Les jihadistes concentrent une grande partie de leurs efforts sur cette ville dont la prise leur permettrait de contrôler une longue bande continue de territoire à la frontière syro-turque.
L’organisation Etat islamique a envoyé des renforts dans la région de Kobané, en Syrie, et lancé hier une nouvelle attaque contre les forces kurdes, en dépit des frappes de la coalition internationale. Ces dernières heures, l’EI a de nouveau reçu des «renforts en hommes, munitions et équipements» venant de la province d’Alep et de celle de Raqqa (nord), bastion du groupe extrémiste sunnite en Syrie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne), qui se fonde sur un vaste réseau de militants et témoins à travers la Syrie.
Plusieurs obus de mortier ont été tirés par les jihadistes contre le poste-frontière avec la Turquie, selon l’AFP. Vendredi déjà, 28 obus de mortier avaient ciblé le secteur du poste-frontière, dans le nord de Kobané, d’après l’OSDH. «L’EI a visé le poste-frontière et des bâtiments autour», a expliqué un responsable local kurde, Idriss Nassen, joint au téléphone alors qu’il se trouve actuellement en Turquie. Il a ajouté que «dans la nuit, l’EI avait lancé une attaque féroce depuis l’est de Kobané pour atteindre le poste-frontière, mais les milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple) ont répliqué avec force» et repoussé les jihadistes.
M. Nassen a également fait état de cinq raids aériens de la coalition internationale la nuit passée dans l’est, l’ouest et au sud de Kobané, en soutien aux forces kurdes au sol. Selon l’OSDH, 35 jihadistes ont été tués dans des combats et des raids vendredi, et trois combattants kurdes ont péri dans les affrontements. La région de Kobané est le théâtre depuis un mois d’une vaste offensive des jihadistes, qui sont finalement entrés dans la ville le 6 octobre mais n’en contrôlent pour le moment que la moitié, selon l’OSDH.
L’EI, dont la montée en puissance a été favorisée par la guerre civile qui ravage la Syrie depuis mars 2011, livre combat sur d’autres fronts, notamment à Deir Ezzor (est) et près d’Alep aux forces du régime, ainsi qu’aux Kurdes à Hassaka (nord-est), où la coalition mène également des raids. Dans la nuit de vendredi à samedi, ces frappes ont tué sept civils à Deir Ezzor et trois dans le sud de la province d’Hassaka. Dans la seule région de Kobané, plus d’une centaine de raids ont été menés par la coalition internationale depuis fin septembre. «Je pense que ce que nous avons fait là-bas ces derniers jours est encourageant.
Nous voyons les Kurdes se battre et regagner du terrain et je pense que nous avons été capables de les aider avec des frappes aériennes précises ces derniers jours», s’est félicité le général Lloyd Austin, chef du Commandement militaire américain chargé de la région (Centcom), qui supervise la campagne de frappes en Irak et en Syrie. Il a néanmoins reconnu que la ville, où plusieurs centaines de civils restent bloqués, pouvait encore tomber entre les mains des jihadistes.
En dépit de l’importance médiatique et symbolique de Kobané ces dernières semaines, le général Austin a rappelé que l’Irak était «la priorité des Etats-Unis». Le Conseil de sécurité des Nations unies a également exhorté la communauté internationale à intensifier son soutien au gouvernement irakien et à ses forces de sécurité.
Les forces irakiennes, appuyées par des frappes de la coalition, ont lancé vendredi plusieurs offensives, dans la région de Tikrit, aux mains des jihadistes depuis quatre mois, et dans trois secteurs de Ramadi, partiellement contrôlé par l’EI. Accusé de crimes contre l’Humanité, l’EI qui compte des dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris occidentaux, est responsable de terribles exactions -viols, rapts, exécutions, décapitations- dans le «califat» qu’il a proclamé fin juin sur les vastes régions sous son contrôle en Irak et en Syrie.