L’EN l’a boosté, Zinai redevient le maître de Wolfsburg

L’EN l’a boosté, Zinai redevient le maître de Wolfsburg

«Je suis dans la peau d’un Mondialiste »

En allant ramener un point de leur déplacement à Brème, les loups de Wolfsburg ont découvert le vrai visage de Karim Ziani. Un joueur qui n’a pas eu jusque-là le temps d’étaler l’étendue de son talent car il n’a pas été épargné par le mauvais sort, ses blessures l’ont freiné dans son élan. Sur le plan sportif, l’international algérien avait besoin de prendre la température du groupe, d’avoir ses repères pour pouvoir s’exprimer en toute quiétude. Comme à Marseille il ya une année. «Quand tu lui fais confiance, Ziani te le rend merveilleusement sur un terrain de foot», dira de lui un technicien qui le connaît bien. Saâdane avait compris cela.

En pleine période de doute alors qu’il était à l’OM sujet à d’acerbes critiques, Ziani a trouvé en l’EN et Saâdane un meilleur réconfort pour faire éclater son talent. Les Verts l’ont métamorphosé.

L’OM a récupéré un joueur de haute classe.

En l’espace de quelques minutes de jeu, il avait conquis le Vélodrome, il était l’une des pièces maîtresses de Geretz… L’histoire semble se répéter pour le numéro 15 des Verts.

Après un début difficile chez les champions d’Allemagne en titre, c’est en sélection qu’il est allé se ressourcer. Mais il est revenu en Bundesliga dans la peau d’un mondialiste. Qui s’assume. Face à Brème, il était comme libéré d’un lourd fardeau qui pesait sur ses épaules. Il a tout fait avec le ballon et son pied magique a de nouveau fait des victimes dans le camp adverse et des heureux dans son camp : Dzéko, qui a bénéficié de deux très belles passes, ne s’est pas fait prier pour les transformer en réalisations. Wolfsburg mérite mieux que le nul ramené de Brème.

Qu’à cela ne tienne, la grande performance de Ziani a fait que des heureux chez les supporters des Loups et chez ArminVreh notamment. Le coach de Wolsfburg a enfin retrouvé le joueur qu’il voulait dans son équipe ; le maître à jouer de l’équipe. Son poumon.

Le retour en force de l’international algérien en Bundesliga a été perçu par Armin Vreh comme «un cadeau du ciel» en cette fin d’année où son équipe sent le besoin d’engranger un maximum de points pour finir la phase dans une position d’outsider pour la défense du titre acquis l’année passée.

Ce retour en force de l’international algérien est également une aubaine pour Saâdane qui aura à récupérer un joueur compétitif à la CAN. Un luxe qu’il n’avait pas depuis longtemps car à chaque fois le sort faisait que Karim se présente chez les Verts diminué… On touche du bois.

Ziani : «Je suis dans la peau d’un Mondialiste »

Avec du recul, que pouvez-vous nous dire sur ce que vous avez vécu en équipe nationale lors de la double confrontation face à l’Egypte ?

– Sincèrement, depuis le stage de l’Italie, durant notre séjour au Caire et celui de Khartoum, j’ai vraiment connu toutes les émotions possibles et imaginables : de la déception, de la tristesse, de la colère, de la haine, de la joie et beaucoup d’émotion. C’est pour vous dire que c’était vraiment des moments très très forts et cela dans le sens le plus large du terme.

Vous attendiez-vous à un tel accueil de la part de vos supporters à votre arrivée en Algérie et durant tout le trajet qui vous a menés jusqu’au palais ?

En ce qui me concerne, j’ai toujours dit que le public algérien, que je porte dans mon cœur depuis toujours, est vraiment exceptionnel. Cette fois, il nous l’a prouvé encore et de la plus belle des façons. Vous rendez-vous compte, des milliers de personnes qui se sont déplacées au Soudan pour nous encourager et nous soutenir sachant que des milliers d’autres ont voulu aussi se déplacer, mais il n’y avait pas de place pour tout le monde. Le public algérien est vraiment unique au monde et je suis très heureux qu’on ait pu lui procurer autant de joie.

Justement, on a vu vos mines complètement transformées lorsque vous avez vu les nombreux fans à Khartoum lors de la séance d’entraînement la veille de la rencontre…

Quand vous arrivez du Caire après avoir vécu touts les vexations sur place et l’accueil qui nous a été réservé en Egypte, il y avait de quoi être contents et soulagés au Soudan, d’autant plus qu’on ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il y ait autant de monde qui allait faire le déplacement pour nous encourager. Après avoir vu nos fans en dehors du stade et à l’intérieur, croyez-moi nous étions tous très heureux car on s’est dit ouf on n’est pas seuls ici.

