Ils étaient nombreux hier. Ils sont venus rendre un dernier hommage à leur collègue et consœur Baya Gacemi.
Ses amis et ses collègues ont tenu à rappeler le vécu de la journaliste-écrivaine mais surtout de la femme qu’a été Baya : «Courageuse, spontanée, de toutes les luttes pour toutes les libertés.»
«Baya était en osmose avec son métier de journaliste qui ne peut qu’être exercé librement et dans un espace de liberté», témoigne son ami El Kadi Ihsane qui a reconnu que, fatiguée, à la fin de sa vie, «Baya ne croyait plus que les choses pouvaient évoluer en Algérie.
Elle a décidé de s’offrir un peu de temps pour elle. Elle m’avait d’ailleurs dit : ‘‘ils veulent tous que cela change, mais personne n’est prêt à bouger. Je vais prendre du recul, m’occuper un peu plus de moi. Je m’installe à Paris.
Mais je serai toujours là’’», dit encore Ihsane qui pense avoir saisi chez Baya et pour la première fois en vingt ans de militantisme «l’esquisse furtive d’un renoncement. Partir ne ressemblait pas du tout à Baya Gacemi.». Mais le départ de Baya est «un message.
Elle nous a lancés un message», répète-t-il avant d’ajouter, «celui de continuer le combat». Avant El Kadi Ihsane, Bachir-Cherif Hassen, le directeur de la publication de la Tribune, dont Baya est membre fondateur et l’une des actionnaires, rappellera le parcours de la journaliste, figure de la presse algérienne, décédée dimanche dernier à l’âge de 58 ans.
«Je n’ai pas à vous présenter Baya, vous la connaissez tous», dira M. Bachir-Cherif avant de rappeler les moments partagés ensemble pour fonder le quotidien.
Le directeur de la Tribune précisera par la suite que le corps de la défunte sera rapatrié de France vers Annaba, sa ville natale, vendredi prochain et que l’enterrement aura lieu le lendemain.
Tout en demandant à la corporation de s’organiser afin d’être nombreux à l’enterrement de la défunte, Bachir-Cherif Hassen invitera Dalila, une amie de longue date de Baya, à prendre la parole.
Très émue, elle retracera les derniers moments de courage de Baya : «Elle a lutté jusqu’au dernier moment mais sa maladie a été foudroyante. Sa disparition est un choc.» Dalila a besoin de reprendre son souffle.
Elle s’arrête avant de dire d’un trait, à croire qu’elle a envie de mettre fin le plus rapidement à ce moment douloureux : «Baya était optimiste, inflexible. Elle a participé à tous les combats, elle luttait pour toutes les libertés.
Jusqu’à la fin.» Baya Gacemi, qui a porté une idée de son métier, de son pays, nous a quittés. Son empreinte, laissée dans les esprits de tous ceux qui l’ont approchée, lui survivra.
Hasna Yacoub