Des cadres de l’équipe blessés, d’autres marginalisés par leurs clubs à moins de 60 jours du mondial
A moins de deux mois du début de la Coupe du monde, le programme de préparation de l’équipe d’Algérie vient d’être dévoilé. Une préparation scindée en deux parties et dont la première, la plus longue, aura lieu dans les Alpes suisses, à Crans Montana précisément.
Une option en altitude choisie dernièrement par le coach national, lui qui avait opté au départ pour le centre de regroupement des équipes nationales italiennes de Coverciano, près de Florence. On a senti dans ce revirement une sorte d’improvisation, car on n’opte pas, d’abord, pour une préparation presque au niveau de la mer pour changer son fusil d’épaule et opter pour l’altitude.
Peut-être que Saâdane est resté marqué par ce genre de préparation sur les hauteurs, puisqu’en 1986, c’est de cette manière qu’il avait opéré pour un résultat catastrophique (les Verts avaient raté leur Mondial au Mexique avec deux défaites et un match nul).
Ce qui ne veut pas dire grand-chose puisque, quatre ans plus tôt, le duo d’entraîneurs Mekhloufi-Khalef avaient préparé l’équipe nationale dans les Alpes suisses, à Farges exactement, et elle s’en était fort bien sortie lors du Mondial espagnol, avec deux succès et une défaite, n’étant éliminée que par la faute d’un arrangement entre Allemands et Autrichiens dans ce qui avait été qualifié de match de la honte.
Les gens ont également parlé d’improvisation dans cette prospection que vient de faire l’entraîneur national en Europe à la recherche de joueurs susceptibles d’intégrer l’équipe nationale.
Les observateurs indiquent qu’à quelques semaines du début de la Coupe du monde, on doit avoir dans sa tête la liste de ceux qu’on compte prendre dans la liste des 23, d’autant que l’équipe d’Algérie sort d’une Coupe d’Afrique des nations où l’entraîneur national avait eu tout le loisir de juger ses joueurs.
Mais dans ce domaine, Rabah Saâdane est défendable. Il s’agit d’un entraîneur qui n’a rien à attendre du championnat local qui ne lui offre que des miettes en matière de joueurs capables de surmonter les contraintes d’une compétition du niveau de la Coupe du monde. Par conséquent, il est forcé d’aller voir ailleurs ce que l’émigration algérienne peut lui proposer.
En outre, et il l’a dit, cette prospection ne se fait pas uniquement en prévision de la Coupe du monde mais pour les échéances de l’équipe nationale qui se profilent à l’horizon 2010-2011.
Peut-on garder la forme ?
Mais si l’entraîneur national a un gros souci actuellement, c’est bien dans le fait que pas mal des joueurs clés de l’équipe nationale ne jouent pas, soit parce qu’ils sont blessés, soit tout simplement parce qu’ils ne bénéficient pas de la confiance de leurs entraîneurs dans leurs clubs respectifs.
Le cas de ces derniers est sujet à débat en ce moment. C’est ainsi qu’il se dit qu’ils sont victimes d’un excès de zèle de leurs entraîneurs de clubs respectifs plutôt que de considérations purement sportives. C’est la situation qu’endure Karim Ziani à Wolfsburg qui a le plus de quoi inquiéter, puisque ce joueur n’est plus aligné depuis de longues semaines.
Il indique faire de son mieux pour contenter son coach mais que ce dernier reste inflexible allant jusqu’à parler de «hogra» à son encontre. Un raisonnement que réfute le manager sportif du club allemand, Dieter Hoeness, qui estime que si Ziani ne joue pas en ce moment, c’est parce qu’il ne se donne pas assez à l’entraînement.
Toujours est-il que Ziani a pu discuter avec Rabah Saâdane qui l’a rassuré sur sa participation au Mondial et lui a demandé de redoubler d’efforts dans les entraînements pour se maintenir en forme. Mais cette dernière peut-elle être maintenue sans matches de compétition dans les jambes ?
Oui, vous aurait répondu le regretté Evgueni Rogov, lui qui avait opté, en 1981-82, pour des regroupements permanents des joueurs internationaux, allant jusqu’à leur faire rater les matches avec leurs clubs. A l’époque, il indiquait qu’il préférait avoir constamment ces joueurs sous la main plutôt que de les laisser dans leurs clubs où ils ne s’entraînaient pas suffisamment.
Et Rabah Saâdane faisait partie du staff de Rogov avec lequel il a appris pas mal de choses en matière de préparation. Pour revenir à Ziani, son entraîneur de club n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet mais on retiendra que, pour sa part, Hoeness a indiqué que Wolfsburg n’a pas du tout l’intention de se séparer de lui.
D’autres joueurs algériens sont plus souvent sur la touche en ce moment. On songe à Lahcen qui n’a plus joué qu’un seul match avec Santander depuis qu’il a joué avec l’Algérie contre la Serbie. Même les nouveaux, ceux que Saâdane a contactés et songe à convoquer, comme Cherfa, Guedioura et Feghouli, ne sont plus alignés, tout comme Mansouri qui vient de se blesser mais qui était plus souvent utilisé comme remplaçant que comme titulaire.
Comme cette mise à l’écart est intervenue après l’annonce de leur possible appel en sélection par Saâdane, on a vite tiré la conclusion qu’il s’agit là d’une sorte de sabotage contre l’équipe d’Algérie.
A notre humble avis, on va un peu vite en besogne en ce domaine, car il ne viendrait pas à un entraîneur de jouer contre ses intérêts en alignant un tocard plutôt qu’un joueur confirmé. Quant à Chadli et Chakouri, ce sont des problèmes d’ordre administratif qui semblent avoir obligé leurs entraîneurs à les mettre de côté, puisqu’ils sont en litige avec leurs clubs pour une histoire de prolongation de contrat.
En tout cas, Saâdane l’avait clairement signifié lors de sa dernière conférence de presse : il n’est pas question de se passer des services de joueurs clés, même s’ils ne jouent pas avec leurs clubs. Il vient de le confirmer avec le contact qu’il a eu avec Ziani.
Il reste que la participation des Verts au Mondial n’a pas de quoi inciter à l’optimisme, mais on remarquera que la plupart des qualifiés à cette compétition ont eux aussi de nombreux soucis à surmonter, car certains de leurs cadres ne jouent pas eux aussi avec leurs clubs.
A. A.
