La nuit du destin, ou Leilat El Qadr, est un jour béni d’entre tous. Les anges, dit-on, descendent sur terre où règnent jusqu’à l’aube paix et tranquillité. Pour l’occasion, les croyants implorent le pardon pour leurs péchés et multiplient les invocations.
Toute une sourate du Coran est réservée à cette nuit sacrée pendant laquelle, selon une tradition populaire, « s’ouvrent les portes du ciel » qui se retrouve également citée dans d’autres versets. Elle trouve d’abord son importance et sa valeur, explique le cheikh Ilyas Ait Si Larbi, imam à la mosquée Ibn Badis d’Alger-Centre « dans le fait que le saint Coran a commencé à être révélé lors du Ramadhan et, précisément, au cours de cette nuit ». On peut lire, en effet, ce verset dans la sourate El Baqara : « Le mois de Ramadhan a vu la descente sur terre du saint Coran » et, dans Sourate El Qadr : « Nous l’avons, certes, fait descendre pendant la nuit d’Al-Qadr qui vaut plus que mille nuits. » Dans l’esprit des musulmans, cette nuit, honorée et célébrée, tient une place privilégiée et des hadiths du Prophète (QSSSL) mettent en valeur ses bienfaits. Pour autant, explique notre interlocuteur, les théologiens ne se sont pas mis d’accord sur sa date précise. « Certains disent qu’elle correspond à la nuit du vingt cinq du mois de Ramadhan, d’autres rétorquent qu’elle n’a lieu qu’une fois tous les sept ans et on a même vu certains qui la lièrent à la bataille de Badr qui eut lieu le 17 du mois de Ramadhan ». Le consensus semble s’être pourtant fait sur la date du vingt-sept du mois sacré. Le cheikh Si El Hadj Mohand Tayeb, connu pour la traduction de quelques versets du saint Coran en langue kabyle, nous a affirmé que beaucoup de hadiths évoquent cette nuit. L’un la situe dans les jours impairs durant les dix dernières journées du Ramadhan, mais un autre tout autant authentique fait référence à la nuit du 27. De son côté, Cheikh Abou Abdessalam nous expliquera que « personne ne connait le jour exact de cette nuit, mais en donnant des indications imprécises et, en la maintenant dans le flou, le Tout-Puissant veut nous pousser à affermir notre foi, à redoubler d’actes d’adoration pour espérer cueillir les bienfaits de cette nuit sacrée ». « On dit qu’une année, elle peut survenir le 23 et l’année d’après le 25 », précise l’homme très consulté sur les questions relevant du dogme ou du culte.
CONSENSUS SUR UNE DATE
Durant les dix derniers jours du Ramadhan, le musulman doit, en quelque sorte, être à l’affût, ne pas se relâcher à l’exemple du Prophète (QSSSL) qui, selon le cheikh, « s’isolait, passait ses jours et ses nuits dans la lecture du Coran et la méditation en compagnie de sa famille et de ses proches ». Les théologiens musulmans exhortent le croyant durant la dernière décade du Ramadhan à multiplier et diversifier les signes de sa foi en priant plus, en offrant la zakat aux nécessiteux ou en renouvelant sa garde-robe ». L’imam Malek, rapportent les chroniqueurs musulmans, était connu pour son souci de porter comme s’il s’agissait de l’Aïd, des tenues propres. L’une des recommandations de l’envoyé de Dieu est d’éviter d’attiser les feux de la discorde ou des disputes. La question n’a cessé de tarauder l’esprit des musulmans. Quels sont les signes qui annoncent la nuit du destin ? A défaut de la situer, peut-on la reconnaitre ? Elle se distingue, dit-on, par une clarté exceptionnelle plus facile à reconnaitre dans les campagnes, les déserts que dans les villes illuminées. Le croyant ressent également une sérénité peu habituelle ; le cheikh Tayeb cite, par ailleurs, « l’absence de vents et de tempêtes, comme si la nature se retrouve aussi apaisée ». C’est parce que tout au long de l’histoire, des croyants ont cru voir ces signes se répéter le 27 du mois de Ramadhan, notamment un lever de soleil dénué de rayons, que le consensus s’est fait sur cette date » et, en plus des manifestations de foi, se déroulent diverses réjouissances qui font de cette date un moment de communion collective prônée et recommandée par la religion musulmane.
H. Rachid