d’hier, ils ont décidé de durcir le ton, refusant désormais toute négociation directe avec leur direction, tout en rejetant au passage la médiation de la fédération des transports affiliée à l’UGTA.

Une pareille escalade, intervenue moins d’un mois après un précédent débrayage, à la suite duquel les différends donnaient l’air d’avoir été aplanis, soulève pas mal d’interrogations.

Or, les réponses se trouvent peut-être chez les meneurs des grévistes, dont la direction ne reconnaît pas la légitimité. Mohamed Kherroubi, ce militant au long cours, reste plus incisif que jamais, en dépit du fait qu’il a perdu toutes ses dents dans de précédents combats.

Pour lui « l’heure de la rupture doit impérativement sonner ». Lui aussi refuse de dialoguer avec « une direction et une fédération qui les ont déjà trahis ». Ne reste donc qu’un arbitrage ministériel, lequel tarde à se faire jour.

En attendant, il est permis de revenir, sommairement, sur le mode de gestion qui caractérise cette société, toujours dans l’oeil du cyclone, et dont le plan de sauvetage continue de nager entre deux eaux. Ainsi donc, il apparaît que le plus noir dossier que continue de traîner cette société a trait au népotisme et au régionalisme qui continue de caractériser la politique des recrutements.

Le DG de la société,Yacine Krim, l’a carrément reconnu, sans ambages aucun, dans l’entretien qu’il nous a accordé. Selon les données et documents en notre possession, ce sont surtout les syndicalistes de l’UGTA, dont le SG de l’entreprise (récemment suspendu par Salah Djennouhat, le secrétaire général de l’Union de wilaya d’Alger. Voir le (document numéro 1).

De pareils faits délictueux interpellent aussi bien les autorités que les consciences, sachant que Yacine Krim, en justifiant ces pratiques, a tenu des propos pour le moins inacceptables, venant de la part d’un haut commis de l’État. Le DG, en revanche, reconnaît la présence d’un parent à lui, son oncle vraisemblablement, souffrant de graves troubles mentaux, l’ayant carrément poussé à effectuer un séjour à l’hôpital de Drid Hocine.

C’est, au reste, ce même personnage, dont le fils est également employé par la société, qui avait demandé en 1991, à être déchargé de toutes responsabilités en raison des graves troubles dont il souffre. Or, cela n’a pas empêché ce DG, son parent en somme, de le désigner au poste de conseiller auprès de la direction du réseau, lui octroyant au passage un pouvoir hiérarchique sur l’ensemble du personnel de la direction du réseau. (voire les document 1 bis et 1 ter).

ENTRE VACHE LAITIÈRE ET ENTREPRISE À PAPA !

Passons, aussi, sur les véhicules de l’ETUSA abandonnés sur la voie publique pendant que leurs chauffeurs conduisent des bus appartenant à des privés, sous l’oeil complaisant de certains responsables.

Car, a en croire le DG, un système de géolocalistion aurait été mis en place, afin de suivre en temps réel le déplacement et l’emplacement de chacun des 600 bus composant la flotte de cette société.Voilà, au reste, la justification liée à l’achat de pas moins de 6 téléviseurs à écran plasma pour une somme approchant les 100 millions de centimes. (voire le document numéro 2).

En revanche, il est plus difficile de justifier l’achat d’une Peugeot 407, pour la bagatelle de 250 millions de centimes, afin de la mettre à la disposition du DG, alors que la société est en crise, et qu’une voiture était déjà initialement dédiée à cette tâche. (voire le document numéro 3).

Par contre, notre interlocuteur a tenté, tant bien que mal, de justifier les énormes sommes dépensées en achats chez un traiteur réputé, qui ne fait franchement pas dans la dentelle quand il s’agit de facturer ses prestations.

Les factures, toutes récentes, et au nombre de 3, représentent une somme totale de près de 30 millions de centimes dépensée en un laps de temps relativement court. (voir le document numéro 4). Au chapitre des formations, dont certaines paraissent tout aussi onéreuses qu’inutiles, le DG en revendique la paternité, tout en précisant que c’est le conseil d’administration qui a donné son aval.

Les travailleurs, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils se demandent ainsi pourquoi une formation de master spécialisé en droit des affaires et management général a été prodiguée à l’assistante de ce DG pour une somme dépassant les 80 millions de centimes, si l’on compte les taxes et autres charges.

(voire document 5).Toujours est-il que Mohamed Kharroubi s’indigne par rapport à ce genre de « formations de complaisance ». Au chapitre des anomalies, toujours, signalons l’existence de très curieux ordres de missions délivrés au nom du secrétaire général du syndicat d’entreprise, récemment suspendu par Djemmouhat.

Ces ordres de missions lui octroient carrément un véhicule utilitaire de type Toyota Hilux, un mois durant, pendant deux années consécutives. Les ordres de missions, qui incluent la famille du concerné (sic !), ainsi que deux agents (re-sic), concernent certaines wilayas précises du pays.

« Une vraie villégiature aux frais de la princesse », s’indigne Kharroubi. (voire le document numéro 6) Pour conclure, signalons que notre journal compte également publier dans les tous prochains jours d’autres révélations, encore plus fracassantes, relatives à un terrain situé chemin Vauban, et dont la « gestion » aurait été faite de manière tout aussi sulfureuse que douteuse.

Il en va de même pour les énormes recettes publicitaires engrangées par l’ETUSA grâce au support de ses bus, et dont la destination reste énigmatique jusqu’à ce jour. Le dossier reste donc à suivre, en attendant de savoir pour qui roule l’ETUSA et, surtout, qu’ est-ce qu’elle est en train de… rouler… dans la farine.

M.A.