Le jeu politique imposé par la conjoncture régionale a fait sortir le Premier ministre Ahmed Ouyahia de son bureau au niveau du gouvernement. M. Ouyahia est depuis quelques jours plus que jamais disponible pour régler les affaires de son parti à travers des réunions à huis clos avec ses militants.
Le paysage politique de voisinage de l’Algérie est en train de changer chaque jour dont le dernier témoignage est la victoire d’un parti islamiste au Maroc. Le changement se confirme et les acteurs politiques algériens ont entamé à leur tour un jeu avec des perspectives de prendre les commandes dans la prochaine étape sans que l’Algérie passe par les mêmes événements vécus par ses voisins. Tout a commencé avec l’annonce des réformes politiques, le 15 avril dernier par le président Bouteflika, des réformes qui ont été amendées par le FLN dans le cadre de son forcing au niveau de la chambre basse du Parlement. Ainsi, pour une fois, le FLN amende des textes de loi validés en Conseil des ministres, donc avec l’accord du chef de l’Etat. Il s’agit d’une situation nouvelle et d’un jeu politique mené par le vieux parti. A ce titre, le FLN a été soutenu par le parti de Ahmed Ouyahia (le Rassemblement national démocratique). Pourtant, ce parti affirmait qu’il soutenait les textes des réformes politiques comme proposé par le gouvernement. Un soutien dont l’explication n’est pas claire, sauf si l’ordre a été donné pour faire passer les différents projets de loi malgré tout car il s’agit aussi de l’image de l’Algérie devant ses partenaires occidentaux. D’ailleurs, vendredi dernier un haut responsable britannique parlait de l’importance de la stabilité de l’Algérie pour sa relation avec ce pays. Par ailleurs, ce jeu politique imposé par la conjoncture régionale a fait sortir le Premier ministre Ahmed Ouyahia de son bureau au niveau du gouvernement. M. Ouyahia est depuis quelques jours plus que jamais disponible pour régler les affaires de son parti à travers des réunions à huis clos avec les militants du RND. Après M’sila et Chlef, le patron du RND était ce samedi à Relizane. A cette occasion, M. Ouyahia a invité les élus et les cadres de sa formation politique à se mobiliser pour les prochaines échéances électorales afin d’«atteindre les objectifs escomptés dans les prochaines assemblées élues». C’est en tout cas ce qu’a indiqué le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, puisque cette rencontre s’est déroulée à huis clos. Ce n’est pas le cas de son rival pour la prochaine étape, en l’occurrence Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN. Ce dernier choisit les meetings populaires pour répondre aux redresseurs et ceux qui croient que ses jours comme SG du FLN sont comptés.
C’est vrai que les prochaines législatives seront une étape décisive pour ce parti et autres formations politiques mais cette fois-ci Belkhadem parle déjà de l’après- législatives.
Lors d’un meeting qu’il a animé à Tiaret samedi dernier, Abdelaziz Belkhadem a indiqué que le FLN prévoit de nouvelles perspectives politiques après les élections du printemps prochain. M. Belkhadem a affirmé que les prochaines élections «seront différentes des précédentes, en ce sens qu’elles donneront lieu à un parlement devant approuver les amendements de la constitution tels que contenus dans le discours du président de la République au mois d’avril dernier». Elles seront également suivies, a-t-il souligné, par «la rédaction de lois et par la formation d’un nouveau gouvernement».
Il a appelé, à cet égard, les militants du parti «à activer, dès à présent, au niveau de leurs quartiers, des villes et villages, et à se préparer à l’engagement pour les prochaines élections législatives et locales».
Ainsi, le FLN et en particulier Belkhadem se voit déjà candidat à la présidentielle même si chez les voisins les ex-partis uniques ont été enterrés par ce qu’on appelle «le printemps arabe» mais le vieux parti se présente avec un nouveau look en se qualifiant de leader des réformes, d’ouvert aux femmes et aux jeunes sans oublier le côté «islamiste» de Belkhadem.
Dans ce jeu mené au sommet par Belkhadem et Ouyahia, d’autres formations politiques cherchent à renverser la situation. Dans ce cadre, il y a le cas de Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs. Celle-ci se présente comme proche du président de la République, en affirmant que celui-ci lui a parlé d’une deuxième lecture des réformes politiques.
Certes, l’article 127 de la Constitution permet au chef de l’Etat de procéder à cette lecture mais pourquoi faire ? Pour Henoune, «le FLN et le RND ont assassiné les réformes politiques».
Elle appelle le premier magistrat du pays à intervenir et rattraper les réformes politiques qui sont l’espoir de tous les Algériens. Cette agitation de la part de la patronne du PT, ne part pas de rien, pour un parti qui a perdu un nombre important dans le Parlement actuel et dont les chances pour les prochaines étapes ne sont pas aussi fortes.
Par Nacera Chenafi
