L’enquête sur l’attentat kamikaze de Tamanrasset mobilise les services de sécurité: Plusieurs suspects algériens et maliens arrêtés

L’enquête sur l’attentat kamikaze de Tamanrasset mobilise les services de sécurité: Plusieurs suspects algériens et maliens arrêtés

L’enquête sur l’attentat kamikaze qui a secoué la ville de Tamanrasset -siège de la lutte antiterroriste au Sahel- a mobilisé d’importants moyens, depuis quatre jours. Ainsi, des officiers de la police scientifique ont été dépêchés d’Alger pour appuyer l’équipe déjà sur place, alors que le renseignement a dressé une liste de personnes qui pourraient être en lien avec l’attentat.

Ainsi, une douzaine de personnes ont été arrêtées puis relâchées dans le cadre de l’enquête, sans qu’elles ne soient inculpées pour autant. Toutefois, quatre personnes ont été placées en garde à vue.

Il s’agit de ressortissants maliens et algériens, qui présentent un «profil suspect», selon nos sources. Pour le moment, leur implication directe dans l’attentat n’est pas établie -le kamikaze ayant été la seule personne physique auteur de l’attentat-, toutefois, ils peuvent être soit des sousfifres qui ont constitué le maillon de soutien et de lampistes, comme ils peuvent avoir des renseignements susceptibles de faire avancer l’enquête et de pointer du doigt les commanditaires de l’opération. Les services de sécurité pensent que si la «Djamaât ettawhid ou eljihad » est réellement à la source de l’attentat, le kamikaze pourrait être un Mauritanien.

Les analyses ADN sont toujours en cours et Alger attend la réponse de Nouakchott. Pour le moment, le renseignement algérien penche sérieusement pour une opération menée par Al-Qaïda au Maghreb, malgré le communiqué balancé par ce curieux groupe qui se fait appeler la «Djamaât ettawhid ou el-jihad fi gharb Ifriqia».

Le modus operandi, les moyens utilisés, la symbolique des cibles, etc., concourent à pointer un doigt accusateur sur Aqmi, bien que le groupe en question, qu’il soit un appendice d’Aqmi, un complément, ou une simulation de dissidence pour brouiller les pistes, pose vraiment problème.

L’attentat perpétré en Algérie à Tamanrasset, dans l’extrême-sud du pays, a été revendiqué par la «Djamaât ettawhid ou el-jihad fi gharb Ifriqia», qui se présente plutôt comme un groupe islamiste lié à Al-Qaïda. C’est ce même groupe qui avait enlevé deux Espagnols et une Italienne, à la fin de l’année dernière, dans les camps de réfugiés de Hassi rabouni, près de Tindouf.

Ainsi, et moins de quatre mois après sa création, cette Djamaâ signe son second coup d’éclat, et s’inscrit résolument, absolument et ostensiblement dans ce qu’on peut appeler le «terrorisme médiatique», qui privilégie les cibles-symboles à forte résonnance médiatique, et de fait se garantit une place aux premières loges de la bourse des groupes djihadistes, pourtant, actuellement, très encombrée. Selon des sources sécuritaires, ce groupe, dont on ignore presque tout, a un Mauritanien à sa tête, et la quasi-totalité des membres seraient Mauritaniens et Maliens.

Leur idéologie se réfère largement aux Almoravides, tribu des Lamtouna, qui avait, il y a près de dix siècles conquis toute l’Afrique de l’Ouest, le Maroc, puis une partie de l’Algérie, avant d’envahir, au nom de l’islam sunnite, la péninsule ibérique. Le terme même des «Moulathamine», porté par le groupe de Mokhtar Bel Mokhtar, fait référence aux Almoravides, qui guerroyaient toujours voilés, même lorsqu’ils s’étaient installés en Andalousie. La «Djamaâ» fait aussi référence à Oussama ben Laden et aux figures historique de l’islam en Afrique de l’Ouest.

Fayçal Oukaci