Lemouchia «On peut faire le jeu et gagner au Maroc»

Lemouchia «On peut faire le jeu et gagner au Maroc»
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Khaled Lemouchia est le joueur de notre championnat qui a sans doute le plus de chance d’être aligné à Marrakech. Il sera, en quelque sorte, le représentant des locaux. Le milieu de terrain de l’ESS pense que les Verts sont en mesure d’allier le jeu et l’esprit combatif au Maroc.

– Seriez-vous d’accord si je vous disais que vous avez raté une bonne occasion de gagner à Bologhine face au MCA ?



– Je suis à 100% d’accord avec vous. On a très bien joué, on a dominé, on s’est créé beaucoup d’occasions. Sur une erreur individuelle, on a encaissé ce but bête qui nous empêche d’empocher les trois points du match. Franchement, c’est frustrant de perdre des points de cette façon.

– C’est une année très difficile que vous êtes en train de passer à l’ESS non ?

– Oui, c’est une mauvaise année pour nous, on a vécu beaucoup de moments difficiles. On a l’habitude de toujours jouer les premiers rôles et aller loin en compétition africaine. Ce n’est pas le cas cette année et je trouve ça vraiment dommage.

– Sur le plan personnel, on imagine que c’est épuisant ?

– C’est surtout épuisant sur le plan moral, parce que physiquement, je me sens en pleine forme. Vous savez quand un joueur ou une équipe s’habitue à toujours jouer les premiers rôles, il lui sera difficile de se retrouver dans l’autre camp. Pour ce que ce qui est du reste, je vais bien. J’ai joué tous les matchs, je ne souffre, et Dieu merci, d’aucune blessure. Donc ça va.

– Beaucoup de gens disent que vous êtes en train de vivre vos derniers moments sous le maillot de l’Entente. Un mot sur votre avenir ?

– Je ne vous mentirai pas. J’ai plusieurs contacts, que ce soit ici, en Europe ou dans les pays du Golfe. Néanmoins, les plus intéressants sont des contacts moins officiels, si vous voyez ce que je veux dire. Parce que c’est le cas, je préfère ne pas en dire plus, surtout que je m’apprête à rejoindre mes coéquipiers en Espagne pour le stage.

– On vous a annoncé la saison passée à l’Espanyol de Barcelone. Que s’est-il passé au juste ?

– Je n’aime pas trop me rappeler de cette période et vous savez pourquoi. J’avais plusieurs contacts très avancés avec pas mal de clubs, dont l’Espanyol. Ça aurait pu se concrétiser si j’avais pris part à la Coupe du monde. Comme Saâdane avait décidé de ne pas me prendre, les choses se sont compliquées. Le reste, vous le connaissez…

– Mais cette année, vous êtes de nouveau en sélection, donc il n’y aura pas ce problème…

– Oui, les choses commencent à retrouver leur chemin. Dieu merci, je retrouve cette équipe nationale qui m’a tellement manqué. Incha Allah, avec le travail et l’aide de Dieu, elles s’amélioreront davantage. J’évite de regarder dans le rétroviseur. C’est le moment présent qui est le plus important. Comme disait mon formateur à Lyon, ne pense pas au match d’avant, ni celui d’après, concentre toi sur le match d’aujourd’hui…

– Et aujourd’hui, les statistiques faites par Benchikha par un bureau en France vous donnent, et de loin, le meilleur joueur lors du dernier match à Annaba. C’est venu juste après la déclaration faite par Adil Hermach à notre journal où il disait que vous étiez le meilleur joueur sur le terrain ce jour-là…

– (Très gêné.) Que voulez-vous que je vous dise…Wallah, je n’aime pas parler de mes performances. Je préfère toujours parler du collectif. Et puis, c’est très difficile de parler de soi-même. Pour la déclaration d’Adil, j’avoue qu’elle m’a fait énormément plaisir, parce qu’elle vient de la part d’un joueur que je ne connais pas et qui, de plus, joue au même poste que moi.

– Mais 95% de passes réussies, un nombre incalculable de balles récupérées… c’est assez significatif, non ?

– Si vous le dites (rires.) En ma qualité de milieu de terrain défensif, je suis appelé à récupérer le ballon et à relancer juste et précis, sinon la balle que tu viens de subtiliser à l’adversaire ne servirait à rien.

– Ces statistiques servent aussi à montrer aux gens le travail de certains éléments qu’on voit rarement, mais qui, en revanche, font un grand travail sur le terrain.

