Comme prévu, tous les partis islamistes ont décidé de participer aux prochaines élections législatives prévues en avril de l’année prochaine. Pratiquement, toutes les sensibilités de cette mouvance n’ont pas hésité à trancher rapidement cette option,
alors que des voix internes réclamaient le maintien du boycott électoral en raison de la persistance de doutes sur la fraude
et les « dépassements » de l’administration.
Le premier parti à ouvrir le bal a été le MSP, qui a arraché le quitus de son majliss choura, réuni avant-hier en session extraordinaire.
Le mouvement de feu Nahnah était ballotté depuis longtemps entre deux clans : ceux qui veulent maintenir le cap de l’opposition radicale et du refus du système actuel en s’agrippant à la plate-forme de Mazafran, et ceux qui encouragent le parti à suivre la politique de l’entrisme par une participation au sein des institutions républicaines.
D’ailleurs, Abderrazek Mokri , son président, a eu toutes les peines à contrer l’activisme des « participationnistes », menés par l’ancien patron du parti, Aboudjerra Soltani. Ce dernier aura tout fait pour pousser les membres du majliss choura à opter pour la voie d’une participation aux législatives.
Il aura fallu du temps pour que Mokri change d’optique, notamment depuis que la plupart des partis de l’opposition ont choisi de se lancer dans les prochaines joutes électorales.
D’ailleurs, c’est Mokri lui-même qui défendra cette option en citant des exemples jordaniens et koweïtiens, où les mouvements islamistes avaient fini par subir de fortes érosions suite aux boycotts des élections. Pour Mokri, la chaise vide est un choix « suicidaire », citant des cas de partis algériens qui ont fini par revoir leurs copies, comme le RCD ou le FFS par le passé.
La même décision a été prise par le majliss choura du mouvement Ennahdha dans sa session extraordinaire tenue avant-hier à Alger. Une décision attendue du reste, d’autant que le président de ce parti a cosigné le communiqué récent diffusé par la Coordination nationale des libertés, dont il est membre, et qui avait explicitement défendu le choix d’une participation aux législatives.
Dans la même foulée, le mouvement El Islah se dit prêt à « mouiller » le maillot électoral, en tranchant sa participation, en dépit de quelques oppositions internes et surtout de la crise organique qui secoue ses appareils.
C’est exactement la même position que vient de prendre l’autre parti islamiste, le mouvement « El Bina »(MEN) conduit par un ancien compagnon du chef spirituel des Frères musulmans algériens, Mahfoudh Nahnah.
Dans le milieu, on s’attend également à une déclaration officielle de la part de Menasra, chef de l’autre parti dissident du MSP, le Front du changement, dont les positions politiques récentes penchent vers une participation effective à ces élections.
Reste le cas du parti de la Justice et du développement (PJD), dont le président Djaballah évite d’en parler ouvertement. Selon nos informations, un sondage aurait été commandé par Djaballah en direction de ses militants et cadres afin de connaître leurs opinions, leurs choix et surtout leurs explications sur telle ou telle option.
Ce sondage, lancé au début du mois d’octobre, est encore au stade de l’examen et de l’analyse au niveau des instances supérieures du parti.
Selon des nouvelles, la majorité des militants sondés penchent pour une participation aux législatives et aux communales. D’ailleurs, l’impression qui se dégage des propos des autres assistants de Djaballah, comme le député Benkhalef, montre une réelle volonté du PJD de participer à ces élections, en dépit des multiples contraintes du dispositif électoral et législatif.
Pour beaucoup d’islamistes, les législatives d’avril 2017 c’est déjà « une question de vie et de mort », politiquement parlant. Reste maintenant à en connaître l’éventualité d’une alliance électorale, nationale ou régionale, entre toutes ces sensibilités de la mouvance islamiste.
Une alliance qui demeure une carte importante pour les islamistes pour contrer soit la suprématie de partis dominants (FLN et RND), soit des cas de « dérapages » ou de fraude dans les milliers de bureaux des 1 542 communes du pays.