Législatives au Maroc, Vers un gouvernement de coalition

Législatives au Maroc, Vers un gouvernement de coalition

Le prochain gouvernement marocain, issu des élections législatives anticipées de vendredi, sera composé d’une coalition de partis, d’après les résultats provisoires officiels annoncés par le ministre de l’Intérieur, Taïb Cherkaoui.

Selon les chiffres, rendus publics samedi, aucune formation politique n’a obtenu de majorité suffisante pour diriger l’exécutif qui sera nommé par le roi Mohammed VI.

La nouvelle Constitution, adoptée le 1er juillet dernier, stipule que le prochain chef du gouvernement sera issu du parti vainqueur aux élections législatives, rappelle-t-on.

Le Parti justice et développement (PJD, islamiste modéré), arrivé en tête avec 80 sièges des 305 à pourvoir, n’a pas obtenu de majorité absolue lui permettant de gouverner sans le soutien des autres partis, notamment ceux ayant réussi à élire « quelques » députés à l’image du Parti de l’Istiqlal, grand perdant de ces élections.

Ce dernier, dont le secrétaire général dirige le gouvernement sortant, n’a en effet obtenu que 45 sièges à la Chambre des représentants (chambre basse).

N’ayant aucune expérience de la gouvernance, le PJD, principale formation d’opposition parlementaire avec 46 membres, sera contraint de négocier avec les autres formations pour obtenir une majorité capable de gouverner un pays en proie à une multitude de problèmes, notamment le chômage qui a atteint 9,1% de la population active, selon des chiffres officielles.

Le pays est également confronté au fléau de l’analphabétisme qui touche 32% de la population, à différents problèmes sociaux, tels que la précarité dans le logement en plus des difficultés dans les secteurs de la santé publique et de la sécurité sociale, alors que le pays enregistre une baisse dans les fréquentations touristiques, principales ressources du royaume.

Même s’il a annoncé, à maintes reprises, qu’il était décidé à mener des tractations pour la formation d’un gouvernement de coalition, le PJD n’est pas sûr d’avoir des interlocuteurs à même d’accepter de former avec lui le prochain exécutif, notamment le Parti authenticité et modernité (PAM, 33 sièges) connu pour être un « anti-islamiste ».

Par ailleurs, les observateurs s’interrogent sur la réaction des autres partis qui ont gagné des sièges pour la prochaine législature.

Ceux-ci n’ont pas, en effet, affiché clairement leur volonté de gouverner avec un parti islamiste. Il s’agit du Rassemblement national des indépendants (RNI), arrivé troisième avec 38 sièges et autour duquel s’est formée une coalition de huit partis dénommée « la Coalition pour la démocratie » pour « faire front » au PJD.

Le dirigeant du RNI, Salaheddine Mezouar, actuel ministre de l’Economie et des Finances était donné, avant la tenue de ses élections, comme probable futur chef du gouvernement, selon plusieurs observateurs politiques. Ils estiment que la tâche ne sera pas facile pour Abdelillah Benkirane, secrétaire général du PJD de former un gouvernement, notamment dans la désignation des postes-clé au sein de l’exécutif.

La nouvelle loi fondamentale élargit, peu ou prou, le rôle du chef du gouvernement mais elle préserve la prééminence du souverain sur la vie politique. Ainsi, le roi, sur proposition du chef de gouvernement et à l’initiative des ministres concernés, « exerce le pouvoir de nomination, en Conseil de ministres, dans certaines hautes fonctions publiques, telles celles de wali, gouverneur, ambassadeur ».

Il exerce également son pouvoir de nomination des responsables des administrations de la sécurité intérieure et des institutions nationales stratégiques, « étant entendu que la nomination à des postes militaires demeure de la compétence exclusive et régalienne du roi, chef suprême, chef d’état-major, général des Forces armées royales ».

Par : APS