Soutenu par l’armée, Abdelaziz Bouteflika brigue un quatrième mandat. En raison d’un AVC subit en fin avril 2013, le chef de l’Etat n’est pas apparu en public depuis plus d’un an et sept « aides » mènent sa campagne. Les 23 millions d’électeurs devront le choisir sur des ouï-dire s’ils veulent l’élire le 17 avril.
La diminution de la santé démocratique d’un pays où un candidat est élu en 1999 avec 74 % des voix, réélu en 2004 avec 85 % et en 2009 avec 90 % est évidente. La réélection du président sortant qui n’a pas encore fait un jour de campagne serait un aveu de l’échec de sa démocratie. Un quatrième mandat dans une telle situation ferait considérer l’Algérie comme une autre démocratie de façade ou les gestionnaires ne sont pas imputables devant leur population. Son élection fera franchir à ce pays la ligne entre les vrais et les fausses démocraties.
Pire, si le président sortant devait être élu dès le premier tour, l’Algérie perdrait toute crédibilité au niveau international et son gouvernement sera considéré comme tous les autres gouvernements fantoches au service de dirigeants puissants, secrets et non imputables. Les services secrets et l’armée verront leur crédibilité diminuée énormément à l’international.
Le clan Bouteflika fait actuellement passer ses intérêts avant ceux de l’Algérie. Issu d’une révolte populaire, le mouvement Barakat défend donc sans vraiment en avoir conscience la réputation internationale de l’Algérie qui serait durement touchée par une élection du candidat invisible. Il n’est pas étonnant que l’Algérie ait reçu plus de 160 demandes de journalistes étrangers pour la couverture de l’élection présidentielle du 17 avril. Une bonne partie des citoyens de cette planète se demandent comment un candidat qui n’a pas fait campagne pourrait être réélu et en plus au premier tour, comme cela est prédit !
Puissance militaire régionale, l’Algérie peut en raison de ses progrès économiques et sociaux, devenir rapidement un pays émergent, mais pas avec un président mort vif. La contestation interne et la déconsidération mondiale que le pays subira s’il est élu à un quatrième mandat risquent plutôt de l’entraîner sur la pente glissante des dictatures déguisées. Pour prévenir cela, les Algériens doivent tous voter pour un meilleur candidat. Le boycott proposé aux électeurs n’est qu’un autre truc du clan Bouteflika pour tenter de conserver le pouvoir.
Michel Gourd