– Oui, ça c’est vrai, surtout en ce qui concerne les joueurs qui jouent dans mon poste. C’est toujours les attaquants ou les milieux offensifs qui sont sous les projecteurs, et c’est normal. Personnellement, ça me va très bien comme ça (rires.) Pour répondre à votre question, je dirais que ces statistiques mettent plus en valeur le travail que je fais sur le terrain. C’est des indices forts qui me feront avancer.

– Parlons maintenant du prochain match avec l’EN. Comment se présente ce match pour vous ?

– Ça sera un match très difficile pour les deux équipes. Il y aura de l’engagement, des contacts, du jeu. C’est le genre de match que tous les joueurs aiment disputer. De toute façon, moi, les matchs comme ça, ça me va très bien.

– Le coach Benchikha a dit que la solidarité, le surpassement et la volonté seront les clefs de la victoire pour l’Algérie. Qu’en dites-vous ?

– Oui, le coach a raison de dire ça. Il faut être solidaire lors de ce stage, sur le terrain et après le match. Il faut aussi savoir se surpasser pour surmonter les obstacles et les difficultés qu’on va trouver sur notre chemin et enfin avoir la volonté et la hargne pour gagner ce match. Mais moi, et c’est un avis personnel, je voudrais ajouter une chose que je pense très importante.

– Oui allez-y…

– En plus de ces trois choses importantes, j’aimerais ajouter le jeu. Parce que celui qui n’est pas capable de se surpasser, qui n’est pas volontaire, et qui n’est pas solidaire avec les autres, n’a rien à faire en équipe nationale. Ce n’est pas un club, tu es en train de représenter ton pays. Il y a tout un peuple qui t’attend…

– Par le jeu, vous voulez dire faire le jeu ?

– Absolument. On a les moyens pour ce faire. Il ne faut pas avoir peur de jouer. Je pense que si on marque les premiers ou si on fait une action chaude et dangereuse, on va les faire douter. Ils vont avoir peur de nous. Ce que j’ai envie de dire au public algérien, c’est qu’on ira à Marrakech avec l’ambition de jouer et de gagner ce match. Bien sûr, ça reste mon avis personnel, parce qu’après, on devra suivre à la lettre les consignes du coach, qui seul peut décider de la manière avec laquelle il faudra jouer et aborder ce match.

– Donc, vous rejoignez Benchikha quand il dit que c’est une finale…

– Absolument. Tous les matchs qui nous restent à jouer, il faut les aborder tous comme si c’était des finales. Pour celui-là, je pense qu’il l’est plus pour les Marocains que pour nous. Ça sera un avantage de plus pour nous.

– L’autre avantage est certainement le retour de Matmour, Kadir et Guedioura…

– Je suis très content pour eux. Ce sont de grands joueurs qui méritent entièrement cette convocation. Ils seront certainement d’un grand apport pour nous. Je suis triste aussi pour ceux qui ne seront pas avec nous en Espagne et au Maroc. C’est ça la sélection. Le coach a pris ceux qui, à ses yeux, sont les meilleurs. Ces derniers peuvent ne pas l’être dans quelques mois et c’est ceux qui sont écartés prendront leurs places. Je l’ai dit à Metref, Chaouchi et Djabou qui jouent avec moi, et j’ai envie de le dire à Ghezzal, Abdoun et Ziaya, il faut qu’ils continuent à travailler pour revenir en équipe nationale. Je l’ai fait et j’y suis arrivé.

– Les conditions à Marrakech seront certainement difficiles. Le public, la chaleur, la pression…

– Pour la chaleur, je pense que ça ne sera pas un problème. Premièrement, parce que le match se jouera à 21h, deuxièmement, la plupart des joueurs marocains jouent en Europe, comme nous. Ils seront confrontés aux mêmes conditions climatiques. Quant au public, je dirais que nos joueurs sont tous expérimentés, ils ont l’habitude de jouer devant 90 000 supporters. On l’a fait au Caire. La pression, par contre, sera de leur côté, du moment qu’ils jouent à domicile, donc ils doivent absolument gagner. Le point positif, c’est la pelouse. J’ai joué plusieurs match avec l’ESS dans ce pays, et croyez-moi, elles ont excellentes. Et moi, ce pays m’a toujours porté chance, j’espère que ça sera le cas le 4 juin prochain.

A. B.