L’EN sans grand entraîneur,Voilà pourquoi Raouraoua hésite

L’EN sans grand entraîneur,Voilà pourquoi Raouraoua hésite

Ce n’est un secret pour personne, les responsables de notre football songent à un entraîneur étranger de grand calibre. Ce n’est pas pour prendre les rênes de l’équipe, mais pour être le conseiller personnel du président Raouraoua Mohamed.

La première question qui vient à l’esprit, c’est de savoir pourquoi la FAF ne fait pas appel directement à cet entraîneur pour diriger les Verts, sélectionner les joueurs, prendre des décisions et s’assoir sur le banc de touche les jours des matchs ? On se demande ce qui empêche encore Raouraoua de trancher une bonne fois pour toutes en faveur d’un grand technicien capable de mener le bateau Algérie à bon port et diriger d’une main de fer un groupe de joueurs devenus, en l’espace de quelques mois, source de grandes frustrations footballistiques.



La situation en équipe nationale est tellement critique que la venue d’un entraîneur de renommée mondiale, capable de remettre de l’ordre dans la maison, est devenue indispensable. Normalement, dans un cas pareil, et lorsque la politique mise en place échoue, les réformes et les changements s’imposent d’eux-mêmes.

Ce n’est pas l’avis de Mohamed Raouraoua pour qui la venue d’un conseiller personnel sans prérogatives ni pouvoir de décision pourrait régler tous les maux de la sélection.

La Fédération veut garder la mainmise sur le groupe

S’il y a une chose qui peut expliquer pourquoi la FAF ne veut pas prendre cette décision, celle-ci réside, sans doute, dans le fait que la Fédération veut toujours garder une emprise sur l’équipe.

Et quand on parle d’emprise, c’est du volet technique qu’il s’agit essentiellement. Les dires de Rabah Saâdane, l’ancien sélectionneur national, sur le plateau de Nessma TV, sont édifiants à ce propos. En tout cas, ses dires appuient fortement cette hypothèse. «Je pense que Benchikha a subi des pressions pour changer la tactique de jeu. On a l’habitude de jouer avec trois joueurs dans l’axe de la défense, parce que nous avions trois joueurs très forts dans ce compartiment.

Sur les côtés, il n’y avait pas d’arrière droit. Sur le côté gauche, tout le monde sait que Belhadj est faible défensivement. On a dit à mon successeur de jouer avec quatre défenseurs, il l’a fait, c’est tout», a laissé entendre Saâdane. Avec cette révélation, l’ex-patron des Verts a prouvé que des gens à la FAF, ou ailleurs, se prennent pour des entraîneurs. Implicitement, Saâdane reconnaît que, lui aussi, a subi des pressions quand il était à la tête de l’EN.

Les intouchables, ces protégés de la FAF

Ce que veut contrôler la FAF, aussi, c’est la liste des joueurs qui composent les Verts. Normalement, quand il ne confie pas la mission de son propre chef à ses collaborateurs, le sélectionneur national doit lui-même superviser, suivre, puis sélectionner ses joueurs.

C’est pour cela, d’ailleurs, qu’on l’appelle sélectionneur. C’est à lui aussi que revient le pouvoir d’écarter des joueurs et de les remplacer par d’autres, plus aptes, plus compétitifs ou, tout simplement, plus disciplinés. Ces décisions, personne d’autre que le coach ne doit les prendre. Sinon, c’est l’anarchie. Ce que nous avons constaté durant ces deux dernières années, c’est qu’en équipe nationale d’Algérie, il existe des joueurs intouchables et d’autres indésirables. Les premiers font ce qu’ils veulent durant les stages.

Qu’ils soient nuls sur le terrain, blessés, sans clubs, non compétitifs, remplaçants dans leur équipe ou en baisse de forme, ils sont sûrs de figurer dans la liste des joueurs convoqués pour un match, un stage ou une compétition. Ceux-là ont tous les droits et aucune obligation. Quand ce n’est pas l’entraîneur qu’ils ont eux-mêmes choisi, qui les protège, la FAF se charge de le faire. Un grand entraîneur, celui qui se respecte, n’acceptera jamais que Raouraoua ou un autre se mêle des choses qui regardent en premier lieu le technicien.

Voilà qui expliquerait la volonté des décideurs de garder Saâdane après la Coupe du monde. Elle explique aussi pourquoi Raouraoua a opté pour un entraîneur local au lieu d’un grand technicien étranger ayant des principes et qui les défend jusqu’au bout, tout en songeant au respect de l’éthique et de la justice au sein de son équipe.

Les locaux, ces indésirables

Il y a ensuite la deuxième catégorie de joueurs à qui on ne fait pas de cadeau. Ce sont les damnés de la FAF et des entraîneurs qu’elle a choisis. Ce sont généralement des joueurs locaux qui n’ont personne pour les protéger. On se souvient tous du cas de Hadj Aïssa. Pour une faute, condamnable certes, il a été complètement écarté de la sélection et privé de sa prime.

Rabah Saâdane avait fait preuve d’une intransigeance insoupçonnée à l’égard du joueur sétifien. On aurait applaudi le geste du Cheikh s’il avait eu la même attitude face aux dérapages des «intouchables».

Ce qui est regrettable, c’est que Saâdane faisait tout pour cacher les bêtises de ses protégés, mais dès qu’un joueur local fautait, il le punissait immédiatement comme pour en donner l’exemple. La sélection nationale a toujours fonctionné avec la politique du «deux poids, deux mesures.»

Après le cas de Hadj Aïssa, Saâdane a pris la décision d’écarter Lemouchia, un autre joueur local, et enfin Faouzi Chaouchi qui, lui aussi, n’a pas échappé à l’injustice des responsables des Verts.

Pas la peine de parler des cas de Metref, Meftah, Aoudia, Tedjar, Hachoud, Gaouaoui et tous les autres que le commun des Algériens a appris à compter dans la liste des indésirables. Tout le monde sait, en fait, comment fonctionne cette équipe et qui tire les ficelles dans le groupe.

Un grand entraîneur éliminerait tous les privilèges

Raouraoua et ses collaborateurs savent très bien que ramener un entraîneur qui se respecte engendrerait beaucoup de changements dans le fonctionnement de la sélection. Ils savent aussi que quelqu’un comme Gerets ou Troussier, pour ne citer que ces deux-là, exigerait de ramener ses collaborateurs techniques. Un adjoint de métier, un préparateur physique, un autre pour s’occuper de l’aspect psychologique et un staff médical de son choix.

Cet entraîneur aurait aussi un droit de regard sur tout ce qui entoure la sélection. Ce sera lui le boss qui prendra toutes les décisions. Raouraoua et les autres se limiteraient à faire leur travail, à savoir se contenter de mettre l’équipe dans de bonnes conditions, de la laisser faire son travail en confiant le volet technique et la gestion de l’équipe et des joueurs aux gens qui sont qualifiés.

Cette obsession de tout contrôler, y compris l’entraîneur et ses décisions, juste pour se sentir le maître à bord, doit disparaître. Autrement, cette équipe ira droit dans le mur.