Législatives: Absence d’instituts de sondage et d’études prospectives: L’épice qui manque au scrutin

Législatives: Absence d’instituts de sondage et d’études prospectives: L’épice qui manque au scrutin

Les partis déplorent l’absence de cet outil qui peut servir d’indice pour la classe politique.

Après 21 jours de campagne électorale, des centaines de meetings, des millions d’heures de proximité, bien malin celui qui peut présager du taux de participation, des grandes tendances dans la prochaine APN ou tout simplement de la campagne la plus efficace. L’opinion nationale, au même titre que les partis et les observateurs, est dans un flou total.

On ne sait pas qui va voter pour qui, ni pourquoi et encore moins le parti qui a séduit l’électorat. Bref, l’Algérie est dans un tunnel électoral et n’en sortira qu’au lendemain du 4 mai prochain. Et pour cause, la classe politique n’a pas la moindre idée sur ce que sera le verdict de l’urne.

Les partis vont-ils vaincre le spectre de l’abstention qui fait craindre le pire? Rien n’est certain. Sans boussole, la classe politique nage dans le flou total. Alors qu’ailleurs les sondages d’opinion se multiplient pour donner les diverses scénarii, en Algérie tout est suspendu au jour «J».

Alors que sous d’autre cieux les sondages sont largement exploités, l’Algérie enregistre un grand retard en la matière. Le projet de loi sur les sondages d’opinion est toujours au stade de réflexion. Dans l’Occident, les sondages jouent un rôle capital dans la vie politique et l’orientation de l’opinion publique, notamment durant cette élection présidentielle.

En France où se déroule une élection présidentielle, on assiste depuis des mois à une bataille de chiffres communiqués au quotidien par les différents instituts, à l’exemple d’Ipsos, Isee, TNS Sofres. Grâce aux sondeurs, les candidats ont des échos sur l’efficacité de leurs discours politiques ou pas et changent même d’attaque et de politique d’orientation pour capter davantage les électeurs. Certes, les sondages sont loin d’être une science exacte, mais ils donnent une lecture approximative de la réalité. L’expérience ne date pas d’aujourd’hui.

Depuis plus de cinquante ans, les sondages d’opinion jouent un rôle primordial. Même si parfois ils suscitent des controverses, il est admis que ces instituts s’imposent comme de véritables acteurs dans le déroulement des compétitions électorales, et plus largement dans le développement de la communication politique au sein des sociétés démocratiques. Les sondages d’opinion permettent, en effet, aux citoyens d’exprimer leur opinion, notamment politique au même titre qu’un vote ou une manifestation ou la grève ainsi que la participation au débat. Ce qui n’est pas du tout le cas en Algérie.

Malgré l’évolution des technologies de l’information, le paysage médiatique en termes de sondage reste vierge pour ne pas dire carrément inexploité. Devant ce vide, les partis prennent leur mal en patience en attendant le verdict des urnes. De nombreux responsables politiques ont émis le souhait de voir des instituts de sondage développés en Algérie.

Le représentant du Parti des travailleurs, et candidat aux législatives, Ramdane Youssef Taâzibt déplore l’absence de cet outil qui peut servir d’indice pour la classe politique. «On aurait aimé avoir des institutions de sondage crédibles et indépendantes chez nous», a-t-il affirmé tout en précisant que les sondages ne sont pas une science exacte. Contacté par nos soins, le représentant du PT soutient que les instituts de sondage sont une arme à double tranchant en expliquant qu’ils peuvent donner des orientations crédibles sur l’opinion publique comme ils peuvent être exploités par certains groupes pour manipuler. Même avis soutenu par le candidat aux législatives et membre de la direction Ennahda, Youcef Khababa.

Joint par téléphone, ce candidat estime que les instituts de sondage sont indispensables pour sonder l’opinion publique pas uniquement lors des élections, mais même sur un sujet important qui monopolise le débat. Selon lui, l’absence d’institut de sondage est dû au manque de volonté politique claire. Ailleurs, des gouvernements se basent davantage, dans la prise de décision, sur le sondage d’opinion pour éviter davantage de contestation.