L’Emir Abdelkader précurseur des droits de l’homme dans le monde

L’Emir Abdelkader précurseur des droits de l’homme dans le monde

Les responsables de la Fondation Emir Abdelkader à la veille de la commémoration du cent vingt-huitième anniversaire de la disparition de l’Emir, (26 mai 1882) se sont retrouvés au centre de presse d’El Moudjahid, hier, pour évoquer le séjour du grand homme d’Etat, en Syrie, sa terre d’exil.

El Hadj Mohamed Boutaleb, président de la Fondation et M. Benamar, membre actif, devaient rappeler les conditions dans lesquelles, l’Emir eut à séjourner en Syrie, après son incarcération en France, alors qu’il avait souhaité un exil dans un pays musulman.

L’Emir a eu par la suite à séjourner en Turquie après sa libération par Napoléon III, puis enfin en Syrie.

Durant son séjour, en Turquie, relèvent les responsables de la Fondation, il mena une vie intellectuelle très active, étant parfaitement intégré dans la société du pays d’accueil. Ce qui amène les responsables de la Fondation à affirmer que l’Emir est plus connu en Syrie qu’en Algérie.

LG Algérie

L’Emir avait trouvé en Syrie une ambiance culturelle et religieuse qui lui permit de s’impliquer totalement. Il écrivait beaucoup, recevait également énormément, tenait conférences et prêches. L’Emir Abdelkader devait entrer dans l’histoire de la Syrie et l’histoire universelle d’ailleurs, lorsqu’il prit le parti avec ses fidèles compagnons de défendre les membres de la communauté chrétienne syrienne contre les assauts de la communauté druze (12.000 chrétiens menacés).

L’Emir Abdelkader, évita un bain de sang en secourant et protégeant les chrétiens de Syrie.

L’éminent homme d’Etat a été l’une des premières personnalités a évoqué alors la question des droits de l’homme et c’est pour leur défense qu’il a porté secours à la communauté chrétienne.

L’Emir reçut la considération universelle pour le combat en faveur de la liberté et la tolérance.

Il reçut à ce titre de nombreuses distinctions de la part des dirigeants de grands pays.

L’Emir Abdelkader était un grand défenseur acharné du dialogue entre Orient et Occident.

L’homme d’Etat joua, note M. Benamar, un rôle immense dans la construction du canal de Suez. Il était l’ami de l’auteur du projet, M. Ferdinand de Lesseps.

L’Emir intercéda en sa faveur auprès de la Turquie pour favoriser la percée du canal. On connaît l’importance de cet ouvrage et les retombées politiques, diplomatiques et économiques qui suivirent son édification.

M. Benamar relève que pour l’Emir Abdelkader, le canal de Suez constituait un puissant lien entre l’Orient et l’Occident.

A son inauguration l’Emir était présent, dit-il, au premier rang aux côtés des personnalités, chefs d’Etat et de gouvernement invités pour la circonstance.

L’Emir était un soufi accompli, note l’orateur. En sauvant la communauté chrétienne du massacre, note M. Benamar, l’Emir Abdelkader aura une influence sur la carte politique dans les pays du Chem, (Liban, Syrie, Palestine), et la carte géostratégique même. Les puissances occidentales n’auraient pas hésité à intervenir pour secourir la communauté chrétienne avec toutes les conséquences politiques et sécuritaires que l’on peut imaginer. Cet aspect mérite d’être approfondi, que les historiens s’en emparent et que des thèses et autres travaux scientifiques puissent l’éclairer davantage pour l’histoire.

L’Emir était un visionnaire, relève M. Benamar, dans le débat, les responsables de la Fondation interrogés sur le patrimoine algérien existant en Syrie, rappellent que la maison de l’Emir, pour ne citer que cet exemple, appartient à l’Etat syrien. On voulait créer un musée, mais les Syriens n’ont pas réagi.

Ceux qui ont accompagné l’Emir en Syrie se sont répandus dans le Chem, l’ancien Président de la République, M. Lamine Zeroual, avait pris la décision, selon M. Boutaleb, de leur accorder la nationalité algérienne, mais affirme le Président de la Fondation on ne sait toujours pas si cela s’est fait.

Questionnés sur les activités de la fondation, les responsables de celle-ci relèvent que l’institution anime sur l’ensemble du territoire et parfois à l’extérieur du pays des conférences et autres colloques.

Il y a plus de vingt cellules qui activent au sein de la fondation qui travaille sur la vie de l’Emir.

Son œuvre

Il y a des dates marquantes, celle de la Moubayaa, date fondatrice de l’Etat algérien moderne. Il y a aussi les traités Desmichels et celui de la Tafna, l’évocation des grandes batailles. On commémore des évènements importants dans les diverses “capitales” créées par l’Emir, là où il s’installait pour organiser la lutte contre le corps expéditionnaire français.

A l’extérieur, il y a une place à Paris qui porte le nom de l’Emir. Il y en a aussi à Cuba, au Venezuela. A Mexico a été érigée une statue de l’Emir qui occupe une place centrale dans la ville.

Beaucoup d’écrivains français ont écrit sur l’Emir, note M. Boutaleb, et nous sommes en contact avec les autorités françaises pour la restitution de notre patrimoine historique. Les Français ne disent pas non, mais les négociations demeurent difficiles.

M. Benamar revendique pour le compte de la Fondation une maison de l’Emir à Alger (Dar Al Amir) et la consécration d’une journée nationale de l’Emir qui pourrait être fixer le 27 novembre de chaque année (date d’anniversaire de la Moubayaa).

Il ne s’agit pas, précise M. Benamar, d’une journée fériée, mais d’une journée qui rappelle aux Algériens le souvenir d’un grand homme d’Etat.

T. M. A.