L’Ensemble féminin «Lemma El Becharia» enchante le public algérois

L’Ensemble féminin «Lemma El Becharia» enchante le public algérois

L’Ensemble «Lemma El Becharia» a gratifié, samedi, le public algérois d’un florilège de pièces tirées pour l’essentiel de son premier album, «Lemma», sorti récemment et dédié au chant féminin traditionnel du sud-ouest algérien.

Le nombreux public de la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh-El-Feth s’est délecté, deux heures durant, appréciant dans une ambiance festive, plusieurs genres musicaux traditionnels qui regroupent les musiques populaires féminines de la région de la Saoura. Sous l’impulsion de Souad Asla, à l’origine de ce projet, onze femmes de 20 à 75 ans, parmi lesquelles les doyennes de ce genre musical, Hasna El Becharia, Lalla Mabrouka, El Hadja Zaza, Lalla Fatima Legnaouia et El Hadja Zahwa (soutenue par ses deux filles Mani et Fakhita), ont présenté dans des tenues traditionnelles aux couleurs vives et variées, une vingtaines de pièces aux contenus spirituels et festifs. Equipées de tambours, bendirs, tambourin, karkabous, ferda (tambour plat, large posé à même le sol) et d’un pilon en cuivre pour donner les différentes cadences, les «chikhet» ont embarqué l’assistance dans un voyage qui a ravivé la tradition, dans une prestation où les mélodies entonnées étaient reprises à la guitare électrique ou au goumbri par la diva Hasna El Becharia, entourée des «Lallas», Aziza, Rabiâa et Khadidja. Avec des voix présentes et étoffées, l’Ensemble «Lemma El Becharia» a interprété, entre autres pièces rendues dans les genres, ferda, gnaoui, tindi et hadra aux cadences ternaires et composées, «A Sidi Moulana», «Slat Lefdjer», «Nebki aâla Dnoubi», « Zine Elem’ma», «Dikr Errassoul fi lsani mahlaha», «A Khali idha twahacht’ni», «A houwa djana lahbib», «A baba legnaoui hada houwa», « Ghir wahdou nardjah» et «Lemti» de Souad Asla. Se basant sur une thématique récurrente dans chacune de leurs pièces, les genres interprétés sont enrichis par la beauté des textes qui célèbrent les rapports humains et subliment le divin et le prophète de l’Islam, ainsi que par les variations rythmiques et le travail de percussion qui exploite le contre temps et occupe la mesure dans ses moindres espaces. L’ensemble féminin, donnant une dimension visuelle au spectacle très appréciée par l’assistance, s’est également investi dans des danses traditionnelles, en solo ou en groupe, présentant quelques rites qui accompagnent les atmosphères festives que génère la richesse de ce registre patrimonial. Dans une ambiance conviviale, le public, cédant au déhanchement, a longtemps applaudi l’ensemble, qui aura «úuvré, des années durant, à la valorisation et la promotion de ce legs ancestral», dira une dame, après une salve de youyous lancée avec un groupe de spectatrices, qui, à leur tour, ont tenu à faire part de leur «bonheur de donner enfin de la visibilité» à un genre qui préserve la tradition, mais qui, jusque là, n’était «pratiqué qu’à l’échelle locale».

A l’issue du spectacle, Souad Asla, soutenue durant quatre ans par Maya Bensaleh, à la volonté inébranlable pour la mise en œuvre de «cette belle aventure», a donné la parole à chacune des femmes composant l’ensemble, pour dire unanimement leur «plaisir de chanter pour le public algérois», et «leur fierté de voir ce projet se réaliser». Le concert de l’Ensemble féminin «Lemma El Becharia» est programmé dimanche soir au même endroit pour une deuxième représentation.