Face à la dégringolade du prix du pétrole, principale ressource de l’Algérie, le pays est contraint de recourir à l’endettement intérieur et extérieur pour financer ses projets.
C’est ce qu’a préconisé hier le vice-président de l’Association algérienne des industries et du gaz, Abdelmadjid Attar. Chose qui ne saurait tarder puisque le ministre du Commerce, Bekhti Belaïb, a déjà évoqué en octobre dernier un éventuel accord de l’Algérie avec la Chine pour contracter un prêt afin de financer certains grands projets, tout en précisant qu’il s’agit d’une exception « compte tenu des faibles taux d’intérêt appliqués par la Chine et de la qualité des relations entre les deux pays ».
L’ex-patron de Sonatrach, qui était hier l’hôte de l’émission de la radio nationale « Invité de la rédaction », a affirmé néanmoins que le prix du baril de pétrole, qui s’affiche à moins de 30 dollars, ne pourra pas descendre plus bas que son niveau actuel.
« Les cours ont atteint leur niveau plancher et ils sont appelés à se fixer finalement à 30 ou 35 dollars, mais sans plus atteindre les niveaux qu’on leur connaissait avant juin 2015 », a-t-il prédit. Expliquant cette chute irréversible de l’or noir, l’ex-Pdg de Sonatrach a affirmé qu’« il y a trop de pétrole sur le marché, soit 2 millions de barils », ajoutant par ailleurs que l’arrivée de l’Iran sur le marché pétrolier ne changera rien à la situation qui devrait « se poursuivre » durant trois ou quatre années.
Pour M. Attar c’est une crise sans précédent que ni le FMI ni l’Arabie Saoudite n’ont vu venir. Aussi, il est « extrêmement difficile » de faire des prévisions sur l’évolution du marché pétrolier. « La crise énergétique actuelle est complètement différente de celles qui se sont produites par le passé.
Les facteurs qui avaient entraîné les chocs pétroliers des années précédentes étaient beaucoup plus liés au marché de l’offre et de la demande, des crises géopolitiques où le prix du brut descendait et reprenait de nouveau. Aujourd’hui la donne a changé », a-t-il affirmé. Il a cité notamment une récession économique en Chine et une autosuffisance en pétrole et en gaz des USA, auparavant gros importateurs de brut.
L’expert pétrolier a même banalisé le rôle de l’Opep quant à sa capacité de freiner la chute drastique des prix du pétrole. « La prochaine réunion des membres de l’Organisation n’apportera aucun changement. Car il n’y a pas de solidarité au sein de cette organisation.
De plus, ce n’est plus cette dernière qui régule les cours, mais plutôt le marché et la spéculation », a-t-il fait constater. Pour surmonter la crise, Attar préconise également le recours aux nouvelles énergies vis-à-vis desquelles « l’Algérie a pris un énorme retard », parce que si on s’approvisionne uniquement en gaz « on n’en aura même pas pour 15 ans », a-t-il prévenu.
Pour l’intervenant, qui appelle à sortir de l’économie de rente vers une économie diversifiée, le pays ne peut parler d’épuisement des réserves énergétique en Algérie, tout en appelant à les utiliser d’une manière « raisonnable et rationnelle ».
En termes de réserves, il avance que le pays possède quelque 12 milliards et demi de barils de pétrole, 2.300 milliards de m2 de gaz, entre 700 et 800 milliards de m2 de gaz conventionnel et 20.000 milliards de m2 de gaz non conventionnel.