Législatives en Turquie : Le parti d’Erdogan pour un 3e mandat

Législatives en Turquie : Le parti d’Erdogan pour un 3e mandat

Les électeurs turcs élisaient hier leurs représentants au Parlement lors d’élections législatives, au cours desquelles le Parti de la Justice et du Développement (AKP, au pouvoir) est le favori, selon les sondages, pour un 3e mandat face à l’opposition qui espère consolider son assise populaire. Plus de 50 millions d’électeurs, sur une population de quelque 73 millions, étaient appelés à se prononcer dans plus de 200.000 bureaux de vote, répartis à travers le pays, pour renouveler les membres du Parlement turc qui compte 550 sièges.

Quant aux Turcs de l’étranger, ils ont commencé à voter en mai dernier et le vote devait se terminer dans la journée. Au pouvoir depuis novembre 2002, le parti du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, vise un troisième mandat consécutif à la tête du pays, ce qui serait, en cas de victoire, un record de longévité jamais égalé par aucune formation politique dans l’histoire de la Turquie moderne. Les sondages réalisés donnent l’AKP, en tête de ce scrutin avec 45 à 50 % des voix (47% en 2007), ce qui lui permettra d’obtenir assez de sièges pour faire adopter une nouvelle Constitution.

Lors de la campagne électorale, M. Erdogan a loué les mérites de sa politique menée durant ces dernières années, en insistant sur la bonne santé économique du pays qui a enregistré un taux de croissance « à la chinoise » avec de 8,9% en 2010, faisant de la Turquie la 17e économie mondiale. Le chef de l’AKP n’a pas aussi dissimulé ses aspirations à aller vers un système présidentiel. Si l’AKP dépasse la barre des 367 députés, soit une majorité des deux-tiers, il pourra modifier la Constitution sans avoir recours à un référendum. Avec 330 sièges, l’AKP devra organiser un référendum. Enfin, à moins de 330, il lui faudrait l’aide d’autres partis, ou abandonner son projet. Selon l’économiste et éditorialiste turc Ahmet Insel, M. Erdogan représente, pour les classes moyennes et populaires notamment dans l’Anatolie profonde, « la stabilité économique, mais aussi politique, ce que l’opposition ne semble pas en mesure de faire ».

Le chef de l’AKP jouit également du soutien des chefs d’entreprises et des travailleurs, appréciant la poursuite de l’expérience de la croissance et désinflation. Selon l’économiste turc l’inflation avoisine aujourd’hui les 6% après avoir dépassé les 15 % il y a quatre ans. A l’étranger, la gouvernance de l’AKP est également appréciée, en particulier en Occident, où on estime qu’Erdogan a joué un rôle important dans la redéfinition de la politique étrangère turque avec le concept de « zéro problème » avec les voisins. Le parti au pouvoir en Turquie a entrepris, en outre, plusieurs réformes pour favoriser la démocratie dans le pays et l’aligner aux normes européennes, faisant face à une opposition ferme de l’armée « soucieuse » de garder les fondements de la République séculaire fondée par Mustafa Kemal Atatürk.