Les explications de cette «déferlante», plus prononcée que celle des législatives de 2002, tiennent d’abord au bilan jugé positif du gouvernement.
La cartographie politique pourrait connaître une évolution importante à l’issue des élections législatives du 4 mai prochain. Les sondages d’opinion «informels» sur les intentions de vote des Algériens commandés par des instances publiques, ainsi que par des cercles partisans convergent vers un succès remarquable du FLN au scrutin. Les chiffres des uns et des autres s’accordent à quelques points près, sur une victoire «surprenante» du parti majoritaire. En effet, selon les sondages réalisés à intervalles espacés et par des équipes différentes, les résultats donnent le FLN en tête avec des estimations variant entre 52 et 61%.
Les sondeurs qui ont posé un certain nombre de questions à des populations représentatives d’électeurs, révèlent que la majorité des sondés connaît une dizaine de formations politiques. En général, ce sont les plus anciennes et les mieux ancrées dans la société qui restent dans la mémoire des électeurs. Dans le lot, les citoyens reconnaissent aisément le clivage idéologique entre les familles politiques présentes sur la scène nationale. La suprématie du FLN passe pour une évidence parmi les Algériens concernés par l’enquête d’opinion.
Sa présence dans toutes les communes du pays est un fait admis par l’ensemble des sondés, dont plus de 90% affirment connaître au moins un militant du vieux parti. Ce qui n’est pas évident pour les autres formations politiques. En seconde position, vient le RND avec quelque 66% de sondés qui disent connaître un militant de ce parti. Les autres formations politiques viennent loin derrière. Les différents sondages signalent cette domination du FLN et pronostiquent donc une majorité absolue, avec le RND en «appoint». Les deux formations rafleraient les deux tiers des sièges de l’Assemblée populaire nationale.
Les explications de cette «déferlante», plus prononcée que celle des législatives de 2002, tiennent d’abord au bilan, jugé positif du gouvernement.
L’accès à l’eau, le relogement, la sécurité et la baisse du chômage reviennent dans les propos de plus de 70% des sondés. Les insatisfaits, minoritaires, se plaignent de l’absence de l’alternance au pouvoir et pointent la corruption comme principal fléau de la gouvernance actuelle. Il reste que les pour et les contre, reconnaissent la grande stabilité dont jouit le pays et affichent leur satisfaction du fait que l’Algérie ne soit pas tombée dans le piège du printemps arabe.
Cela étant, la force du couple FLN-RND tient à sa présence aux quatre coins du pays, mais aussi au soutien qu’il apporte au programme du président de la République. Cette donne pèse sérieusement sur le choix du vote des Algériens, dont plus de 54% disent voter pour l’un ou l’autre parce que ces deux formations sont proches du président Bouteflika. Beaucoup de sondés insistent à ce propos sur le poids du chef de l’Etat dans la poursuite des opérations de relogement malgré la crise financière. Le message présidentiel semble avoir été bien saisi par les Algériens.
La suprématie relevée par les différents sondages au profit du FLN et du RND tranche un peu avec la stagnation des autres forces politiques de la famille démocrate. Les partis qui reviennent le plus souvent dans les propos des sondés sont le FFS, le PT, le RCD, le FNA, AHD 54, le MDS et curieusement le Front El Moustakbel. D’autres formations sont citées, mais à un taux résiduel, à peine 4% des sondés affirment connaître 70% des partis participants aux législatives et 0,05% connaissent le nom des leaders de 12 partis démocrates.
L’ensemble de cette famille se partagera les 20% des voix, avec une légère progression au profit du PT et une reculade du RCD dans son fief. Le plus étonnant dans le sondage tient à la mouvance islamiste. Premier constat: les électeurs sondés ne reconnaissent que trois formations politique seulement. Plus de la moitié (53%) disent ne pas connaître le nom du nouveau parti de Abdallah Djaballah. Dans l’un des sondages effectuées après les «fusions», plus de 54% des sondés affirment ne pas bien saisir la démarche. En tout état de cause, le MSP marque le pas dans les intentions de vote et réalise un score étonnement décevant, moins de 3%, tandis que le parti de Abdallah Djaballah souffre de la méconnaissance du public. 68% des sondés ne parviennent pas à coller l’image de Abdallah au parti qu’il dirige et encore moins à la nouvelle formation issue de la fusion de son parti avec Ennahda et El Bina. En somme, lorsqu’on demande aux sondés de citer des noms de partis islamistes, ils évoquent le MSP, Ennahda et El Islah.