Même si je tiens à remercier tous nos fans qui se sont déplacés en Egypte qui ont vécu des misères. C’est pour eux aussi qu’on s’est battus pour arracher cette qualification.

Votre statut de cadre vous l’avez confirmé lors de ces deux confrontations, que ce soit sur le terrain ou en dehors puisque c’est vous qui avez mobilisé vos coéquipiers alors qu’ils étaient presque tous effondrés au coup de sifflet final au Cairo Stadium ?

Je pense que c’est mon rôle en tant qu’ancien de cette équipe nationale puisque cela fait huit ans que je suis là. Je devais réagir et je l’ai fait dans les vestiaires surtout avec les jeunes en leur disant que ce n’était pas encore fini et qu’il restait encore un match d’appui pour arracher la qualif’…

D’où tenez-vous cette force ?

C’est mon tempérament. Je ne suis pas le genre à m’avouer vaincu. Je pars du principe que tant qu’il y a un espoir, aussi infime soit-il, il faut y croire jusqu’au bout. On avait encore une chance. Raison pour laquelle j’ai secoué tout le monde en soutenant que rien n’est encore perdu et que les pendules étaient remises à niveau. A partir de là, tout le monde a pris conscience que nous avions encore toutes nos chances de qualification. Permettez-moi aussi de vous préciser une chose…

Oui allez-y…

Depuis que je suis en équipe nationale, j’ai tout vu et vécu. Les moments de crise, la période où l’organisation était défaillante, la CAN de 2004 et notre élimination cruelle face au Maroc et bien évidemment les deux précédentes CAN que nous avions ratées.

Depuis que je porte les couleurs nationales, on n’a jamais réalisé un tel parcours pour nous qualifier en coupe du Monde. J’ai toujours cru en cette équipe, et ce, depuis le début des éliminatoires et même avant en affirmant que si on donnait du temps de travail à ce groupe, il pourra réaliser des merveilles. C’est pour cette raison que je n’imaginais pas une seule seconde qu’on pouvait rater cette coupe du Monde après tout ce parcours et tous ces sacrifices. Si j’étais aussi optimiste, et je le suis encore, c’est parce que je croyais en les capacités de mes coéquipiers, et Dieu merci on a atteint notre objectif. En fait, c’est tout simplement extraordinaire.

Et dire que vous aviez failli rater ces deux matchs puisque un peu moins de trois semaines avant le match vous souffriez d’une grave déchirure.

Tout à fait. Comme vous venez de le dire, j’ai été victime d’une déchirure, et dans leur diagnostic, les médecins m’avaient dit que je serai probablement indisponible pendant quatre semaines…

Malgré cela, vous nous aviez déclaré juste après que vous seriez présent…

En fait, dans ma tête, je ne me voyais pas du tout ne pas disputer la rencontre du Caire. J’avais un défi à relever qui est de me soigner jour et nuit pour être opérationnel et c’est ce que j’ai fait exactement. Je me rappelle bien, je vous avais déclaré que je réintégrerai le groupe le lundi avant la rencontre et c’est ce qui s’est produit. Avec la volonté et beaucoup de sérieux, comme d’ailleurs mes coéquipiers qui étaient eux aussi blessés, j’ai relevé le défi et c’est tant mieux pour tout le monde.

Vous n’aviez pas disputé la moindre rencontre, et ce, depuis le match du Rwanda, et c’est ce qui explique le fait que vous ayez demandé à sortir à Khartoum ?

Pas de matchs dans les jambes depuis le Rwanda avec un peu plus d’une semaine de repos et à peine une semaine pour me préparer, c’est vraiment un miracle que j’aie participé.

C’est pour vous dire que physiquement j’étais loin d’être à 100% de mes capacités, et c’est pour cette raison que j’étais cuit à la fin du match au Soudan. J’avais demandé un changement, mais comme les trois remplacements étaient faits, j’ai puisé au plus profond de moi-même pour terminer la rencontre.

Mais comment faites-vous pour être toujours décisif même quand vous n’êtes pas à 100% de vos moyens physiques ?

En fait, mon secret est tout simple. En Algérie, tout le monde me fait confiance, que ce soit le staff technique, mes coéquipiers et bien évidemment les supporters.

Donc, ma force je la puise de cette confiance.

Car même si je ne suis pas à 100%, tout le monde est pratiquement certain que je serai capable de faire une décision à un moment donné. Donc, quand je vois toute cette confiance, je ne peux qu’être à 1000% même si parfois le physique ne répond pas.

