Des milliers d’Egyptiens ont occupé la place Tahrir dans la nuit de dimanche à lundi, au Caire, après avoir repoussé la police. De violents affrontements ont fait 13 morts dimanche, dont au moins quatre par balles réelles. Un homme avait déjà été tué samedi sur la Place Tahrir.
Des manifestants défilaient également à el-Arich, dans le Sinaï, et à Ismaïlia, sur le canal de Suez, tandis que des heurts ont éclaté à l’issue des funérailles d’un jeune homme tué samedi à Alexandrie (nord), selon l’agence officielle Mena, rapporte le journal le Point. Tôt lundi matin, l’imam de la mosquée Omar Makram sur Tahrir, cheikh Mazhar Chahine, a assuré à la télévision publique être parvenu à un accord avec les forces de l’ordre, affirmant que le calme était revenu sur la place.
Il a expliqué avoir rencontré une délégation de l’armée et des forces de l’ordre afin de mettre en place cet accord qui prévoit, notamment, un cessez-le-feu.
Durant la nuit, des contestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction des policiers, dont certains, positionnés sur le toit d’un immeuble à proximité du ministère de l’Intérieur, proche de la place Tahrir, répliquaient avec des tirs de fusils et de balles de caoutchouc, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Ces affrontements, rappelant les scènes de la révolte contre le régime au début de l’année, ont débuté samedi au lendemain d’une manifestation place Tahrir de dizaines de milliers de personnes.
Fortes tensions à l’approche des élections législatives
Cette démonstration de force, menée par les islamistes, vise à réclamer le retrait d’une déclaration constitutionnelle présentée par le gouvernement, qui exemptait en particulier le budget de l’armée de tout contrôle parlementaire. L’armée s’est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l’élection d’un nouveau président. La date de la présidentielle, qui doit suivre les législatives, n’est toutefois pas encore connue, ce qui suscite de nombreuses craintes de voir les militaires s’accrocher au pouvoir.
Ces troubles ont relancé les craintes que les élections législatives, qui doivent débuter le 28 novembre et s’étaler sur plusieurs mois, ne soient émaillées de violences. Il s’agit du premier scrutin depuis la chute de Hosni Moubarak. L’armée a dit « regretter » les événements actuels, appelant le gouvernement à rencontrer les forces politiques pour y mettre fin, tout en réaffirmant s’en tenir au calendrier électoral établi, dans un communiqué lu dans la soirée à la télévision publique.