Au tableau des secteurs d’activité qui vont forcément subir de plein fouet les effets de la décision de supprimer le crédit à la consommation inscrite dans la loi de finances complémentaire 2009, on retrouve la filière de l’électroménager.
Des entreprises publiques comme l’ENIE et ENIEM dont le chiffre d’affaires réalisé ces dernières années reposait en majeure partie sur le volume des ventes par crédit de leur gamme de produits vont être à coup sûr les plus pénalisées par cette mesure.
C’est à croire que le législateur s’est empressé de geler toutes les offres du crédit à la consommation sans distinction aucune au grand dam d’un secteur public qui jusqu’ici a pu maintenir son activité grâce à la formule du crédit à la consommation.
Selon des responsables de points de vente de ces deux entreprises, ce n’est pas tant le fait de voir les volumes de ventes chuter de façon sensible mais de savoir «pour combien de temps nous pourrons continuer à gérer des lieux où la rentabilité n’est pas au rendez-vous».
Le scénario peut être encore plus inquiétant puisque de nombreux points de vente ne sont pas la propriété de l’ENIE ou de l’ENIEM, mais sont loués.
«Il restera donc à l’entreprise soit à fermer boutique ou à ne plus se contenter que de vendre des produits de nos unités de fabrication mais de faire vitrine à d’autres marques, une hypothèse qui ne risque pas de tenir la route en ces temps où une multitude de marques locales essayent d’engranger des parts de marché en usant à répétition de formules promotionnelles», nous a expliqué un responsable d’agence sur la place d’Alger, joint par téléphone.
Et de poursuivre : «Les effets négatifs de la suspension du crédit à la consommation vont se manifester dans un premier temps au niveau des points de vente et plus tard sur les carnets de commandes de l’entreprise».
Et devant ce manque de commandes, autant l’ENIE que l’ENIEM n’auront d’autre alternative que de mettre à l’arrêt quelques chaînes de production, ce qui en soi va réduire drastiquement les recettes financières de ces deux entreprises habituées à renflouer leurs caisses essentiellement à partir des ventes à crédit.
C’est dire aussi qu’au niveau de ces deux entreprises la suspension du crédit à la consommation est des plus appréhendées.
Une inquiétude d’autant plus légitime quant on connaît le nombre de points de vente de ces deux entreprises et les personnels qui les font fonctionner et qui risque de perdre leur emploi pour cause de mévente.
En somme, la suspension du crédit à la consommation ne va pas seulement priver les ménages ou les nouveaux couples de s’équiper à crédit en produits électroménagers mais aussi compromettre l’avenir de deux entreprises publiques.
Et même si le législateur justifie une telle décision par le fait qu’elle a été rendue nécessaire suite à l’abus des demandes des ménages algériens sur les crédits à la consommation, il aurait été plus juste de ne s’en tenir qu’aux biens non prioritaires, tels l’ameublement et les réfections des appartements.
Ou bien, par cette mesure, le législateur a cherché à éviter au consommateur de voir son budget menacé par un déséquilibre qu’il serait difficile à rétablir ou du moins au prix de lourds sacrifices.