Comme je viens de vous le dire, ça faisait un mois que je n’avais pas disputé le moindre match, et durant cette même période je devais jouer le match le plus important de ma vie, donc pour moi il n’était pas question de le rater.

Comme à chaque fois j’ai essayé de donner le meilleur de moi-même et ça a payé même si je tiens à préciser que le mérite revient à tous les joueurs qui se sont battus pour décrocher ce billet qualificatif pour le Mondial sud-africain.

Durant ces derniers matchs qualificatifs, c’est-à-dire depuis la rencontre en Zambie, nous avons eu le sentiment que vous aviez beaucoup mûri notamment en vous contrôlant car vous étiez sous la menace d’une suspension…

Pour moi, c’était un autre défi à relever car je ne me voyais pas prendre un carton synonyme d’une suspension et laisser tomber mes partenaires. C’est pour cette raison que je me contrôlais pour ne pas m’énerver et rouspéter auprès des arbitres y compris face au Rwanda quand on nous a refusé deux buts tout faits. Pour moi, c’était plus un devoir de me retenir pour ne pas lâcher l’équipe durant cette phase décisive des éliminatoires.

Racontez-nous votre arrivée à Wolfsburg après la qualification ?

J’étais très heureux car tout le monde était content pour moi et pour notre équipe nationale. Mes coéquipiers m’ont fait savoir qu’ils avaient suivi de très près tout ce qu’on a vécu au Caire et bien sûr les deux matchs et qu’avec cette qualification on a montré à tout le monde que nous étions très forts notamment sur le plan mental…

Justement cette force morale c’est le grand acquis de ces matchs de qualification ?

– Tout à fait. Quand vous jouez dans un stade comme le Cairo Stadium (80.000 supporters) et avec tout ce qu’on a vécu auparavant avec les méthodes extra sportives des Egyptiens, que vous encaissiez un but au bout de deux minutes de jeu, et que vous réussissez malgré ça à réagir comme on l’a fait puisqu’on a failli égaliser et à les faire paniquer, croyez-moi, il faut être très fort mentalement pour réussi une chose pareille.

Ensuite, encaisser un deuxième but dans les temps morts et gagner trois jours après, à mon avis on ne pourra plus dire, après cela, que mentalement nous étions fragiles. Nous avons démontré que nous avions des ressources et ça c’est très important notamment pour les échéances à venir.

On imagine à présent que votre objectif principal c’est de regagner votre place de titulaire dans l’échiquier d’Armin Veh…

D’abord, je voudrai préciser une chose que beaucoup de gens ne savent pas.

Après une dizaine de jours de repos suite au match de la Zambie, j’ai signé à Wolfsburg. Vous étiez sur place pour voir qu’à peine deux jours après j’ai été convoqué pour disputer le match de la super coupe.

Il faut savoir que je n’ai pas effectué de préparation physique comme le reste du groupe qui avait repris les entraînements trois semaines plus tôt. C’est ce qui explique donc que je ne fus pas encore à 100% de mes capacités et que j’ai tendance à contracter des blessures. Mais bon, là je suis en train de travailler pour rattraper mon retard. L’entraîneur croit en mes capacités et c’est à moi de prouver que je mérite cette place de titulaire. Ceci dit, gagner complètement cette place dans le onze rentrant n’est pas une mince affaire d’autant plus que je serai absent dès la fin décembre pour la CAN.

Là, je suis régulièrement dans le groupe, que je sois titulaire ou remplaçant, je donnerai toujours le meilleur de moi-même.

Quel serait votre objectif avec Wolfsburg d’ici la CAN ?

En équipe nationale, comme je vous l’ai déjà dit, tout le monde me fait confiance même si je suis diminué physiquement ; mon objectif ici avec mon équipe de Wolfsburg c’est que tout le monde puisse me faire confiance et croire en mes capacités même lorsque je ne suis pas à 100%, mais tout cela a un prix, le travail bien sûr et prouver sur le terrain à chaque fois que l’entraîneur me fait appel.

Pour l’instant, l’important c’est d’avoir beaucoup de temps de jeu afin que je sois compétitif d’autant plus que nous ne sommes qu’à quelques semaines de la CAN.

Qu’est-ce qui restera gravé dans votre mémoire après la double confrontation face à l’Egypte ?

Comme je vous l’ai dit au tout début, c’est d’avoir connu tous les sentiments possibles et imaginables avant, pendant et après ces deux matchs. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais. Je suis dans la peau d’un Mondialiste

A. H. A.