L’émission satirique Djornane El Gosto connaît un succès grandissant

L’émission satirique Djornane El Gosto connaît un succès grandissant
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Malgré un avertissement de l’autorité de régulation, l’équipe du Djornane el gosto poursuit son travail à un rythme soutenu. Le Huffington Post a rencontré la bande d’El Gosto, plus populaire à chaque nouvelle remontrance.

Après la rupture du jeune, le Djornane el gosto, diffusé tous les soirs sur le chaîne privé KBC (El Khabar TV), s’invite à la table de milliers de familles algériennes. Derrière cette réussite se cache le producteur, Riad Redjdal, pour qui l’innovation est importante à la télévision.

Ancien directeur marketing chez PepsiCo, il a contribué à l’introduction de la boisson gazeuse en Algérie. Tombé dans la production, par hasard, parce qu’un ami – Hamid Achouri, pour l’émission Saha stourkoum – l’a mis au défi, en 2001.

Il a ensuite continué à chercher de nouvelles idées. En 2001, il est le premier à suggérer l’usage de l’incrustation. Ce procédé d’effets spéciaux permet, à partir d’un logiciel, d’introduire l’image de son choix comme fond de plateau. Auparavant, seuls des décors étaient utilisés.

En 2004, il introduit le premier talk show de la télévision algérienne, « Saraha Raha ». C’est en 2012 qu’il lance le programme satirique Djornane el gosto, dont le concept a évolué à chaque saison.

« Je suis connecté aux télévisions du monde », raconte le producteur. « Je veux me rapprocher de leurs normes, ouvrir l’Algérie sur le monde », poursuit-il.

Pour cela, Riad Redjdal s’inspire de certaines formules et « les développe avec un cachet algérien ».

L’importance de la satire

Riad Redjdal estime « important d’avoir un programme satirique ». Mais, il n’était pas question pour lui d’imiter grossièrement les Guignols de l’infos. Alors qu’une télévision tunisienne, Nessma TV, a racheté le concept, avec son équipe, il a préféré le transformer : « Nous avons inclus des comédiens, des maquilleurs, des costumes, avec une métaphore, « le stah » qui rappelle l’Etat ».

« Le contenu est important, il faut travailler à le mettre en scène, la critique doit être fine et subtile », indique-t-il.

Exigeant, il ajoute: « La qualité d’un programme se travaille de fond en comble, que ce soit les personnages, la cible, l’état d’esprit, la ligne éditoriale ; une production c’est 90 % de préparation, la subtilité et la qualité du tournage en dépendent ».

Création quotidienne

Pour cette saison, les protagonistes ont commencé à travailler il y a plus de trois mois. Le rythme est intense. Les épisodes sont tournés durant le mois du ramadhan, la veille pour le lendemain.

Le réalisateur et le scénariste lisent les journaux le matin et font une revue de presse. Sur cette base, le scénariste Abdelkader Djeriou, qui est aussi le metteur en scène et comédien, rédige le scénario dans la matinée.

Quant au tournage, il a lieu après le ftour, de 22h30 jusqu’à 2h du matin. Abdelkader Djeriou explique : « Je lis les journaux chaque matin, je choisis les titres qui m’inspirent le plus, surtout par rapport à la mise en scène ». » Il ne faut pas s’acharner sur quelqu’un », précise-t-il.

Il se félicite de la forme inclassable du Djornane : « C’est du théâtre filmé, ce n’est ni de la télévision, ni du cinéma, c’est une bande de barjots sur une terrasse et chacun interprète comme il veut, c’est ouvert ».

Abdelkader Djeriou est issu du quartier populaire Gambetta, à Sidi Bel Abbès, où il a puisé son inspiration pour la composition des personnages. Une marge d’improvisation et de création est toutefois laissée aux acteurs, ce qu’apprécie Nabil Asli, alias Bahlito : « Il y a la base du metteur en scène mais nous ne sommes pas limité, il y a une recherche et un travail sur les personnages chaque jour. »

Au sujet de la menace de censure et de l’avertissement de Miloud Chorfi. Riad Redjdal indique « chaque année il y a un avertissement, et chaque année nous continuons notre travail ».

« Benkhlis, Louisa Hanoune en ont parlé, l’avertissement nous a fait de la pub », déclare Abdelkader Djeriou ce que Nabil Asli confirme : « il y a de plus en plus de fans, il y a en a de très jeunes ».