Les électeurs allemands ont commencé dimanche à voter dans le cadre des législatives qui devraient reconduire Angela Merkel à la chancellerie, mais qui pourraient la contraindre de partager le pouvoir avec ses adversaires sociaux-démocrates, sa majorité avec les libéraux étant menacée.
Quelque 61,8 millions d’électeurs sont appelés à élire les 598 députés du 18e Bundestag, qui désignent ensuite le/la chancelier/e. Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT dans tout le pays. Ils fermeront à 16H00 GMT et les premières estimations de résultats seront diffusées dès ce moment-là.
Peu après le début du vote, le candidat social-démocrate à la chancellerie, Peer Steinbrück, essayait encore de convaincre les électeurs que tout n’était pas joué. « Le jour de l’élection est arrivé, tout est entre vos mains, allez voter s’il vous plaît », a-t-il enjoint les Allemands dans un tweet matinal.
Les premiers chiffres de participation sont attendus dans l’après-midi. Le taux d’abstention sera scruté avec attention. Lors des dernières législatives en 2009, l’abstention avait atteint un record : Près d’un électeur sur trois ne s’était pas rendu aux urnes.
La formation d’une coalition s’annonce plus complexe
Les derniers sondages ont confirmé ce qui est annoncé depuis des mois : la coalition de la chancelière conservatrice, 59 ans, formée des conservateurs et des Libéraux obtiendrait une très courte avance aux élections, selon le dernier sondage paru avant le scrutin, mais sa reconduite reste incertaine.
Selon Gero Neugebauer, politologue de l’Université Libre de Berlin, le système électoral complexe allemand alliant scrutin uninominal direct à un tour et scrutin proportionnel, est à l’origine de cette incertitude.
D’après la dernière enquête réalisée par l’institut Emnid à paraître dimanche dans l’hebdomadaire Bild am Sonntag, les conservateurs d’Angela Merkel (CDU et le parti frère bavarois CSU) obtiendraient 39% et le parti libéral FDP 6%.
Les sociaux-démocrates sont crédités de 26% et leurs alliés traditionnels de 9%. La gauche radicale Die Linke obtiendrait quant à elle 9%. Et le parti anti-euro, Alternative für Deutschland (AfD), ne passerait pas le seuil nécessaire des 5% pour être représenté au Bundestag, recueillant 4%.
En additionnant les voix, la coalition actuelle de Merkel (Conservateurs et Libéraux) obtiendrait 45%, donc un point d’avance sur l’opposition (SPD, Verts et la gauche radicale), créditée de 44%. Le SPD a toutefois exclu un gouvernement avec la gauche radicale.
Dans deux sondages parus vendredi, la reconduction de la coalition conservatrice-libérale de Merkel paraissait également incertaine : elle obtenait aussi 45% des voix.
Depuis plusieurs jours, le scénario le plus fréquemment évoqué dans les médias est néanmoins celui d’une grande coalition entre les conservateurs de Merkel et les sociaux-démocrates. Mme Merkel, qui brigue un troisième mandat de quatre ans, pourrait alors devoir gouverner avec le SPD, comme pendant son premier mandat (2005-2009).
La cote de popularité de Merkel au plus haut
Huit ans à la tête de l’Allemagne n’ont pas altéré la popularité de la chancelière aux yeux de ses concitoyens. Sa cote, mesurée par les différents instituts, a atteint en août des sommets : un sondage de l’institut Infratest Dimap a indiqué que 70% des Allemands se disent satisfaits de l’action d’Angela Merkel, qui se situe en première place du classement, loin devant le second, le ministre des Finances qui obtient 64% de satisfaction, alors que le social-démocrate Pier Steinbrück n’obtient que 47% de satisfaction.
Cette popularité de la chancelière sortante s’ancre à la fois dans une image personnelle favorable et dans une perception positive de l’économie allemande.
Ainsi, les enquêtes du Forschungsgruppe Wahlen montrent que 44% des Allemands jugent la situation économique de leur pays « bonne », alors que ce chiffre atteignait à peine 10% avant la précédente élection fédérale, en septembre 2009. A l’inverse, seuls 9% des sondés estiment que l’économie allemande est dans « une mauvaise situation ».