L’entraide sociale, le repère retrouvé: 300 couples pris en charge à Oran

L’entraide sociale, le repère retrouvé: 300 couples pris en charge à Oran

Les promoteurs du projet ne voient pas comment peut-on s’objecter en côtoyant le monde courtois des vivants, tout en le vivant sans verser dans l’iconoclaste.

«Nous nous sommes lancés dans une pareille opération depuis la création de notre association en 2011», dira le président de l’Association «Takafoul ijtimaii», qui veut tout simplement dire «Entraide sociale» ajoutant que «jusque-là nous avons pu réunir 300 couples auxquels nous avons fourni toute l’aide nécessaire en les mariant dans de bonnes conditions». La dernière opération remonte à samedi, journée durant laquelle 15 jeunes couples ont été mariés dans un climat plein de bonheur et de joie en présence de leurs familles, des cadres de l’association, du responsable du service de la communication près la sûreté urbaine, le commissaire Rahmani Abderrahmane et d’autres invités. Pour le président de l’association, «de telles initiatives sont matériellement supportées par des donateurs et des bienfaiteurs ayant requis l’anonymat en accomplissant leur devoir tout en assistant financièrement ces jeunes désirant parachever leur union durable, le mariage. Cependant, rien ne se fait au hasard».

Le mariage, l’affaire des hommes

La sélection des jeunes à marier doit répondre à un panel de critères rigoureusement pris en compte par les cadres de l’association que le président d’une telle organisation a refusé catégoriquement de dévoiler. «Nous ne pouvons pas divulguer les conditions que nous avons mises en place et auxquelles le demandeur de mariage doit répondre», dira le président de l’association, expliquant qu’«un tel secret que nous observons dans nos démarches évite la tricherie et l’intrusion des énergumènes». «Nous prenons en charge les mariés éligibles à la pérennité du mariage», a ajouté le président de l’association. Autrement dit, la candidature du postulant à l’aide caritative est jaugée, jugée et validée par les membres de l’association sans que les demandeurs ne se rendent compte.

Ceci dit, la tricherie n’a pas lieu d’exister tant que les garde-fous mis en place par les promoteurs d’un tel projet social prennent en compte la nécessité de la pérennité de l’union durable. Une telle union est, une fois avalisée, assistée matériellement par l’association en dotant les couples sélectionnés de tous les besoins exigés par le mariage des temps modernes. Ces besoins offerts gratuitement commencent par la chambre à coucher avec armoire, le lit, le matelas, des couvertures, le téléviseur Plasma, une machine à laver, un réfrigérateur, une cuisinière etc. Ces appareils sont récupérés par la famille de l’époux le jour de son mariage, contre un émargement à apposer par le marié, un témoin et le président de l’association. Autrement, l’époux, sélectionné, n’a de dépenses à accomplir que la dot qu’il doit négocier avec sa femme ou bien avec la famille de sa conjointe.

La dot n’est plus une entrave

A Oran, tout comme un peu partout dans plusieurs villes et localités de l’Ouest notamment chez des familles nobles, le mariage est un véritable «bon marché». Mais, il constitue un véritable casse-tête pour les jeunes de ce IIIe millénaire, notamment ceux en mal social. «Le mariage est un projet menant droit à la faillite tout candidat à l’union sacrée si l’on répond aux exigences de ces familles consistant à payer une facture douloureuse», dira un jeune homme âgé de la trentaine resté célibataire n’ayant pas de quoi payer sauf un petit salaire ne dépassant pas 30.000 DA. Dans certaines régions, des familles entières sont figées dans la tradition à la fois classique et archaïque, tant décriée aussi bien par leurs filles ayant atteint l’âge du mariage que par les hommes demandant la main de leurs filles. «Certaines familles transforment leurs filles en marchandises en exigeant des sommes à payer allant jusqu’à 100 millions de centimes», dira un jeune homme présent à la cérémonie collective de samedi.

L’association «Takafoul» vient à point nommé en s’ingéniant dans son mode opératoire tout en prenant en compte les aléas d’une telle union et en bafouant ces règles entravant des milliers de jeunes en attente de la clémence des familles de leurs dulcinées. Seulement, cette jeune association ne s’immisce aucunement dans le cadeau devant être offert par l’époux à la femme dont il demande la main. Toutefois, certaines familles ont fait preuve d’audace, brisant le tabou en déverrouillant le cadenas qui entrave le mariage béni par la loi divine et humaine. La meilleure preuve en est la cérémonie du samedi 20 mai. Tel qu’il a été précisé samedi par le président de la cérémonie de mariage collectif, celui-ci est, certes, facilité par l’association en allégeant les maris des lourdes dépenses mais également par les familles de la mariée en bénissant l’union tout en prenant en compte la situation sociale de leur gendre. Cette dot, sans avoir été fixée par aucune autorité ni encore moins par l’association, variait entre 20.000 et 60.000 dinars.

La religion est le comportement

«Nous n’intervenons pas dans ce sujet», dira le président de l’association expliquant que «trancher le cas de cette règle à respecter relève du ressort de la famille de l’épouse». D’ailleurs, le président de l’association, qui a présidé la cérémonie, a passé au peigne fin les conditions régissant le mariage avant de revenir à la dot. En ce sens, il fera la lecture d’un verset coranique définissant cette dot estimée au prix d’un quart du gramme du poids de l’or. Le président de la cérémonie, ayant achevé la lecture des conditions du mariage reposant essentiellement sur la religion, a invité les époux, représentés par leurs proches constitués d’hommes, à se rapprocher de leurs belles-familles, représentées elles aussi par leurs proches, des hommes. Là est le point culminant de la cérémonie.

L’imam tend le micro à chacun des candidats au mariage ou bien à la personne le représentant lui dictant textuellement la règle à observer en demandant publiquement la main de la femme sollicitée au mariage. Les parents ou encore les proches de celles-ci répondent, eux aussi, publiquement à la sollicitation de l’époux en donnant leur quitus tout en bénissant une telle union. Cette étape, parachevée, l’imam se met dans une incroyable osmose au discours tout influent et galvanisant, en bénissant, à son tour, une telle union, tout en priant pour la durabilité du mariage et la réussite du foyer conjugal. Pendant presque 10 minutes, l’imam, louant les bienfaits du mariage aussi bien sur le plan sanitaire que sur le plan social et de la protection des valeurs sociétales et humaines, clôt la cérémonie en faisant la lecture de la Fatiha, une «sourate» du Saint Coran légitimant l’union éternelle, le mariage.