La campagne électorale en rapport avec les élections législatives de 4 mai prochain s’est distinguée par une forme de marketing politique qui diffère d’un parti à un autre, et parfois d’un candidat à un autre.
Ces slogans se démarquent par quelque chose d’un peu spécifique, ils expriment des aspects qui, parfois, sortent de l’ordinaire pour verser dans l’anecdotique et aussi l’hilarité. Beaucoup d’observateurs de la chose politique considèrent que la campagne électorale comme étant un moment et un espace adéquat pour les candidats voulant faire passer les messages politiques dans le but de convaincre l’électorat de voter pour eux.
Mais parfois ce jeu que l’on appelle marketing électoral, est pétri de supercheries, balivernes et vétilles qui ne font que rendre éberlués les crédules que l’on amuse par des sornettes de ce genre. Nos partis politiques et nos indépendants proposent des candidats qui ne se limitent pas à leur mission, des candidats qui sont censés devenir des législateurs de demain, mais bien au contraire, ils dépassent ce volet pour verser dans les promesses en rapport avec le pouvoir exécutif responsable de répondre aux besoins et revendications socio-économiques des citoyens.
Un candidat, pour ne pas citer son nom, a exhibé une affiche dans laquelle est mentionné son slogan fétiche qui dit: «Votez pour moi, je serai votre député qui ne fermera pas son portable!». Cela pourrait paraître comme une fumisterie, mais la réalité est là, c’est une affiche émanant d’un candidat appartenant à un parti politique nouvellement créé.
Cette démarche, même si elle est biscornue, est dans le coeur du marketing électoral, l’expérience politique a montré que beaucoup de slogans de ce genre ont pu chasser l’électorat de par le fait de recourir à ce genre de subterfuges et d’éviter de tomber dans des situations politiques où les réponses aux questions des citoyens doivent être concrètes. Mais quand on use de ces subterfuges, le candidat fuira les vraies questions touchant la vie directe de l’électorat.
Le Front de Libération nationale se réfère au passé glorieux en rapport avec la révolution de Novembre en faisant le lien avec le présent du pays confronté à de véritables défis socio-économiques et des menaces sur le plan sécuritaire, surtout au niveau de nos frontières. Le slogan est presque ordinaire, n’est pas accrocheur, il est surtout caractérisé par une charge politique qui renseigne sur les enjeux auxquels est confronté le FLN d’où ce slogan: «Le Passé et présent riches, et un avenir optimiste!»
Par contre, le slogan qui suscite l’attention est celui du Rassemblement national démocratique (RND), il fait dans le réalisme politique jusqu’à l’extrême. Le slogan du RND est tel un ordre politique incitant vers l’action: «Loin des slogans et à travers un discours direct et franc!», c’est un slogan qui coupe court avec l’approche populiste et démagogique qui était considérée comme monnaie courante chez notre classe politique.
L’alliance Mouvement de la société pour la paix (MSP) et Front du changement (FC) a choisi comme slogan «Ensemble pour une Algérie prospère et sûre», ce slogan se veut comme un appel pour l’unité et la cohésion, mais la prospérité n’est pas à sa place, étant donné que le pays est en train de vivre une situation économique et sociale difficile. La prospérité telle que vue par l’alliance est dépourvue de substance en adéquation avec la réalité du pays en proie à une véritable crise.
Il y a aussi l’approche du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui mise sur des démarches qui visent à tout revoir en politique: «Pour un nouveau départ pour l’Algérie.»
Un slogan qui ne rime pas avec le long du processus qu’avait connu l’Algérie depuis son indépendance en arrivant à la situation actuelle. Le RCD n’arrive pas à se libérer de son cocon discursif consistant à dire que la solution ne peut venir que de son parti propre et loin de la dynamique consensuelle et participationniste de toutes les forces vives du pays. Ces slogans font apparaître la sournoiserie politique de certains partis politiques qui emploient des discours teintés de «générosité» en matière d’offre et de prestation de service sur le plan de la propagande et du marketing électoral. C’est le cas de l’Union pour Nahda, El-Adala et El Bina (Unae) qui affiche le slogan «Préserver le pays et oeuvrer pour l’intérêt public».
Ce slogan est mille fois trompeur qui cache une dimension outre que celle affichée en apparence. L’Union pour Nahda, El-Adala et El Bina, est considérée comme la tendance la plus radicale aujourd’hui, elle puise ses fondements discursifs, idéologiques et politiques dans le registre des Frères musulmans, elle ne sacrifie jamais la stratégie sur l’autel de la tactique, elle renonce aux aspects qu’elle considère comme futiles, voire sans importance susceptible de produire des conséquences néfastes sur son existence en tant que mouvance islamiste qui vise l’arrivée au pouvoir pour appliquer la chari’a.
En tout état de cause, ces slogans ne doivent pas constituer la matrice réelle de ces partis aux yeux du citoyen livré à lui-même, il faut se référer à la lecture des programmes avec minutie pour en déduire le fond réel de ces partis. Le marketing politique est de nature à tout faire pour escamoter les vrais objectifs d’un parti politique, surtout s’il contredit les aspirations du citoyen lambda!!