Les votants se sont faits rares dans un centre de vote situé dans une école primaire à Azzefoun, Tizi Ouzou. En fin d’après-midi en cette journée ensoleillée et plus chaude que d’habitude pour un 4 mai, les habitants ont préféré la plage ou les cafés du village plutôt qu’une élection « qui ne sert à rien ».
Dans une région connue pour son faible taux de participation, la « tradition » à été respectée. Sur 1683 inscrits dans ce centre de vote situé dans les hauteurs d’Azzefoun, seuls 260 ont exprimé leurs voix vers 17h30, selon les chiffres du chef du centre, Rafik, rencontré sur place.
Désirant être identifié uniquement par son prénom, cet employé de l’APC a affirmé qu’il y a eu beaucoup plus d’électeurs dans la matinée mais que l’affluence a considérablement baissé l’après-midi.
A la sortie de l’école, répondant à la question s’il a voté, un jeune homme montre le doigt entaché d’encre. « J’ai voté blanc », a affirmé Bilal, 29 ans, ajoutant qu’aucun parti ne l’a convaincu.
Il a regretté e la présence de ministres, d’ex-ministres et de députés sur les listes du FLN: « Pourquoi ne laissent-ils pas la chance aux jeunes, à de nouvelles têtes ? ».
« J’ai donc voté pour l’Algérie. Pour ne pas avoir de regrets plus tard », a-t-il ajouté.
Adossé au mur de l’école avec des voisins, Hocine, un habitant du quartier juste en face, des maisons datant de l’époque coloniale, n’a pas voté. Il affirme que les autorités refusent depuis des années de lui délivrer des documents nécessaires pour apporter des modifications à son habitation.
« Et après, on me demande de voter ? Je ne vote pas ! », a martelé ce marin de 33 ans.
Le chef du centre, voulant minimiser le faible taux de participation, a affirmé dans la cour de l’école pratiquement vide: « Je pense que ça va augmenter d’ici la fermeture du centre à 19h ».
Pas si sûr. Plus bas dans le village, les habitants sont bien plus nombreux. Assis à une table et sirotant un jus, Kader, 53 ans, explique qu’il connaît certains des candidats sur les listes de Tizi Ouzou, tous des « mafieux » selon lui.
« Je les croise dans la rue, ils ne disent même pas bonjour. Comment voulez-vous que je vote pour eux ? », s’est-il emporté.
Le même son de cloches chez trois jeunes hommes assis à une autre table. « Ce sont des affairistes, des commerçants. Ils se portent candidats pour gérer des affaires et tout le monde en est conscient. C’est pour ça que personne ne vote », a affirmé Arezki, 29 ans, propriétaire d’un magasin de vêtements. Les deux autres, son frère et son cousin, acquiescent.
A la sortie du village en allant vers Béjaïa se trouve la plage « Le Petit Paradis ». Deux jeunes jouent au ballon sur le sable encore chaud aux alentours de 19 heures tandis que deux femmes s’essaient à la baignade dans une eau assez froide vu leurs réactions. Plus loin, des pêcheurs ont posé leurs cannes tandis que le soleil se couchait.
Parmi eux, Kheireddine est catégorique. Les législatives, tout comme la politique, ne servent absolument à rien en Algérie selon lui. « Il s’agit juste de donner des postes de travail à des incapables. Le législatif ne fait pas les lois de ce pays. C’est plutôt l’exécutif, Bouteflika et son gouvernement, qui s’en occupent », a expliqué ce sexagénaire.
« Personnellement, je préfère les poissons », a-t-il ironisé. Et d’ajouter : « D’ailleurs, vous devrez faire pareil. Pourquoi ne faites-vous pas plutôt un reportage sur la pêche ? ».