Si l’on ne connaissait pas le calendrier des éliminatoires de la CAN 2012 et que l’on ne savait pas que la dernière journée de ces mêmes éliminatoires se jouait les 8 et 9 octobre, on aurait eu du mal à réaliser en arpentant les rues algériennes qu’un match officiel de l’équipe nationale allait avoir lieu ce soir tant l’indifférence est grande.
Seules les unes des journaux spécialisés, bien en évidence sur les présentoirs de journaux des kiosques, sont là pour rappeler qu’un match capital des Verts doit se jouer, en nocturne, au stade du 5-Juillet, aujourd’hui. Capital, nous maintenons le terme et nous vous assurons que les mots sont pesés, car même si mathématiquement, pour ce qui est de la CAN 2012, les carottes sont quasi cuites, même trop cuites, en ce qui concerne le classement du groupe, la bataille n’est pas finie et l’Algérie, mondialiste de surcroît, doit tout faire pour non seulement éviter la dernière place, que les rugbymen anglais qui disputent le Tournoi des 6 nations appellent «la cuillère de bois», pour ne pas compromettre une éventuelle qualification pour la CAN 2013, mais aussi et surtout elle doit accrocher la seconde place du groupe par principe, fierté et pour une question de rang africain et de prestige national.
Finir absolument 2e pour espérer aller à la CAN 2013
Aziz Derouaz, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, l’avait déclaré dans nos colonne : «Si nous n’arrivons pas à finir 1ers de ce groupe, tout autre place que la seconde sera un échec cuisant par rapport à la place, au prestige et au statut de mondialiste de l’Algérie.» En plus de tous les arguments qu’il a, très justement d’ailleurs, énumérés, l’ancien head coach de l’équipe nationale de handball, qui ne connaissait pas, au moment de cette déclaration, les modalités de qualification à la prochaine CAN, avait omis de dire qu’une tout autre place que la seconde compliquerait sérieusement les chances des Verts de participer à la CAN -Afrique du Sud 2013.

Elimination directe et tête de série au programme
La CAF en a décidé ainsi, les recalés de la CAN 2012 devront jouer leur place à la CAN 2013 dans des matchs à élimination directs où une tête de série affrontera une équipe sur le papier inférieure. Les têtes de série seront choisies par rapport au classement FIFA et à leur position dans ces poules éliminatoires de la CAN 2012. Il y aura donc un chapeau 1 et un chapeau 2 le jour du tirage au sort. Et comme, dans le chapeau 1 des recalés se trouvent déjà l’Egypte, la Tunisie (à 99%) et le Cameroun par exemple, Vahid Halilhodzic et ses troupes ont intérêt à cravacher ferme pour battre la Centrafrique et éviter ainsi le chapeau 2 qui lui ferait jouer une sorte de «finale de la CAN» avant l’heure.
Vahid veut en faire son match référence
Halilhodzic a suffisamment d’expérience pour l’ignorer, la crise que traverse l’équipe nationale n’est pas seulement sportive, elle est aussi et surtout psychologique. Les Fennecs sont à l’arrêt depuis la Coupe du Monde 2010 et seule l’adhésion du groupe au projet du coach peut la faire repartir. On se rappelle tous comment Rabah Saâdane avait récupéré un groupe laissé meurtri par Jean-Michel Cavalli, au lendemain d’une élimination pour la CAN 2008, pour le reprendre en main et le faire adhérer dès 2008 au projet qualification aux CAN + CM 2010.
Mais pour que cette adhésion à un objectif commun entre une équipe et son coach se traduise dans la réalité et ne se limite pas à une simple déclaration d’intention, comme ça se produit très souvent, il faut absolument un match référence. Un match avec une belle victoire nette et sans bavure, qui débride l’équipe, fait sauter les verrous psychologiques, ce qui a pour conséquence d’enrayer la sinistrose en stoppant la spirale négative et l’inverser en tendance positive. Les verts de Rabah Saâdane avaient eu Algérie-Egypte, gagné 3 buts à 1 à Blida comme match référence. Le Maroc d’Eric Gerets a eu, malheureusement pour nous, le match Maroc-Algérie (4-0) de Marrakech comme match référence, souhaitons pour Vahid Halilhodzic et cette génération de joueurs que cet Algérie-Centrafrique de ce soir devienne le match référence des Fennecs.
Tout autre résultat qu’une victoire des Verts serait un échec
Même si l’équipe nationale ne se porte pas bien, même si elle est convalescente et même si elle est engluée dans une spirale négative depuis de longs mois, tout autre résultat qu’une victoire nette et sans bavure, ce soir, au stade du 5-Juillet, serait un échec total. Car même si la Centrafrique n’est pas une équipe de seconde zone, loin de là, et ses résultats dans cette poule le démontrent, ce n’est quand même pas le FC Barcelone de Guardiola. Même si Vahid Halilhodzic s’est dit, en conférence de presse, choqué par le bas niveau de notre football national, même si nous sommes, d’après lui, en deuxième division du football mondial, nous sortons quand même d’un Mondial et nos joueurs ne sont, paraît-il, pas «manchots», puisqu’on leur fait des ponts d’or dans le Golfe pour certains, et en Europe pour d’autres, pour les enrôler. Donc, si l’on suit la logique du patron des Verts, la Centrafrique est une équipe de troisième division du football mondial.
Nous devrions la battre chez nous, avec les qualités de nos joueurs et l’appui du public, sans problème. Car là, il ne s’agit plus de n’attendre qu’un penalty ou un but sur coup de pied arrêté, ce soir les Verts devront prouver au peuple algérien qu’ils ont la cylindrée pour se qualifier à la prochaine Coupe du monde et que cet intermède sans résultats positifs n’était qu’un incident de parcours. Lorsqu’on analyse les deux équipes sur le papier, il n’y a pas photo, et nos joueurs devront, sur le plan pratique et sur le rectangle vert, justifier cette supériorité théorique.
Des buts, du beau jeu et de l’envie pour reconquérir le public
Cet Algérie-Centrafrique de ce soir devra aussi être une sorte «d’opération séduction» destinée à reconquérir un public désabusé et très déçu par les prestations, l’attitude et le degré d’implication des joueurs qui est perçu comme insuffisant par les supporters lambda. Ce soir, en entrant sur le terrain, les Verts ne devront avoir qu’un objectif, celui d’entrer sur le terrain pour atomiser leurs adversaires centrafricains, ne serait-ce que pour remonter dans l’estime de ceux qui seront venus les voir, dans les gradins et aussi pour toutes les paires d’yeux algériennes qui regarderont ce match à travers leurs écrans de télévision sur et en dehors du territoire national. Les Algériens veulent des buts, du beau jeu à l’algérienne à une touche de balle et surtout de l’envie de la part des joueurs. M. B.