A l’issue du match de championnat CSC-WAT disputé samedi à Constantine, l’entraîneur Roger Lemerre a animé la traditionnelle conférence d’après-match au cours de laquelle la question des contacts qu’il aurait avec des responsables de la Fédération algérienne de football lui a été posée.
Le coach français a démenti toute approche de la FAF, estimant que cette dernière n’allait sûrement pas commettre la bêtise de changer un sélectionneur qui a hissé les Verts vers le Top 20 du classement FIFA. «Franchement, je n’ai reçu ni offre ni contact et je suis étonné par cette information, surtout qu’à ma connaissance, le président de la Fédération algérienne est quelqu’un qui connaît très bien le football. Je ne pense pas qu’il se permettra de perturber le climat actuel entourant la sélection algérienne et se passer des services d’un sélectionneur qui a réalisé de bons résultats depuis son arrivée», a-t-il déclaré. Exprimant sa solidarité avec Vahid Halilhodzic, il a estimé qu’il «est tout à fait capable de réussir dans sa mission car il travaille sérieusement».
«Je suis lié au CSC par un contrat»
Au sujet de la possibilité de le voir quitter ses fonctions au CS Constantine, afin d’occuper probablement celle de Directeur technique national (DTN), comme des informations l’ont laissé supposer, Lemerre a été catégorique : «Je suis lié au CSC par un contrat qui m’oblige à rester en poste. Même si le contrat est moral, c’est important pour moi de tenir mes engagements. Donc, je ne peux pas quitter mes fonctions.» Il a aussi espéré qu’il n’y ait aucun intérêt de personnes derrière les informations faisant état d’un départ de Halilhodzic, montrant ainsi sa solidarité avec un entraîneur avec qui il est visiblement lié d’une grande amitié.

«Regardez le classement FIFA et vous constaterez la compétence de Halilhodzic»
Ces propos interviennent au lendemain d’une déclaration faite par Mohamed Boulhabib, président du CSC, qui affirmait que «si l’intérêt suprême de la sélection nationale l’exigeait, j’autoriserais Roger Lemerre à partir». Lemerre a conclu son intervention à ce sujet en faisant les éloges d’Halilhodzic dont il a dit le plus grand bien : «Il a la compétence nécessaire pour diriger la sélection algérienne. Il est en train d’accomplir du bon travail. Regardez bien le classement FIFA : vous êtes actuellement à la 19e place ! C’est la preuve qu’Halilhodzic est sur la bonne voie. Voilà, vous m’avez demandé si j’ai eu des contacts avec la FAF et j’ai répondu à la question. Pour le reste, je ne suis pas au courant.»
«Nous devons tous être derrière l’Algérie à la CAN»
Par ailleurs, l’entraîneur du CSC a animé, hier, une conférence à l’adresse des entraîneurs de la Ligue de football de Sétif, au cours de laquelle il a abordé divers sujets, entre autres la prochaine participation de l’Algérie à la CAN-2017. «Nous devons être tous derrière la sélection d’Algérie, car s’il est relativement facile de se qualifier à une phase finale de Coupe d’Afrique des nations, c’est plus difficile de remporter le titre. Il faut soutenir l’équipe et lui souhaiter beaucoup de réussite», a-t-il souligné.
«Les entraîneurs de club doivent accepter qu’on convoque leurs joueurs»
Abordant la colère exprimée par certains entraîneurs de club en voyant leurs joueurs être convoqués pour des stages en semaine hors dates FIFA et revenir exténués ou parfois blessés, Lemerre a prôné la sagesse et le bon sens : «Il ne faut pas qu’un entraîneur prenne mal la convocation de ses joueurs. C’est avant tout un honneur pour le joueur sélectionné d’être appelé pour défendre les couleurs de son pays et aussi de son club. C’est également une reconnaissance de la valeur de ce joueur. Les entraîneurs doivent comprendre que les matches internationaux sont très fructueux pour un joueur. Un match en sélection équivaut à 20 matchs avec le club en championnat.»
«Les professionnels doivent faire bénéficier la sélection de leur expérience européenne»
Lemerre n’est pas contre la participation des professionnels évoluant en Europe, à condition qu’ils apportent ce que les locaux ne peuvent pas donner. Il a cité en exemple la sélection de France des années 90 : «En 1996, des joueurs français sont partis exercer leur talent dans de grands championnats européens. Il y en a ceux qui ont été en Italie, d’autres en Angelettre, d’autres encore en Allemagne… Chacun a appris du championnat où il évoluait et a fait bénéficier son expérience à l’équipe de France. Cela nous avait aidés à réaliser des résultats, comme à l’Euro-96 où nous avons atteint les demi-finales (éliminés seulement aux tirs au but par la République tchèque, ndlr) et, surtout, au Mondial-98 que nous avons remporté. J’espère que les professionnels algériens feront bénéficier leur sélection de leur expérience européenne.»
«Zidane est devenu Zidane parce qu’il est parti en Italie»
Le champion d’Europe 2000 avec la France n’a pas manqué de parler de celui qui était le leader de son équipe à l’époque, Zinédine Zidane. «Il avait, certes, reçu une très bonne formation en France dans les clubs par où il est passé. Cependant, il y a une étape qu’il ne faut pas oublier dans son parcours et que je considère comme étant l’étape clef dans sa carrière : son passage en Italie. S’il est devenu le très grand joueur qu’il a été, c’est parce qu’il est parti en Italie où il a progressé et amélioré son niveau, surtout sur le plan physique, et c’est ce qui a facilité son intégration dans un club légendaire comme le Real Madrid», a-t-il souligné.
«En 2002, les joueurs de l’équipe de France étaient rassasiés et n’avaient plus cette envie de jouer»
Prié d’expliquer la différence entre les sélections de France de 1996, 1998, 2000 et 2002, dont il avait eu la charge en tant qu’adjoint d’Aimé Jacquet pour les deux premières, et en qualité de sélectionneur principal pour les deux autres, Lemerre s’est montré didactique : «En 1996, les joueurs avaient seulement des voitures. Deux ans après, avec le sacre en Coupe du monde, ils avaient gagné assez d’argent pour s’acheter une maison et une voiture. En 2000, chaque joueur avait trois voitures et une maison. En 2002, les joueurs étaient tous matériellement et financièrement rassasiés et possédaient des palais, ce qui fait que les résultats sportifs leur importaient peu. Ils n’avaient plus l’envie ni de motivation et c’est ce qui explique les résultats modestes que nous avons réalisés.» Questionné à la fin sur ses impressions à propos de son travail en Algérie, il s’est déclaré globalement satisfait, tout en ajoutant : «Je ne me suis jamais plaint de l’arbitrage, et c’est déjà un très bon point. C’est vrai qu’il y a un manque d’infrastructures en Algérie, mais le plus important est l’éducation et le respect qui sont les bases du football et du sport de manière générale.»