Leçons à retenir d’un rapport

Leçons à retenir d’un rapport

Le dernier rapport sur l’état des droits de l’homme dans le monde, confectionné par le ministère des Affaires étrangères américain est très instructif dans son chapitre consacré à notre pays. Le département d’Etat ne fait aucun amalgame et ne mentionne que des faits avérés, beaucoup sur la base même des rapports des différentes institutions nationales ou internationales reconnues. D’abord, ce rapport n’accuse pas, ensuite ne tire aucune conclusion. Il constate, c’est tout.

Il est surtout intéressant dans la mesure où il condense le travail fait par les institutions algériennes dans plusieurs domaines (politique, réformes, justice, corruption, droits de l’homme) durant les quatre dernières années et, dès lors, relève des remarques pertinentes sur les avancées comme sur les retards que l’Algérie accuse en matière de respect et de promotion des droits de l’homme. Il y a ainsi ce constat rageant que nous adresse la diplomatie de la première puissance mondiale, seulement militaire puisque l’Allemagne de Merkel est passée au premier plan de l’économie mondiale. L’Algérie, le gouvernement et les institutions républicaines ne font pas assez – ont-elles les moyens, sinon la volonté politique ? – pour la promotion des droits de l’homme. Les arrestations arbitraires, sans raisons valables, continuent et ne se justifient pas, selon le rapport américain, qui note le maintien, en dépit des lois en vigueur, dans notre système judiciaire de la détention provisoire.

C’est comme cela tout le long de ce rapport qui nous écorche, qui nous égratigne et met à rude épreuve tout ce qui est entrepris pour que réellement les droits de l’homme en Algérie soient une réalité. Hélas, le fossé, nous apprend ce rapport, est encore profond et souvent il se creuse dans certains territoires, en particulier dans l’univers de la presse, de la liberté d’expression, de se rassembler et de s’exprimer librement sur tout, même les sujets qui fâchent ou qui font désordre. Après tout, nous sommes dans une république démocratique et populaire, n’en déplaise à certains milieux politiques qui veulent faire taire les Algériens pour ensuite aller alimenter les plateaux TV étrangers sur «la dictature des démocraties populaires».

Non, le rapport du département d’Etat a ceci de constructif, il ne «rate » rien, depuis les législatives de 2012, la présidentielle de 2014 et son faible taux de participation, le cri de détresse d’Ali Benflis ou les chuchotements de l’opposition. Même les affaires de corruption, Chakib Khelil et la dissolution du DRS y sont mentionnés. Pour les «institutionnels » pourtant, c’est une petite encyclopédie des choses et des missions à réviser et à améliorer en prévision de la prochaine revue en 2017 pour que, d’ici là, les observations de la diplomatie (et des services de sécurité) américaine en matière de droits de l’homme, de bonne gouvernance sur l’Algérie soient moins rébarbatives et plus acceptables.

L’Algérie de 2017 n’est pas celle des années 1970, encore moins celle des années 2000. Nous sommes au 3ème millénaire et nos gouvernants comme nos institutions nous doivent une adaptation rapide au vaisseau de la modernité, de la liberté de conscience et de mouvement. Ils ne doivent plus donner de la matière à des officines étrangères pour ravaler notre dignité, alimenter notre mauvaise conscience ou pour nous culpabiliser. Surtout pas devant le gendarme du monde.