L’Egypte en alerte avant les résultats de la présidentielle

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Les militaires au pouvoir en Egypte étaient en alerte dimanche avant la proclamation du vainqueur du second tour de l’élection présidentielle du week-end dernier.

La commission électorale doit annoncer à 15 heures locales (13h00 GMT) qui du Frère musulman Mohamed Morsi ou de l’ex-général Ahmed Chafik, dernier Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, deviendra le premier président choisi par les Egyptiens. Les deux rivaux se sont déjà proclamés vainqueurs et ont déposé des recours l’un à l’encontre de l’autre.

Les partisans de Mohamed Morsi pourraient réagir avec colère si la victoire est attribuée à Ahmed Chafik.

Peu de soldats étaient visibles dans les rues dimanche mais les responsables de la sécurité ont fait savoir qu’ils étaient prêts à répondre en cas de troubles.

Des véhicules blindés sont stationnés dans la capitale au siège de la commission électorale et devant le bureau d’information du gouvernement où doit se tenir une conférence de presse pour commenter ce résultat historique au Proche-Orient.

Les fonctionnaires travaillant autour de la place Tahrir au Caire où sont rassemblés plusieurs milliers de partisans des Frères musulmans, ont été encouragés à rentrer chez eux.

INQUIÉTUDE

De nombreux Egyptiens et des millions de personnes dans la région considéreraient une victoire de l’ex-général Chafik comme un coup mortel aux révolutions du Printemps arabe de 2011, malgré sa promesse de former un gouvernement non exclusivement composés d’islamistes.

« L’Egypte attend son président et se prépare au pire », écrit le quotidien L’Orient le Jour en une. En écho, « Al Watan » proclame : « Les Frères préparent la place pour Morsi et une alerte à la sécurité intense en cas de victoire de Chafik. »

« Tout le monde est inquiet en Egypte », résume Ali Mahmoud, un chauffeur de taxi de 44 ans. « L’armée doit connaître les résultats et doit avoir pris ses précautions. »

« Si Chafik gagne, nous aurons beaucoup de problèmes. Si Morsi gagne, il y aura moins de manifestations. »

Mohamed Morsi, 60 ans, a fait ses études d’ingénieur aux Etats-Unis. Prisonnier politique sous le régime d’Hosni Moubarak, il a proclamé sa victoire quelques heures après la fermeture des bureaux de vote dimanche dernier. Cette décision a été critiquée par les généraux au pouvoir.

Montrant sa certitude de l’emporter, il a déjà rencontré d’autres groupes et établi un projet d’accord pour former un gouvernement de coalition nationale.

Les Frères se dépeignent comme un mouvement moderne, prêt à travailler avec d’autres et désireux de respecter les traités signés par ses prédécesseurs. Certains de leurs partisans citent l’exemple de la Turquie, où la démocratie fait peu à peu son chemin.

Par contraste, Ahmed Chafik, un ancien commandant de l’armée de l’air âgé de 70 ans, s’est montré plutôt discret bien qu’il ait déclaré jeudi avoir bon espoir de l’emporter.

Danielle Rouquié pour le service français, édité par Pierre Sérisier