L’Egypte est plongée dans une grave crise économique,Les limites de la nouvelle Constitution

L’Egypte est plongée dans une grave crise économique,Les limites de la nouvelle Constitution

Le président Morsi va inaugurer «sa» Constitution en faisant face à une situation économique et sociale qui s’aggrave de jour en jour

L’adoption d’une nouvelle Constitution en Egypte, au terme d’un référendum très controversé, a peu de chance de conduire à un redressement de l’économie du pays en proie à de graves difficultés depuis deux ans.

Signe des inquiétudes autour de l’évolution de l’Egypte, l’agence de notation Standard & Poor’s a annoncé lundi qu’elle abaissait la note du pays à long terme de «B» à «B-«en raison des tensions politiques.

Déficit budgétaire en hausse, réserves en devises en berne, investisseurs étrangers attentistes et touristes frileux s’ajoutent en effet aux difficultés politiques du président islamiste Mohamed Morsi. «Je suis plus préoccupé par l’avenir de ce pays qu’il y a quelques semaines seulement», affirme Angus Blair, un économiste qui dirige le Signet Institute au Caire. «Voter «oui» au référendum ne va pas faire cesser le malaise économique».

Standard & Poor’s n’a pas exclu une nouvelle baisse «si une dégradation significative de la situation politique intérieure résulte en une nette détérioration des indicateurs économiques». L’agence estime que «les tensions politiques et sociales en Egypte ont augmenté et vont probablement se maintenir à des niveaux élevés sur le moyen terme».

L’ajournement d’une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du FMI, due à la situation politique, risque de prolonger la crise de confiance entre les investisseurs étrangers et l’Egypte, et de peser sur le redressement de ses comptes publics. «Les investisseurs sont intéressés par l’Egypte», a estimé récemment devant la presse l’ambassadeur de l’Union européenne au Caire, James Moran. Mais «il est important de créer de la confiance. La situation actuelle est fragile, et le plus tôt le prêt du FMI interviendra, le mieux ce sera», a-t-il ajouté. Or M.Morsi a, juste avant la première phase du référendum le 15 décembre, gelé en catastrophe une série de hausses de taxes sur des produits de base et de grande consommation (ciment, acier, cigarettes, sodas notamment), indispensables pour redresser les finances du pays, mais qui auraient lourdement pesé sur le climat politique et social.

La remise sine die du prêt FMI et des mesures de rigueur censées l’accompagner traduisent l’extrême difficulté d’engager des réformes économiques dans un climat politique des plus tendus.

L’annonce samedi de la démission du gouverneur de la banque centrale, Farouk al-Oqda, suivie d’un démenti quelques instants plus tard, a contribué à accroître le sentiment de confusion sur les options économiques du gouvernement. «Je pense que M.Al-Oqda a démissionné, mais le président et le gouvernement n’étaient pas prêts à cela.

Il en a probablement assez d’être sous pression et souhaite passer les rênes à quelqu’un d’autre», affirme Angus Blair.

Les revenus du tourisme, qui ont chuté de 30% à 8,8 milliards de dollars en 2011, peinent à remonter la pente, ce secteur restant pénalisé par l’image d’instabilité de l’Egypte.